Vendredi 28 février – Les ratés de la compensation.
- Les vitres de deux voitures sont brisées à Grasse (Alpes-Maritimes) pour voler la carte de stationnement qu’elles affichaient, probablement pour les vendre.
- Les personnels des écoles du quartier de la Villeneuve, à Grenoble (Isère), dénoncent des moyens « encore plus réduits ici qu’ailleurs » pour les élèves handicapés.
- Le Finistère est en retard en matière d’accessibilité, estime un collectif associatif, les transports en zones rurales restant inadaptés et une centaine de places en Ulis manquant à l’appel.
- Bien que ce dispositif ne soit pas légal, les ministres de l’Éducation nationale et chargée des Personnes handicapées veulent déployer d’ici septembre 500 pôles d’appui à la scolarité remplaçant les PIAL.
- Une fausse policière escroque à Périgueux (Dordogne) une automobiliste octogénaire handicapée de près de 900€ en lui dressant un faux PV pour stationnement sur une place réservée.
- La mère d’un jeune homme devenu tétraplégique en août 2020 lors d’un passage à tabac à Lattes (Hérault) dénonce la lenteur de la procédure judiciaire alors que les agresseurs sont en liberté.
- Les spectateurs handicapés du concert d’Indochine au Galaxie d’Amnéville (Moselle) sont mis en danger par un vigile irrespectueux, chargé de la sécurité et employé par la salle.
Jeudi 27 février – Emploi/Allocations – Minimum social et retraite.
Deux bénéficiaires de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) sur trois continuent à la percevoir après leur mise à la retraite d’office à 62 ans ; ils représentaient, en 2020, 1,4% de la population française. C’est ce qui ressort d’une enquête de la DRESS (service statistiques des ministères sociaux) sur les retraités percevant l’un des minima sociaux. A partir de l’âge de 64 ans, la part d’allocataires adultes handicapés baisse nettement, d’abord divisée par 2 puis ne représente plus à 70 ans que 0,8% de la population. La moitié de ces retraités pour inaptitude au travail perçoivent un minimum social en complément de leur pension (53% à l’âge de 63 ans, 49% à 70 ans), et très peu de bénéficiaires de l’AAH à l’âge de 59 ans vivent par la suite uniquement avec leur pension de retraite ; en effet, le montant moyen de cette pension est de 556€ par mois pour ces allocataires. Ce constat confirme les difficultés rencontrées pendant les années d’activités professionnelles, notamment la plus faible rémunération et une carrière incomplète.
Mercredi 26 février – Cécité/Société – Un parfum pour dormir.
Le groupe Dans le noir lance une eau de parfum dédiée à l’intimité de la nuit. Elle a été conçue par Symrise, leader mondial parfums et arômes, et Suzy Le Helley, comme une plongée dans l’imaginaire du noir pour élaborer une « eau de parfum très sensorielle pour déclencher des gradations de sensations », explique Camille Léveillé, directrice de la branche parfum du groupe Dans le Noir. Ce parfum féminin qui « plaît aux hommes, ajoute-t-elle, vise le très haut de gamme, sans prendre le prix en compte. » Pour cela, le « jus » est coûteux, de même que le flaconnage du grand modèle au bouchon en forme de point d’interrogation, l’ensemble étant fabriqué en France. L’eau de parfum est actuellement commercialisée en ligne, et pourrait prochainement être vendue dans des parfumeries « de niche » proposant un atelier sensoriel de découverte, et des hôtels de luxe. Une gamme est à l’étude sur l’imaginaire autour de la nuit : crème de nuit, brume de nuit, etc. « On aimerait que des associations prennent ce parfum pour en faire un outil militant », conclut Camille Léveillé. Dans le noir ? eau de parfum, vaporisateur 30ml 69€, flacon 100ml 158€.
Mardi 25 février – Culture/Loisirs/Cécité – Portail du film audiodécrit.

