Samedi 31 mai – Les initiatives de la semaine.
- Ministre déléguée aux personnes handicapées en 2023-24, Fadila Khattabi se lance pour le parti macroniste Renaissance à la conquête de la mairie de Dijon, ville qu’elle avait abondamment arrosée pendant son mandat ministériel.
- Une coiffeuse d’Île-de-France a créé un salon mobile dans un fourgon afin de proposer à des enfants handicapés mentaux ou psychiques un cadre adapté et une prestation bienveillante.
Vendredi 30 mai – Les ratés de la compensation.
- Le « chef de clan » tétraplégique depuis 22 ans du Petit Bar, Jacques Santoni, est condamné à 1,5 million d’euros d’amende et 13 ans de prison avec mandat d’arrêt puisqu’il n’était pas présent au procès, ses défenseurs affirmant que son état est incompatible avec la détention bien qu’il ait été emprisonné en 2013 puis 2021.
- Lassés que l’Ulis soit confiée à un professeur non formé, les parents d’élèves de l’école Jacques-Brel, à Saint-Père-en-Retz (Loire-Atlantique), réclament la nomination d’un enseignant diplômé pour les enfants du dispositif Ulis.
- Il aura fallu 9 ans à la justice pour condamner les auteurs du viol collectif d’une jeune femme handicapée intellectuelle commis à Montpellier (Hérault) par 3 zadistes, dont un en cavale.
- L’Union Nationale des CCAS rejette la proposition gouvernementale de supprimer le caractère obligatoire des Centres Communaux d’Action Sociale constituant « une menace grave pour l’action sociale de proximité. »
- Si le renouveau des trains de nuit est un succès auprès des voyageurs, ceux qui sont handicapés n’y participent pas du fait de l’inaccessibilité des wagons et de l’absence de service d’assistance en gare.
- A Menton (Alpes-Maritimes) « la question du handicap n’intéresse pas la mairie, car ça ne rapporte rien. Il n’y a aucun intérêt électoral à se bouger », déplore la présidente de l’association Handiway.
- Du fait du montage financier particulier de la location de leurs locaux, les Ateliers pour la réinsertion professionnelle des personnes handicapées de Tahiti doivent payer l’impôt sur les sociétés, avec plusieurs années de rétroactivité.
Mercredi 28 mai – Accessibilité/Transports – ZFE et stationnement payant.
Les députés ont adopté l’article 15 Ter du projet de loi de simplification de la vie économique supprimant les Zones à Faible Émission (ZFE) créées depuis 2019. Dans celles-ci, les véhicules à moteur thermique sont progressivement interdits au profit de ceux à motorisation électrique ou hybride classés Crit’Air 1. Si cette suppression est maintenue au terme de l’examen du projet de loi par le Parlement, elle entraînera celle de la base nationale d’enregistrement de plaques d’immatriculation des véhicules dérogataires, dont ceux transportant des personnes handicapées. Par contrecoup, ces dernières seront alors pénalisées puisque cette base de données devait être utilisable par les communes et intercommunalités employant, généralement sans respecter la législation, des lecteurs automatiques de plaque d’immatriculation (LAPI) dit « sulfateuses à PV » pour réprimer le non-paiement du stationnement payant. D’une part, l’élaboration de cette base de données a pris beaucoup de retard (lire l’actualité du 28 octobre 2022), et d’autre part elle est devenue facultative selon la Délégation Ministérielle à l’Accessibilité dans sa dernière lettre d’information : « Dans le cadre du projet de contrôle automatisé des zones à faibles émissions, le dispositif « CMI Mobilités » a été développé afin de prendre en compte les droits des bénéficiaires d’une carte mobilité inclusion « stationnement » (CMI-S) en cas de contrôle des véhicules reposant sur la lecture de leur plaque d’immatriculation. Ce dispositif pourra être utilisé pour le contrôle du stationnement payant par les collectivités territoriales qui le souhaitent. »
Mardi 27 mai – L’humeur d’Agnès.
Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…
Je donne raison à Victor Hugo qui considérait les pêcheurs comme le noble petit peuple de la mer.
L’homme est en mer. Depuis l’enfance matelot,
Il livre au hasard sombre une rude bataille.
Pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut qu’il aille,
Car les petits enfants ont faim. Il part le soir,
Quand l’eau profonde monte aux marches du musoir.
Il gouverne à lui seul sa barque à quatre voiles.
