Mardi 6 mai – Politique – Bayrou fait sa circulaire.
Comme ses prédécesseurs depuis septembre 2012, l’actuel Premier ministre, François Bayrou, publie une circulaire destinée aux ministres afin qu’ils prennent en compte, dans leurs politiques publiques, les besoins des personnes handicapées. Il leur demande d’élaborer une feuille de route à cet égard dont la mise en oeuvre serait contrôlée par un comité de suivi ministériel ; il serait également chargé de suivre l’application des mesures décidées par la Conférence Nationale du Handicap. Le Premier ministre demande que les missions des hauts-fonctionnaires au handicap dans chaque ministère soient renforcées, et que handicap et accessibilité soient pris en compte lors de l’élaboration des projets de lois et décrets. L’ensemble de ces dispositions, censées être intégrées dans le travail de chaque ministère depuis la circulaire Ayrault de septembre 2012, n’a globalement pas été mise en oeuvre au fil des 13 dernières années.
Lundi 5 mai – Éducation – Les PAS votés à la hussarde.
Le Gouvernement a fait adopter par l’Assemblée Nationale la création des Pôles d’Appuis à la Scolarité (PAS) en remplacement des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL). Il a utilisé pour cela la proposition de loi visant à renforcer le parcours inclusif des enfants à besoins éducatifs particuliers qui ne comportait que des dispositions anecdotiques. L’amendement gouvernemental a été déposé au dernier moment, les parlementaires n’en ayant connaissance que six heures avant son examen. Plusieurs députés se sont étonnés de cette précipitation, sans évaluation préalable de l’expérimentation en cours dans quatre départements, alors que le PAS d’Eure-et-Loir n’a pas fonctionné et que dans les trois autres départements il n’a pas été mis en oeuvre au même niveau partout. L’amendement gouvernemental n’a été adopté qu’à 2 voix de majorité, et grâce à l’abstention bienveillante d’une trentaine de députés Rassemblement National. La précédente tentative de supprimer les PIAL au profit des PAS avait été censurée par le Conseil Constitutionnel en décembre 2023. Ils donneront tout pouvoir à l’administration de l’Éducation Nationale d’attribuer, en court-circuitant les Maisons Départementales des Personnes Handicapées, de l’aide humaine ou pédagogique aux élèves handicapés ainsi qu’à ceux qui ont des besoins spécifiques non liés à un handicap, sans que les moyens disponibles soient obligatoirement adaptés ou proportionnés à ces besoins.
Samedi 3 mai – Les initiatives de la semaine.
La Croix-Rouge française forme dans le Gard des jeunes Sourds aux gestes de premier secours, palliant l’inadaptation de l’enseignement normalement prodigué en classe ordinaire.
Du fait des difficultés récurrentes non traitées (lire l’actualité du 6 juin 2024), des citoyens créent à Vire (Calvados) le collectif Bocage accessible à tous.
Vendredi 2 mai – Les ratés de la compensation.
- Le club de foot-fauteuil de Dijon (Côte d’Or) est menacé de disparition à la fin de la saison faute de moyens financiers suffisants, le club pro dont il porte le nom, DFCO, refusant tout soutien.
- L’auxiliaire de vie qui s’occupait à Marseille d’un jeune homme multihandicapé le frappait violemment, jusqu’à ce qu’une caméra dissimulée enregistre ses agissements qui lui vaudront un procès en juin prochain.
- Une collégienne handicapée mentale est frappée et étranglée dans la cour de récréation par d’autres élèves à Mundolsheim (Bas-Rhin) sans que le personnel intervienne ni que sa mère soit alertée ou contactée depuis l’agression.
- Un sexagénaire paraplégique reste bloqué 4 jours près de Tours (Indre-et-Loire) dans son camping-car aménagé, à cause d’une panne électrique empêchant le fonctionnement de l’unique porte adaptée pour laquelle un déverrouillage manuel n’a pas été prévu.
- Selon l’indice UNSA du moral des salariés du mois d’avril, 67 % des interrogés estime que déclarer un handicap pourrait avoir des conséquences négatives sur leur carrière ou perspectives d’évolution.
Jeudi 1er mai – L’intox de la semaine.
La Banque Publique d’Investissement vante le « top 5 des startups qui innovent » à l’occasion de la journée mondiale de la mobilité et de l’accessibilité célébrée hier (sauf en France). Sont ainsi valorisés Mon copilote, évolution de la société Handivalise créée en 2016 et qui n’est donc plus une startup, proposant un accompagnement humain pouvant coûter jusqu’à 10 fois le prix d’un billet de train, ce qui lui a permis de réaliser plus de 67.000€ de bénéfices en 2023. Est également flattée Wheeliz, société de location de voitures adaptées créée en 2014 et récupérée lors de sa phase de liquidation judiciaire par l’APF France Handicap en août 2021 alors qu’elle n’avait pas trouvé sa clientèle. Et d’encenser I Wheel Share qui « cartographie les espaces inclusifs » alors qu’elle n’existe plus depuis… février 2022 ! « Une startup est […] une entreprise nouvelle et innovante à fort potentiel de croissance et de spéculation sur sa valeur future », justifie Bpifrance ; pour ce Top 5, c’est raté…