A l’occasion de la remise du Marius de l’audiodescription, décerné par un panel de cinéphiles déficients visuels, la ministre de la Culture, Rachida Dati, annonce le lancement du Portail de l’audiodescription. Une « plateforme numérique dédiée aux publics en situation de handicap visuel, à leurs proches et aux professionnels du secteur. Ce nouvel outil développé par le ministère de la Culture a pour ambition de centraliser l’offre de films audiodécrits tout en valorisant une pratique essentielle à l’inclusion culturelle. » Il est censé comporter un catalogue de plus de 2.500 films audiodécrits avec liens directs vers des solutions de visionnage. Censé, parce que ce portail non sécurisé est bloqué par les protocoles de sécurité des navigateurs web qui renvoient une alerte de sécurité. [NDLR du 26 février : le portail Audiodescription est désormais consultable, mais non conforme aux règles d’accessibilité numérique] Pour sa part, le Marius à récompensé l’audiodescription élaborée par Méryl Goyard et lue par la comédienne Ouiza Ouyed du film Le Comte de Monte-Cristo, réalisé l’an dernier par Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière.
Lundi 24 février – Droits/Allocations/Emploi – AAH différentielle et retraite.
La Cour d’Appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) a jugé le 7 février qu’une retraitée devait bénéficier des abattements réglementaires pour calculer le montant de son Allocation Adulte Handicapé, dont la Caisse d’Allocations Familiales du Var n’avait pas tenu compte. « Or cette interprétation de la caisse ne repose sur aucune disposition légale ou réglementaire qui serait spécifique aux modalités de calcul du montant de l’allocation adulte handicapé différentielle mensuelle, alors qu’au contraire, il résulte du III de l’article R.821-4 précité que les ressources ainsi déterminées sont prises en compte pour calculer le droit à l’allocation adulte handicapé servie au titre de chaque période de douze mois, et par conséquent le montant de l’allocation adulte handicapé mensuelle. » Cette décision s’appuie sur celle de la plus haute judiciaire : la Cour de Cassation a rappelé dans une décision du 3 juin 2021 « Selon l’article R. 532-3 du code de la sécurité sociale, rendu applicable à l’allocation aux adultes handicapés par l’article R. 821-4, II, du même code, les ressources prises en considération pour l’attribution de l’allocation aux adultes handicapés s’entendent du total des revenus nets catégoriels retenus pour l’établissement de l’impôt sur le revenu. » Les CAF ne peuvent donc pas calculer une AAH différentielle sur la base du montant net à l’euro près des pensions de retraite, mais doivent retenir le Revenu Fiscal de Référence. Cet abus de droit découle d’une mauvaise interprétation d’une décision de la Cour de Cassation en date du 19 décembre 2019 rendue en faveur de la même plaignante, rétablissant le versement du Complément de Ressources de son AAH cumulée avec ses pensions de retraite.
Samedi 22 février – Les initiatives de la semaine.
- Amputé dans l’enfance de la main gauche, le marin chinois Jingkun Xu achève le tour du monde à la voile en solitaire en se classant 30e du Vendée Globe, au terme de 99 jours de navigation.
- Une professeure de lettres modernes privée de la parole explique comment, en s’appuyant sur la pédagogie Freinet et la « classe inversée », elle continue d’enseigner alors que l’administration de l’Éducation nationale voulait qu’elle abandonne.
- La cellule de signalement des actes à l’encontre des personnes majeures victimes ou vulnérables du Territoire de Belfort a traité 56 situations depuis sa création en 2023.
- Le Comité des femmes de l’Union internationale des aveugles lance jusqu’au 1er avril un appel à candidatures pour le Prix de l’autonomisation des femmes, décerné à une femme déficiente visuelle ayant un impact significatif dans l’autonomisation d’autres femmes.
- Les pompiers de Loire-Atlantique ont effectué l’an dernier 514 sauvetages d’ascenseurs en panne, dont 10% pour des personnes vulnérables, l’ensemble étant facturé 270.000€ aux sociétés de maintenance défaillantes.
- Le sénateur Philippe Bas, ancien ministre des Personnes handicapées qui avait mené tambour battant l’élaboration des décrets d’application de la loi du 11 février 2005, est nommé au Conseil Constitutionnel.