La femme est au logis, cousant les vieilles toiles,
Remaillant les filets, préparant les hameçons,
Surveillant l’âtre où bout la soupe de poisson,
Puis priant Dieu sitôt que les cinq enfants dorment.
Lui, seul, battu des flots qui toujours se reforment,
Il s’en va dans l’abîme et s’en va dans la nuit.
Dur labeur! tout est noir, tout est froid; rien ne luit.
Lundi 26 mai – Parents/Loisirs – Servir de leçon de vie ?
Jo est un petit garçon qui vit avec une seule jambe, un peu logique pour un pirate, non ? Il évite les requins aux cent-mille dents, échappe aux crocodiles sur son bateau du jardin d’enfants. Et voilà une fillette qui l’interpelle « T’as rien qu’une jambe ! » Et de lui demander pourquoi il est comme ça… D’autres enfants arrivent et s’interrogent, son autre jambe est-elle tombée, a-t-elle été volée, mangée par un million de lions ? Tous vont finalement rejoindre Jo le pirate sur son terrain de jeux pour triompher des crocodiles. Cette histoire illustrée explique aux petits enfants qu’ils ne sont pas tous pareils, tout en jouant et étant heureux ensemble. Elle est complétée d’une page plus pédagogique pour établir la discussion entre parents et enfants, et leur donner quelques clés de compréhension du vivre ensemble, pour « que votre enfant sache que les personnes handicapées sont des personnes comme les autres, qui vivent pleinement et qui ne cherchent pas à servir de leçon de vie. » Elle est où ta jambe ? écrit James Catchpole et crayonné gouaché par Karen George, éditions D’eux, 18€.
Samedi 24 mai – Les initiatives de la semaine.
- Le ministère de la Culture publie le guide Une culture accessible à toutes et tous dispensant « des conseils simples et pratiques pour faciliter les expériences culturelles des personnes avec un ou des troubles du neurodéveloppement (TND). »
- Un prototype de mobil-home adapté de loisirs de 50m² est présenté à Dinard (Ille-et-Vilaine), comportant 3 chambres et destiné aux campings.
- L’association C’Riedi, de Riedisheim (Haut-Rhin), veut fabriquer avec des imprimantes 3D des prothèses de main destinées à des enfants nés agénésiques.
- Le Centre Hospitalier de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) ouvre des lignes dédiées aux prises de rendez-vous des personnes handicapées pour faciliter et organiser leur venue.
- Après des mois de silence et d’atermoiements, le concessionnaire Citroën de Béziers (Hérault) retrouve, remet en état et livre à une septuagénaire handicapée, après qu’elle a médiatisé l’affaire et déposé plainte pour escroquerie, la C3 électrique qu’elle avait commandée.
- Une école de commerce de Lyon (Rhône) annonce le lancement à la rentrée de septembre d’un cursus de formation adapté aux jeunes porteurs de trisomie 21 ou de troubles du spectre autistique.
Samedi 24 mai – Logement – Loi ELAN, le ministère s’explique.
Le ministère du Logement justifie la remise aux parlementaires et au Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) d’un vrai-faux rapport sur l’impact de la réforme ELAN du 23 novembre 2018 (lire plus bas au 23 mai). « Les ministres Klein et Béchu avaient missionné en octobre 2022 l’Inspection générale de l’Environnement et du Développement durable (IGEDD) afin que leur soit remis un rapport d’évaluation à la date du 1er juillet 2023. Ce rapport n’a pas été jugé satisfaisant à l’époque. La rédaction du rapport sur l’évaluation de l’application du logement évolutif a été reprise par le ministère (DHUP) en tenant compte d’un certain nombre d’éléments de l’étude menée par l’IGEDD mais aussi d’autres éléments. Surtout, le rapport se concentre, comme le demande la loi, uniquement sur l’évaluation de l’application du logement évolutif. » Ces arguments apparaissent toutefois fallacieux : le rapport IGEDD consacrait 47 pages d’analyse fouillée aux modalités et mise en oeuvre du logement évolutif, contre 5 au contenu flou dans le nouveau rapport du ministère, et ce dernier consacre 3 pages à des actions gouvernementales sans rapport avec ledit logement évolutif. C’est pourtant ce rapport (complété d’une vingtaine de pages de remplissage pour faire masse) qui a été transmis au Parlement fin avril, sans ces explications.
Vendredi 23 mai – Les ratés de la compensation.
