Chaque mi-novembre sonne la mobilisation en faveur de l’emploi des personnes handicapées. LADAPT et l’Agefiph organisent une semaine dédiée, la première se voulant européenne, la seconde restant franco-française. Au programme, débats sur l’insertion professionnelle, job-datings, discours sur le nécessaire « changement de regard », reportages, papiers de presse… En pratique, quelques chômeurs ou jeunes handicapés à la recherche de leur premier emploi vont trouver du travail : combien, on ne le sait jamais faute de suivi.

Cette Semaine pour l’emploi est également une occasion pour les ministres de vanter leur action. Certes, il y avait, fin juin dernier, près de 500.000 travailleurs handicapés en recherche d’emploi, soit 65% de plus qu’au début du quinquennat de François Hollande. Dans la même période, les aides mobilisables auprès des deux fonds d’insertion professionnelle Agefiph et FIPHFP ont fondu alors que le Gouvernement actuel les a ponctionnées de 203 millions d’euros pour financer autre chose que l’emploi et la formation des travailleurs handicapés. En pleine crise de l’emploi des personnes handicapées, le Gouvernement a délibérément décidé de réduire les moyens financiers affectés aux aides en leur faveur : vous avez du mal à marcher, pour vous « aider » on vous enlève une béquille !

Alors que reste-t-il à la ministre du Travail et de l’emploi, Myriam El Khomri ? Le compte personnel d’activité et l’emploi accompagné. Le premier est la nouvelle usine à gaz que l’Etat veut mettre en oeuvre pour que chaque salarié gère ses droits à la formation professionnelle, droits augmentés pour les travailleurs handicapés, sauf que cela concerne les personnes qui ont un emploi ou viennent de le perdre. Et ne réglera donc pas la situation des 80% de chômeurs handicapés non diplômés, qui ont besoin d’une formation qualifiante de longue durée, laquelle n’entre pas dans le cadre du nouveau CPA qui sera développé sans moyens supplémentaires, par simple redéploiement des crédits de la formation professionnelle.

Quant à la secrétaire d’État aux personnes handicapées, Ségolène Neuville, il lui revenait de promouvoir sa nouvelle pierre philosophale, l’emploi accompagné. Cette nouvelle action consiste à encadrer un travailleur handicapé afin que les difficultés qu’il peut rencontrer soient traitées par un tuteur ou un organisme agréé. Toutefois cette « innovation » ne concernera au mieux, que 500 personnes, essentiellement des sortants d’Etablissements et Services d’Aide par le Travail selon les termes de la loi. De ce fait, le déploiement de l’emploi accompagné ne permettra qu’à la marge d’intégrer de nouvelles personnes handicapées en milieu ordinaire de travail. Sans réduire significativement le chômage de 500.000 travailleurs handicapés chaque jour davantage livrés à eux-mêmes sans espoir de changement…

Laurent Lejard, novembre 2016.

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