- Les ambulanciers conservent finalement le monopole du transport sanitaire des personnes handicapées que le Gouvernement voulait leur retirer.
Vendredi 21 février – Les ratés de la compensation.
- Une octogénaire tétraplégique depuis 20 ans et vivant en EHPAD à Coublevie (Isère) écrit au Premier ministre et à la présidente de l’Assemblée Nationale pour demander à être aidée pour mettre fin à ses jours, parce que « cette vie n’a plus de sens. »
- Des salariés de l’Adapei de l’Eure font grève et manifestent pour dénoncer le management toxique et par la peur de la nouvelle directrice générale dont ils demandent le départ, ainsi que celui de la présidente qui la soutient.
- Encore l’Adapei, mais de la Loire, où les personnels font grève pour réclamer les moyens de servir les résidents pour lesquels le budget n’a pas bougé depuis 10 ans alors que les prix ont nettement augmenté.
- A Vierzon et Bourges, ce sont les salariés de l’Entreprise Adaptée ALTEA (PEP du Cher) qui dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et un management brutal mettant leur santé en péril.
- L’ADMR Les Maisonnées retire à ses personnels la prime mensuelle dite Laforcade de 183€, accordée il y a trois ans, entraînant la grève des aides à domicile que la direction tente de briser en les faisant réquisitionner par les gendarmes.
- Le multi-médaillé Arthur Bauchet se plaint du nouveau système de classification du handiski alpin qu’il estime désavantageux, élaboré par un groupe de travail auquel participaient plusieurs de ses adversaires.
- Pontivy Journal (Morbihan) s’interroge sur le maintien dans cette ville de l’accessibilité d’une portion de rue dont les commerces desservis par une rampe d’accès ont fermé.
Jeudi 20 février – Emploi/Politique – L’IGAS veut étatiser.
Une mission de l’Inspection Générale des Affaires Sociales propose dans son rapport « La gouvernance de la politique d’emploi des personnes en situation de handicap » de la recentraliser entre les mains de l’État. La mission suggère de supprimer la convention liant l’État et une dizaine d’organismes nationaux (Agefiph, FIPHFP, France Travail, Chéops/Cap emploi, UNML/URML, CNAM/CARSAT, Régions de France, CNSA, MSA, Départements de France) tombés en désuétude au profit d’un pilotage confié aux ministres chargés de l’Emploi et du Handicap. Elle souhaite toutefois conserver la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) parmi les partenaires conventionnels afin de renforcer l’articulation entre le service public de l’emploi et les Maisons Départementales des Personnes Handicapées. La mission propose également de placer l’Agefiph sous tutelle de l’État en nommant dans son Conseil d’Administration un commissaire du Gouvernement à pouvoirs étendus. On apprend dans le rapport que cet organisme divise par trois son financement de la formation professionnelle adaptée, 96 millions d’euros en 2023 contre 33 millions prévus pour 2025. Le taux de chômage des travailleurs handicapés est presque double, 12% contre 7% pour les demandeurs d’emploi valides.
Mercredi 19 février – Culture/Santé – Second souffle.
Comment vivre en insuffisance respiratoire permanente ? C’est ce que relate Arthur Scanu dans un recueil de poésies écrit en hommage à son père qui affronte ce quotidien depuis nombre d’années. « Qui verra l’incendie / sous ta peau les braises encore incandescentes qui te brûlent / les racines encore chaudes sous ton thorax qui ne demandent qu’à repousser / et parfois les quelques pluies fines faites d’eau de gaieté qui te redonnent espoir ? » Parce que, malgré les souffrances de la maladie chronique, l’espoir est toujours là, et la joie, l’apaisement et l’amour. Libraire et poète, l’auteur ouvre à ses lecteurs une autre perception de la vie au contact d’un être aimé en souffrance. Second souffle, par Vincent Scanu, Éditions Bruno Doucey, 14€.
Mardi 18 février – Sports/Justice – Rugbyman violent condamné.