- Absent à l’audience, l’ancien champion para cycliste aveugle Patrice Senmartin est condamné à 4 ans de prison pour agressions sexuelles commises dans le cadre de sa profession d’ostéopathe, le tribunal délivrant un mandat d’arrêt à son encontre.
- Unanimes profite du festival du cinéma à Cannes (Alpes-Maritimes) pour revendiquer davantage de projections avec sous-titrage adapté, à Cannes et partout en France.
- Grève au Groupe Hospitalier Est Réunion, à Saint-Benoît (La Réunion), pour protester contre des mutations maltraitantes de travailleurs handicapés, déplacés sans tenir compte de leurs inaptitudes et contraintes médicales.
- Le signalement des maltraitances risque d’être désorganisé du fait de sa prochaine réforme, déplore la Fédération Alma qui gère avec ses antennes départementales le numéro national 3977.
- Le président de Chrysalide, association de soutien aux enfants et aux jeunes handicapés et leurs familles des Pyrénées-Atlantiques, déplore des stratagèmes de l’Éducation nationale et des propos d’enseignants refusant l’inclusion scolaire.
- Le nouveau test des qualités physiques des enfants et adolescents exclut les élèves handicapés, de facto écartés de la politique publique des 30 minutes d’activités physiques quotidiennes, constate un chercheur en EPS.
- L’accueil téléphonique des personnes handicapées à la MDPH des Hauts-de-Seine est fermé du fait d’une cyberattaque bloquant le système informatique, 25 mois après une attaque similaire.
- A Saint-Cyprien (Dordogne), la transformation d’une place de stationnement réservé en terrasse de restaurant suscite l’incompréhension, le maire promettant d’en créer une nouvelle un peu plus loin « dès qu’on aura 5 minutes. »
- Outre une bonne dose de langue de bois, on apprend dans cet article complaisant que l’accessibilité culturelle de Bourges 2028 est renvoyée à des chartes facultatives, et son coût couvert par des mécènes comme au siècle dernier (lire cet article).
Vendredi 23 mai – Logement – Létard publie un fake.
Lors de la présentation publique en février dernier du rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement, la ministre Valérie Létard avait annoncé la publication imminente du rapport sur la mise en oeuvre du logement évolutif institué par l’article 64 de la loi ELAN : « Sur le rapport, vraiment notre idée c’est de faire en sorte qu’il soit publié ce trimestre. En tous cas, je m’y attellerai pour que derrière nous puissions regarder ça et avoir effectivement un rendu en tout transparence. » Elle vient de respecter sa promesse, mais en substituant au rapport remis au Gouvernement en octobre 2023 (lire cette analyse) un second rapport élaboré par l’Administration : un ersatz vide d’informations et de données consacrant au logement évolutif seulement 5 pages (au texte très aéré) sur 27, comportant une section entière dédiée à l’époustouflante action gouvernementale dans ce domaine, le reste étant du remplissage. Ce faux rapport téléchargeable rédigé par la DHUP, qui ne s’est même pas donné la peine de masquer sa mauvaise volonté, a été relu et validé par l’un des conseillers du cabinet de Madame Létard, Romain Bordier ; ce vrai faux rapport d’évaluation du logement évolutif est donc à la main de la ministre, qui l’a mis à la disposition des parlementaires. Reste à savoir combien d’entre eux seront abusés par cette opération de désinformation…
Jeudi 22 mai – Tourisme – Les VAO en danger ?
Le Conseil National des Loisirs et du Tourisme Adapté (CNLTA), qui fédère 64 organisateurs de Vacances Adaptées Organisées, publie le livre blanc Co-construire l’avenir des vacances adaptées : un enjeu de société. Élaboré en réponse à l’incendie dramatique le 9 août 2023 d’un gîte clandestin à Wintzenheim (Haut-Rhin) dans lequel ont péri 10 vacanciers handicapés mentaux et 1 animateur, il vise à rétablir la confiance dans ce type de séjour adapté en régression de 20% depuis 2019 et l’impact négatif de la crise sanitaire sur ce secteur qui injecterait 60 millions d’euros de retombées dans l’économie locale. Si l’indice de satisfaction serait de 80%, « nous estimons que les VAO sont en danger », alerte le président du CNLTA, René Moullec, relevant des difficultés de recrutement d’encadrants et une inflation des coûts menaçant l’accessibilité des séjours. Ceux-ci coûtent en moyenne près de 1.400€ la semaine, hors transport, tarif nettement plus élevé que pour des produits comparables. Le Conseil formule 22 propositions organisationnelles et de simplification administrative. Il organisera un colloque national en novembre prochain.