L’ex-lycéen qui avait pratiqué sur un adversaire un placage dit cathédrale a été condamné par le Tribunal Judiciaire de Tarbes (Hautes-Pyrénées) à 9 mois de prison avec sursis et 2.000€ d’amende. Lors d’un match dans cette ville opposant en décembre 2022 deux équipes lycéennes, ce geste dangereux et interdit par le règlement du rugby avait entraîné la tétraplégie de Mathias Dantin, alors âgé de 17 ans. Le tribunal a jugé l’auteur du placage entièrement responsable en ayant « délibérément choisi une action défensive, agressive et source de violence avec la prévision qu’il en résulterait une atteinte physique à la personne. » L’avocat du condamné, Pascal Nakache ex-défenseur des handi-activistes Odile Maurin et Kevin Fermine, a immédiatement annoncé faire appel. L’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS), présidée par le ministre de l’Éducation nationale, n’était pas poursuivie alors que le match s’était déroulé sous son égide. Le rugbyman condamné a pour sa part été interdit par la commission de discipline de la Fédération Française de Rugby de pratiquer ce sport.
Lundi 17 février – Éducation – Accompagnement à la cantine.
Un décret publié au Journal Officiel est censé régler l’accompagnement d’élèves handicapés pendant la pause méridienne, c’est-à-dire à la cantine. Il stipule que l’État prend financièrement en charge les personnels nécessaires, qui sont soumis aux règles de sécurité et de fonctionnement appliquées dans les lieux de restauration collective concernés. Les Accompagnants d’Élève en Situation de Handicap ne doivent s’occuper que des élèves concernés, sans servir à d’autres missions. Ces dispositions s’appliquent à compter d’aujourd’hui. Ce texte devrait régler durablement les difficultés créées par l’administration de l’Éducation nationale dans l’application de la loi du 27 mai 2024 attribuant à son ministère la responsabilité d’encadrer des élèves handicapés à la cantine et de prendre en charge les salaires des personnels nécessaires (lire Les ratés des 31 janvier 2025, 6 décembre et du 29 novembre 2024.)
Samedi 15 février – Les initiatives de la semaine.
- La présidente de l’Assemblée Nationale propose de supprimer le vote en séance par « assis-debout » qui empêche le député paraplégique Sébastien Peytavie de s’exprimer.
- Yann Jondot annonce se démettre de la fonction d’Ambassadeur national des (inexistants) ambassadeurs de l’accessibilité qu’il s’était auto attribué, pour se consacrer à la préparation de l’élection municipale de son village du Morbihan.
- L’Apesac demande l’intégration des hommes dans le dispositif d’indemnisation des victimes de la Depakine, médicament dangereux générant des séquelles handicapantes pour les nouveaux-nés.
- Un arrêté précise les modalités de consultation des associations préalablement à la mise en place du point d’accueil unique et de la signalétique dans les gares ferroviaires.
- Dans le Var, Cap Parents conseille et accompagne depuis l’automne dernier les parents ou futurs parents handicapés.
Vendredi 14 février – Les ratés de la compensation.
- Expérimental grâce au soutien de l’ARS, le centre d’éducation conductive de Bayeux (Calvados) risque de fermer dans deux ans faute de financement pérenne.
- 13 ans après être sorti paraplégique d’une intervention chirurgicale, un Valenciennois reçoit par décision du Conseil d’État seulement 1.000€ de dommages et intérêts pour « défaut d’information. »
- Le chômage des travailleurs handicapés a augmenté en Martinique de 5,8% au premier trimestre 2024, alors qu’il a baissé pour les autres demandeurs d’emploi.
- Une maman ligérienne dénonce les formalités à répétition qui lui sont imposées et les oppositions de dispositifs de prise en charge mal conçus.
Mercredi 12 février – Manifestation – Gestionnaires contre activistes.
Parmi les nombreux événements célébrant le 20e anniversaire de la loi du 11 février 2005, les associations nationales gestionnaires et de défense des droits regroupées dans le Collectif Handicaps ont manifesté lundi soir à Paris, place de République, sous la pluie et dans le froid. Si nombre d’articles de presse relatent ce rassemblement revendico-festif, un seul évoque la présence du groupe activiste Les Dévalideuses. Ces militant(e)s antivalidistes n’étaient pas attendu(e)s, et ont dû rester à l’écart, sous la menace : « Leur présence dénote, et déplaît, rapporte Elsa Maudet dans Libération. Un organisateur leur demande de quitter les lieux, faute de quoi il devra, indique-t-il, faire appel aux camions de CRS parqués pas loin. » Une étrange conception de la liberté d’expression, qui a eu raison des activistes : « La manifestation se poursuivra sans les militants validistes, conclut la journaliste, dans une ambiance joviale et avec la promesse que d’autres actions suivront. » Mais certainement sans inclure les activistes antivalidistes…
Mardi 11 février – L’intox de la semaine.
20 ans après que ses parlementaires ont voté contre, au Sénat comme à l’Assemblée Nationale, le Parti Socialiste célèbre le 20e anniversaire de la loi du 11 février 2005 dans un communiqué signé par son premier secrétaire, Olivier Faure. « L’accessibilité demeure un objectif inachevé […] Les obligations d’accessibilité sont fréquemment repoussées, et leur mise en œuvre varie considérablement d’un territoire à l’autre », ose-t-il écrire, oubliant que l’on doit au président socialiste de la République, François Hollande, et ses gouvernements socialistes alors au pouvoir, le report de 10 ans de l’échéance initiale d’accessibilité à tout pour tous du cadre bâti et des transports, et la destruction de ce concept par la création d’Agendas d’Accessibilité Programmée non contrôlés et sanctionnés. Et si Olivier Faure et les deux cosignataires rappellent que « le taux de pauvreté et le taux de chômage demeurent deux fois plus élevé que la moyenne nationale », ils oublient, pendant le quinquennat Hollande, la baisse du pouvoir d’achat de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) et des pensions d’invalidité ainsi que le détournement de 203 millions d’euros d’aides à l’emploi de travailleurs handicapés.
Mardi 11 février – L’humeur d’Agnès.
Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…
Ce mardi 9 novembre 2010
Comme disait Prévert : « Je peins malgré moi les choses cachées derrière les choses ! »
(le peintre dans le Quai des brumes, film réalisé par Marcel Carné, 1938)
Lundi 10 février – Vie Autonome/Santé – Loi SLA définitivement adoptée.
La proposition de loi d’amélioration de la prise en charge de la sclérose latérale amyotrophique et d’autres maladies évolutives graves a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale sans modifier le texte adopté par le Sénat le 15 octobre dernier. La nouvelle loi, applicable dès sa promulgation et publication au Journal Officiel, organise la détection et le traitement prioritaire rapide des demandes de compensation du handicap pour les personnes diagnostiquées de l’une des maladies concernées. Celles-ci seront déterminées par arrêté ministériel, avec comme condition l’évolution rapide de la pathologie. La prise en charge sera également ouverte aux malades ayant dépassé l’âge barrière de 60 ans, la Prestation de Compensation du Handicap étant mieux adaptée à la prise en charge des personnes concernées que l’Allocation Personnalisée d’Autonomie attribuée aux personnes âgées. La nouvelle loi constitue un palliatif aux lacunes et errements d’application de la loi du 11 février 2005 entraînant des délais élevés, dépassant fréquemment les 12 mois pour obtenir une réponse en matière de PCH aides humaines comme techniques. Ce texte de loi avait été présenté et défendu par le sénateur Gilbert Bouchet, atteint par la SLA, paralysé et sous assistance respiratoire. Lire en Éditorial.
Dimanche 9 février – La perle de la semaine.