Mercredi 21 mai – L’autre galéjade de la semaine.
L’assemblée plénière du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) doit donner demain un avis favorable à un projet d’arrêté dont le texte n’a pas été communiqué aux membres ! S’ils ont bien reçu une convocation à cette plénière qui se tiendra à la fois en présentiel à Paris et en visioconférence, elle est accompagnée de la première version de l’arrêté relatif aux règles de sécurité incendie dans les habitats inclusifs et pas de sa révision à la suite d’un premier avis défavorable (lire La perle du 27 janvier 2025). Sur le fond, la commission CNCPH Accompagnement des personnes conteste, dans son second avis rédigé le 16 mai (téléchargeable au format PDF), d’importantes dispositions : elle estime que seuls les habitats inclusifs en immeubles collectifs doivent disposer d’une sécurité incendie renforcée, dont elle conteste d’ailleurs les modalités (détecteurs de fumée reliés entre eux, baie ouvrant vers l’extérieur pour évacuation par les pompiers, fermeture automatique des portes pare-feu…). Cette commission souhaite que le « protocole d’évacuation [soit] travaillé avec les habitants » ce qui obligerait ainsi les services de secours à les connaître avant d’intervenir, et demande que les dispositions de l’arrêté soient optionnelles. Et malgré toutes ces critiques et recommandations, elle parvient à donner un avis favorable au projet d’arrêté. Tout en acceptant de facto que de l’habitat inclusif soit installé dans des immeubles de 6 étages ne disposant que d’un seul ascenseur (contre 2 ans les foyer-logements) avec des largeur de couloir ne permettant pas à deux personnes en fauteuil roulant de se croiser.
Mardi 20 mai – La perle de la semaine.
Récoltée parmi les propos de l’énarque maire de Charleville-Mézières (Ardennes), Boris Ravignon, auditionné au Sénat un an tout juste après avoir remis au Gouvernement un rapport sur le coût du millefeuille administratif. Il défend « le principe selon lequel celui qui décide paie sur son budget. » Boris Ravignon prend comme exemple la politique du handicap : « Les maisons départementales des personnes handicapées ouvrent des droits à l’allocation aux adultes handicapés (AAH) sur le budget de l’État, à l’affectation d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) dont la mise en oeuvre est assurée par les rectorats, ou encore à l’accueil des enfants handicapés qui ont besoin d’un accompagnement plus important dans des structures comme des instituts médico-éducatifs (IME) ou des instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (Itep), qui eux relèvent non de l’État ou du rectorat, mais des ARS. Bref, ce type d’organisation ne permet pas d’économiser l’argent public ou de s’assurer qu’il va à ceux qui en ont vraiment besoin. » Néanmoins il n’est pas sûr qu’en confiant au payeur la responsabilité de décider, « ceux qui en ont vraiment besoin » bénéficieront des aides et prestations nécessaires à leur vie quotidienne en société.
Lundi 19 mai – Ça nous avait échappé.
« Révolution billettique 2025 – Simplicité pour tous », ce slogan de la RATP est tout sauf vrai pour les clients handicapés. L’opérateur du métro et des bus parisiens supprime les tickets carton pour les remplacer par des cartes rechargeables ou des tickets numériques sur smartphones valables soit dans les bus et tramways, soit dans le métro et lignes RER, les tarifs étant différents : 2€ dans les premiers, 2,50€ pour les seconds. Cela veut dire que l’accompagnateur ou aidant d’un client handicapé doit désormais utiliser une carte affectée au tarif réduit ou gratuit pour ce type de voyage, et une carte dédiée au tarif normal pour ses trajets personnels. Or, les cartes fournies sont d’un modèle unique ne permettant pas de différencier le tarif chargé dessus, à la différence des anciens tickets carton sur lequel il était imprimé. Il revient donc aux clients-aidants de marquer eux-mêmes leurs cartes pour les distinguer. Et il est impossible de charger à la fois sur smartphone des tickets tarif réduit et normal. Sans oublier que cette « Révolution billettique » s’est accompagnée d’une augmentation de 15% du ticket bus-tramway et de 44% pour le ticket de métro…
Samedi 17 mai – Les initiatives de la semaine.