Quand le président de la République a annoncé, lors de la Conférence Nationale du Handicap du 26 avril 2023, le prochain remboursement intégral des fauteuils roulants, il ne connaissait pas leur prix élevé, révèle le député paraplégique écologiste Sébastien Peytavie : « Il fait une annonce du remboursement intégral des fauteuils, mais à la surprise de tout le monde, relatait-il hier sur France Culture dans l’émission Sens Politique, à la 26e minute. Quand je vais le voir, une personne en fauteuil électrique à côté de moi, il commence en disant moi je tiens toujours mes promesses et il me demande le coût de mon fauteuil et celui de la personne à côté. On lui dit pour mon fauteuil 8.500€ et celui de ma voisine 20.000€, il répond Ah ! C’est si cher. Et donc je comprends qu’il fait une annonce sans savoir de quoi il parle. » Le député poursuit en évoquant l’adoption le 3 décembre dernier de sa proposition de loi relative au remboursement intégral : « Quand un texte passe à l’Assemblée, quand il est adopté à l’unanimité en commission, avant le passage dans l’hémicycle le Gouvernement arrive et on commence à négocier. Là, les administrateurs [de l’Assemblée Nationale] m’ont dit que pour la première fois il n’y a eu aucune nouvelle du ministère. Ils ont donné [le Gouvernement] un avis de sagesse, mais sans dire qu’ils étaient d’accord, mais en fait on avait un point de désaccord très important. » Sébastien Peytavie redoute l’instauration par décret de prix limite de vente : « J’espère que les montants seront à la hauteur, sinon ce sera une très grosse escroquerie. »
Samedi 8 février – Les initiatives de la semaine.
- Le navigateur Damien Seguin se classe 15e des 40 concurrents du Vendée Globe, tour du monde en solitaire et sans assistance sur monocoque Imoca, en 4 jours de plus qu’en 2021 (lire cet article).
- Seul équipement adapté aux handisportifs construit à l’occasion des Jeux Paralympiques de Paris, le centre omnisports Prisme ouvre au public à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
- La ministre chargée des Personnes handicapées incite les préfectures et ARS à célébrer par diverses actions de communication les 20 ans de la loi du 11 février 2005.
- Le premier adjoint à la mairie de Paris annonce la réservation de la voie gauche du boulevard périphérique aux véhicules avec au moins deux passagers, transports collectifs, taxis, véhicules de secours ou affichant une CMI stationnement.
- Le secrétariat général du CIH recrute un(e) stagiaire pour, entre autres, « Aider à la mise en oeuvre de la politique publique sur la CAA. »
- Un jeune entrepreneur de Mayenne a créé une entreprise de peinture pour employer sa mère atteinte d’un cancer, des seniors et des travailleurs handicapés, et face au succès en rachète une autre.
Vendredi 7 février – Matériels – Arrêté réformant la nomenclature des fauteuils roulants.
Le Journal Officiel publie un arrêté ministériel réformant la classification des Véhicules pour Personnes Handicapées (VPH) communément appelés fauteuils roulants. Ce texte technique annoncé hier par le président de la République liste les différents types d’engins en fonction de leur catégorie, ouvre certains matériels à la location longue durée et définit les modalités de prescription déterminant les prises en charge. A cet égard, la procédure semble similaire à la pratique actuelle. Ce texte ne précise pas les modalités de remboursement et ne détermine pas la tarification des VPH. Il fixe en revanche un délai pour un renouvellement : « La prise en charge est assurée tous les 5 ans, pour les patients de plus de 16 ans et de tous les 3 ans pour les enfants de moins de 16 ans. » Un tel délai n’existe pas dans la réglementation actuelle.
Vendredi 7 février – Les ratés de la compensation.
- Les personnels de l’Agefiph font grève pour protester contre la baisse des effectifs et la dégradation des conditions de travail alors que la direction propose une actualisation des salaires de moins du tiers de la hausse des prix.
- Pendant que l’Agence du Service Civique suspend tous les nouveaux contrats de bénéficiaires, la Déléguée Interministérielle à l’Accessibilité en vante le recrutement comme Ambassadeurs de l’Accessibilité.
- Le gérant d’une société de construction de La Réunion est définitivement interdit de gérer une entreprise après un accident de chantier ayant entraîné la paraplégie de l’un de ses employés.
- La nouvelle Stratégie nationale pour l’architecture pour 2025 à 2029 oublie, tout comme la précédente, d’intégrer la formation des élèves architectes à l’accessibilité.
- Le père septuagénaire d’une jeune femme multi-handicapée morte de délaissement à Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne) écope de cinq ans de prison avec sursis, plus de huit ans après les faits.