- Un habitat inclusif de 12 appartements sur 20 est inauguré à Caluire-et-Cuire (Rhône) pour des adultes sourds ou malentendants avec handicaps associés.
- Le centre aqua-ludique Balsan’éo de Châteauroux (Indre) s’équipe d’un lit médicalisé destiné à faciliter le déshabillage de baigneurs handicapés moteurs.
- Un chocolatier Sourd, Antoine Hervé, crée sa boutique à Buxerolles (Vienne), ses parents assurant la vente des produits créés et fabriqués par leur fils qui ne s’exprime qu’en Langue des Signes Française.
Vendredi 16 mai – Les ratés de la compensation.
- Les parents d’un jeune polyhandicapé pensionnaire dans la MAS de Saint-Lys (Haute-Garonne) portent plainte pour séquestration, leur fils étant enfermé 20h sur 24, et violences volontaires, conduisant le parquet de Toulouse à ouvrir une enquête.
- La maman d’une fillette scolarisée en CM1 dans une école du Val-de-Reuil (Eure) écope de 5 mois de prison avec sursis pour avoir capté et diffusé sur des réseaux sociaux des entretiens avec un enseignant, ce qui vaut à ce dernier d’être depuis un an sous protection policière (lire Les ratés du 19 mai 2023).
Mercredi 14 mai – Santé – Une énième mission.
Le ministère chargé de la Santé et ses deux ministères délégués annoncent une mission « Santé des personnes en situation de handicap : une ambition forte pour un accès aux soins sans rupture. » Elle portera sur leurs difficultés d’accès aux soins liées à la prise en compte des besoins liés aux handicaps et aux disparités territoriales entraînant un « renoncement aux soins encore trop fréquent pour des raisons financières, organisationnelles ou logistiques. » Cette mission d’une durée de 6 mois visera deux axes stratégiques : garantir un accès aux soins sans rupture, et renforcer la prévention et le dépistage précoce. Confiée à Laure-Marie Issanchou, directrice santé à la FNMF et ex conseillère de Sophie Cluzel au secrétariat d’État aux personnes handicapées, Carla Magaud (Intersyndicale des internes en médecine), Françoise Thomas-Vialettes (Epipair formation), et Christine Gardel (IGAS), elle est censée étudier l’ensemble de la problématique pour les personnes vivant à domicile ou en établissements, et la diversité de l’écosystème (médecine de ville, services de santé publique, industrie, recherche, etc.). Cette mission devra remettre aux ministres un rapport d’étape « dès l’été 2025 et préparer le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 », suivi de la constitution d’un comité d’experts « pour garantir la mise en oeuvre effective des solutions et assurer le suivi des recommandations. » Il existe déjà de multiples dispositifs d’accès aux soins, disparates et partiels, issus d’initiatives publiques ou privées tels la charte Romain Jacob.
Mardi 13 mai – La perle de la semaine.
Cette réponse ministérielle à une question orale du sénateur Jean-Baptiste Blanc (Les Républicains – Vaucluse) a déjà plus de deux semaines, mais malgré sa publication tardive elle vaut son pesant de cacahuètes ! Interrogé le 29 avril dernier sur la sous-utilisation par les propriétaires et exploitants d’Établissements Recevant du Public des 300 millions d’euros du Fonds Territorial d’Accessibilité (FTA), le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a annoncé sa refonte : « Ainsi, une information sera transmise par l’intermédiaire des préfets sur la mise en place d’un plan d’action. Celui-ci visera à renforcer l’accessibilité des ERP et des établissements du monde associatif en faisant bénéficier des financements prévus. » Donc, puisque les commerçants et professions libérales ne veulent pas rendre leurs locaux accessibles aux clients handicapés, le FTA servira à adapter des établissements associatifs ou médico-sociaux ! Le ministre a toutefois concédé que 1,6 des 300 millions budgétés jusqu’en 2028 ont été consommés, soit 0,5% seulement. Mais il a omis de préciser que le budget de l’État pour 2025 ne contient plus la ligne budgétaire concernée, comme on le rappelait en novembre 2024.
Lundi 12 mai – L’humeur d’Agnès.
Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…
Ouf ! On a pu accéder à la plage du Bon-Secours à Saint-Malo suite au branle-bas de combat déclenché par la découverte d’un obus datant de la Seconde Guerre mondiale.