- Le ministère chargé des Personnes handicapées publie la même réponse aux questions de sénateurs concernant la situation dégradée des MDPH des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis.
Jeudi 6 février – Matériels/Politique – Annonce du remboursement des fauteuils.
Le président de la République annonce sur le réseau social TikTok le remboursement intégral des fauteuils roulants de vie quotidienne et sportifs à compter du 1er décembre : « Dès demain la liste de tous les fauteuils qui seront pris en charge va sortir sur Legifrance. » On en déduit que tous les matériels vendus en France ne seront pas remboursés. « Pour les fauteuils plus spécifiques, poursuit-il, en fonction de la nature du handicap, mais aussi pour nos para athlètes, pour les jeunes qui veulent faire du sport, pour les spécificités que le médecin peut demander pour le fauteuil, là aussi il y aura au maximum en 2 mois une réponse qui sera faite pour une prise en charge. » Le système dont les modalités restent à préciser reposera entièrement sur l’Assurance Maladie et l’entente préalable, le demandeur n’ayant plus à saisir la Maison Départementale des Personnes Handicapées pour solliciter la Prestation de Compensation du Handicap aides techniques. Par ailleurs, le dossier diffusé à la presse comporte des éditoriaux de 3 associations, APF France Handicap, AFM-Téléthon et Paralysie Cérébrale France, établissant ainsi une connivence avec le pouvoir politique sur ce sujet. On note également que le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) n’a pas été saisi, et que le Gouvernement ignore délibérément la proposition de loi adoptée à l’unanimité par les députés le 3 décembre 2024.
Mercredi 5 février – Logement – Rapport de la Fondation Abbé Pierre.
Renommée Fondation pour le logement des personnes défavorisées pour effacer le nom de son fondateur agresseur sexuel, l’organisation met en évidence dans son rapport annuel sur le mal-logement présenté hier la situation très dégradée des personnes handicapées. Demander un logement social adapté réduit de 14 % les chances de l’obtenir, et les délais de première réponse sont fortement allongés, dépassant 5 ans pour le quart des demandeurs handicapés contre 12% pour la population générale. Dans le parc privé, de nombreux propriétaires excluent les pensionnés d’invalidité, les bénéficiaires de l’Allocation Adulte Handicapé ou du fait même de conséquences supposées du handicap, ce qui constitue un délit. La Fondation demande notamment l’abrogation de l’article de la loi Elan ramenant à 20% la part de logements neufs adaptés dès la construction, l’augmentation de l’AAH au niveau du seuil de pauvreté monétaire et l’obligation de former les architectes aux besoins spécifiques, disposition absente de la toute nouvelle stratégie nationale pour l’architecture dévoilée par la ministre de la Culture. Partenaire du rapport de la Fondation ex-Abbé Pierre, Handi-Social publie un rapport complémentaire analysant la situation et formulant des propositions.
Mardi 4 février – Logement – Mieux vaut Létard que jamais.
Interrogée au sujet du rapport sur le logement évolutif réalisé en 2023 par l’Inspection Générale de l’Environnement et du Développement Durable (IGEDD) et gardé confidentiel par ses prédécesseurs (lire cette enquête), l’actuelle ministre du Logement, Valérie Létard, s’est engagée à le sortir : « Sur le rapport, vraiment notre idée c’est de faire en sorte qu’il soit publié ce trimestre. En tous cas, je m’y attellerai pour que derrière nous puissions regarder ça et avoir effectivement un rendu en tout transparence. » Ce rapport avait déplu, traité de « militant » par le conseiller ministériel en charge du sujet qui avait envisagé d’en faire rédiger un autre par l’administration. Il mettait en évidence le coût élevé des travaux dits simples pour transformer un logement construit évolutif pour l’adapter à un occupant handicapé moteur. Toutefois, les promoteurs immobiliers font essentiellement concevoir des appartements adaptés, à l’exception notable des espaces extérieurs (balcons, loggias, terrasses) systématiquement desservis par un seuil élevé pouvant atteindre 22 centimètres et les rendant inaccessibles. Téléchargez sans attendre sa publication officielle le rapport IGEDD d’octobre 2023.