Samedi 10 mai – Les initiatives de la semaine.
- Le centre de rééducation du Brasset, à Meaux (Seine-et-Marne), dispose désormais de son studio de radio pour que les enfants et jeunes scolarisés améliorent leur expression orale comme écrite.
- L’amyotrophie spinale infantile sera dépistée à la naissance à compter de septembre prochain, afin d’améliorer par thérapie génique l’état de santé des enfants concernés.
- Le nouveau parcours du patrimoine de la commune d’Auterive (Haute-Garonne) comportant récits, photos, audio et quiz, dispose d’une version braille.
- Malgré une demande persistante, les chiens restent interdits dans le métro de Toulouse (Haute-Garonne) à l’exception de ceux qui assistent les voyageurs handicapés moteur ou aveugles.
- Des organismes militaires viennent en aide à une ancienne camarade parachutiste devenue paraplégique, atteinte d’un cancer, vivant dans sa voiture depuis l’incendie de son logement à Épinay-sous-Sénart (Essonne).
Vendredi 9 mai – Les ratés de la compensation.
- La championne paralympique de para surf Cécile Hernandez dépose plainte contre le harceleur qui la dénigre depuis 18 mois sur les réseaux sociaux, contestant la réalité de son handicap moteur.
- La directrice, une enseignante et trois personnels d’une école maternelle de Sézanne (Marne) sont condamnés à des peines de prison avec sursis pour avoir harcelé et humilié une professeure des écoles handicapée motrice et fragile.
- Grève dans une cinquantaine d’écoles de l’Isère pour protester contre le manque d’AESH sans que l’Administration agisse, en témoigne l’absence depuis deux ans d’un enseignant référent non remplacé.
- Pour être certain d’être sanctionné, un automobiliste en possession de drogues a stationné sa voiture sur une place réservée puis insulté les policiers le contrôlant, finissant en garde à vue à Saint-Étienne (Loire).
- Une enquête judiciaire est lancée sur des violences dans un IME de Vertaizon (Puy-de-Dôme) alors que la direction a licencié trois salariés présumés maltraitants, entraînant une grève de leurs collègues, l’établissement étant déjà mis en cause en 2017 pour des faits identiques.
Mercredi 7 mai – Éducation/Emploi – AESH, les syndicats veulent un statut.
L’intersyndicale de l’Éducation nationale lance une campagne d’information et d’action en vue d’obtenir le statut de fonctionnaire pour les Accompagnants d’Élève en Situation de Handicap. Elle demande que ces personnels, essentiellement féminins, soient employés à temps-plein soit 35 heures/semaine, avec une grille de rémunération évolutive inscrite dans les emplois de catégorie B de la fonction publique de l’État. Actuellement, le ministère rejette toute proposition et même début de discussion : « Nous souhaitons déconstruire le discours du ministère selon lequel beaucoup a été fait pour les AESH », a justifié Caroline Chevé, secrétaire générale de la FSU, estimant qu’il s’agira d’une action sur un temps long. « Les AESH subissent une dégradation constante de leurs conditions de travail du fait de l’augmentation incessante des décisions de Maisons Départementales des Personnes Handicapées, pour s’occuper d’élèves aux handicaps variés et complexes, appuie Isabelle Vuillet, co-secrétaire générale de la CGT Educ’Action. La liste de leurs missions s’allonge, entraînant une dégradation de leur santé mentale et physique. » Les syndicats enseignants espèrent ainsi pérenniser et professionnaliser les emplois d’AESH qui constituent le second métier de l’Education nationale en terme d’effectifs.
Mardi 6 mai – Politique – Bayrou fait sa circulaire.
Comme ses prédécesseurs depuis septembre 2012, l’actuel Premier ministre, François Bayrou, publie une circulaire destinée aux ministres afin qu’ils prennent en compte, dans leurs politiques publiques, les besoins des personnes handicapées. Il leur demande d’élaborer une feuille de route à cet égard dont la mise en oeuvre serait contrôlée par un comité de suivi ministériel ; il serait également chargé de suivre l’application des mesures décidées par la Conférence Nationale du Handicap. Le Premier ministre demande que les missions des hauts-fonctionnaires au handicap dans chaque ministère soient renforcées, et que handicap et accessibilité soient pris en compte lors de l’élaboration des projets de lois et décrets. L’ensemble de ces dispositions, censées être intégrées dans le travail de chaque ministère depuis la circulaire Ayrault de septembre 2012, n’a globalement pas été mise en oeuvre au fil des 13 dernières années.
Lundi 5 mai – Éducation – Les PAS votés à la hussarde.
Le Gouvernement a fait adopter par l’Assemblée Nationale la création des Pôles d’Appuis à la Scolarité (PAS) en remplacement des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL). Il a utilisé pour cela la proposition de loi visant à renforcer le parcours inclusif des enfants à besoins éducatifs particuliers qui ne comportait que des dispositions anecdotiques. L’amendement gouvernemental a été déposé au dernier moment, les parlementaires n’en ayant connaissance que six heures avant son examen. Plusieurs députés se sont étonnés de cette précipitation, sans évaluation préalable de l’expérimentation en cours dans quatre départements, alors que le PAS d’Eure-et-Loir n’a pas fonctionné et que dans les trois autres départements il n’a pas été mis en oeuvre au même niveau partout. L’amendement gouvernemental n’a été adopté qu’à deux voix de majorité, et grâce à l’abstention bienveillante d’une trentaine de députés Rassemblement National. La précédente tentative de supprimer les PIAL au profit des PAS avait été censurée par le Conseil Constitutionnel en décembre 2023. Ils donneront tout pouvoir à l’administration de l’Éducation Nationale d’attribuer, en court-circuitant les Maisons Départementales des Personnes Handicapées, de l’aide humaine ou pédagogique aux élèves handicapés ainsi qu’à ceux qui ont des besoins spécifiques non liés à un handicap, sans que les moyens disponibles soient obligatoirement adaptés ou proportionnés à ces besoins.
Samedi 3 mai – Les initiatives de la semaine.
- La Croix-Rouge française forme dans le Gard des jeunes Sourds aux gestes de premier secours, palliant l’inadaptation de l’enseignement normalement prodigué en classe ordinaire.
- Du fait des difficultés récurrentes non traitées (lire l’actualité du 6 juin 2024), des citoyens créent à Vire (Calvados) le collectif Bocage accessible à tous.
Vendredi 2 mai – Les ratés de la compensation.
- Le club de foot-fauteuil de Dijon (Côte d’Or) est menacé de disparition à la fin de la saison faute de moyens financiers suffisants, le club pro dont il porte le nom, DFCO, refusant tout soutien.
- L’auxiliaire de vie qui s’occupait, à Marseille, d’un jeune homme multi-handicapé le frappait violemment, jusqu’à ce qu’une caméra dissimulée enregistre ses agissements qui lui vaudront un procès en juin prochain.
- Une collégienne handicapée mentale est frappée et étranglée dans la cour de récréation par d’autres élèves à Mundolsheim (Bas-Rhin) sans que le personnel intervienne ni que sa mère soit alertée ou contactée depuis l’agression.
- Un sexagénaire paraplégique reste bloqué quatre jours près de Tours (Indre-et-Loire) dans son camping-car aménagé, à cause d’une panne électrique empêchant le fonctionnement de l’unique porte adaptée pour laquelle un déverrouillage manuel n’a pas été prévu.
- Selon l’indice UNSA du moral des salariés du mois d’avril, 67 % des interrogés estime que déclarer un handicap pourrait avoir des conséquences négatives sur leur carrière ou perspectives d’évolution.
Jeudi 1er mai – L’intox de la semaine.
La Banque Publique d’Investissement vante le « top 5 des startups qui innovent » à l’occasion de la journée mondiale de la mobilité et de l’accessibilité célébrée hier (sauf en France). Sont ainsi valorisés Mon copilote, évolution de la société Handivalise créée en 2016 et qui n’est donc plus une startup, proposant un accompagnement humain pouvant coûter jusqu’à 10 fois le prix d’un billet de train, ce qui lui a permis de réaliser plus de 67.000€ de bénéfices en 2023. Est également flattée Wheeliz, société de location de voitures adaptées créée en 2014 et récupérée lors de sa phase de liquidation judiciaire par l’APF France Handicap en août 2021 alors qu’elle n’avait pas trouvé sa clientèle. Et d’encenser I Wheel Share qui « cartographie les espaces inclusifs » alors qu’elle n’existe plus depuis… février 2022 ! « Une startup est […] une entreprise nouvelle et innovante à fort potentiel de croissance et de spéculation sur sa valeur future », justifie Bpifrance ; pour ce Top 5, c’est raté…