Mardi 4 février – La perle de la semaine.
Le président du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH), Jérémie Boroy, a présenté 10 propositions issues d’une consultation publique visant à améliorer le soutien aux personnes concernées. Parmi elles, l’une a fait rire le public, « Réconcilier les Français avec leur Maison Départementale des Personnes Handicapées qui doit rester leur alliée pour accéder à leur droits », et une autre apparaît ésotérique : « Doter les Français de super pouvoirs avec les aménagements raisonnables. » Cerise sur le gâteau, Jérémie Boroy a réussi à imposer au CNCPH la mise « en oeuvre d’un plan ‘Notre Dame’ de l’accessibilité » pour mettre fin à l’inaccessibilité, une idée qu’il a popularisé en effectuant un tour de France de réunions publiques. Tout en oubliant qu’il a conseillé de 2013 à 2017 les deux ministres socialistes chargées des personnes handicapées lors de l’élaboration de la réforme par ordonnance de l’accessibilité à tout pour tous accordant 10 ans de délai supplémentaire, supprimant l’accessibilité de l’intégralité de la chaîne du déplacement et créant les Agendas d’accessibilité programmée (Ad’Ap) dont le résultat est que « Personne n’y comprend rien. »
Lundi 3 février – Culture/Cécité – Aveugles et résistants.
Les éditions de l’Histoire republient l’ouvrage écrit par Charles Davin en 1953, Les aveugles dans la Résistance. Il relate succinctement l’engagement de la moitié des 120 femmes et hommes très malvoyants ou aveugles qui ont résisté à l’occupant Allemand et au régime collaborationniste de Vichy de 1940 à 1945. On y apprend que la commisération et la pitié envers les personnes aveugles a permis à quelques-unes de passer au travers de contrôles militaires ou de police alors qu’elles transportaient des armes ou du matériel de propagande. Mais que cela n’a pas empêché que deux de ces résistants soient fusillés et six autres déportés en camps de concentration. On regrettera toutefois le style de rédaction de l’ouvrage, assez enfantin et qui a mal vieilli, ainsi que le parti-pris discutable de donner des prénoms fictifs aux résistants cités ; c’est ainsi que Jacques Lusseyran (dont l’action est nettement minorée) se retrouve prénommé André, et que Louis Adam, fusillé le 16 juin 1944, est affublé du prénom Marc-Henry. Malgré ces maladresses, l’ouvrage met en lumière l’engagement de citoyens privés de la vue dans le combat pour libérer leur pays de l’oppression du régime nazi et de son allié pétainiste. Les aveugles dans la Résistance, par Charles Davin, Éditions de l’Histoire, 18,50€ chez l’éditeur. Charles Davin, devenu aveugle en 1919, a fondé en décembre 1945 l’Union des Aveugles de la Résistance.
Samedi 1er février – Les initiatives de la semaine.
- Linda Ventura, fille handicapée mentale de l’acteur Lino Ventura qui l’avait conduit à créer la Fondation Perce-Neige et à créer des établissements d’accueil, est décédée à l’âge de 66 ans.
- La Nouvelle Calédonie crée un diplôme d’université Handicap, inclusion et management, formation d’une durée de 111 heures étalées sur 7 mois.
- Une plateforme de prêt de matériel de compensation est créée pour les travailleurs handicapés de Bourgogne Franche-Comté afin de leur fournir rapidement fauteuils ergonomiques, claviers spécifiques, solutions technologiques, etc.
- Un travailleur sourd d’une société de services à la navigation fluviale de Saint-Jean-de-Losne (Côte d’Or) forme des collègues à la langue des signes pendant la pause de midi.
- Près d’Angoulême (Charente), la crèche Les Petits Pieds accueille 6 enfants handicapés sur les 45 places agréées, et dispose de salles de motricité, sensorielle et kiné afin de recevoir des professionnels de santé.
- Le projet Acces.Libre.Tourisme obtient le premier prix du hackhaton handitourisme organisé en janvier par la DGE, devant Séjour Accessible, deux réalisations présentées dans ce reportage.