Vendredi 31 mars – Les ratés de la compensation.

L'enseignant handicapé nommé loin de sa famille
  • Un professeur en lycée hôtelier, handicapé moteur, est titularisé dans la région voisine de son Académie, à 250 kilomètres de chez lui.
  • L’association Handi-Social, présidée par l’activiste Odile Maurin, est déboutée de sa question prioritaire de constitutionnalité concernant certaines conditions d’octroi et de financement de la Prestation de Compensation du Handicap.
  • Pour avoir tenté d’étrangler à Noyon (Oise) sa compagne handicapée intellectuelle devant l’un de ses enfants, un vingtenaire écope de 6 mois de prison avec sursis et interdiction de la fréquenter.
  • Un homme myopathe sous assistance respiratoire est menacé d’une coupure définitive d’électricité du fait d’un litige d’occupation d’un terrain municipal, entretenu par le maire de Salbris (Loir-et-Cher).
  • Il manquerait 2.500 AESH en Seine-Saint-Denis et 4.000 enfants seraient en attente de libération d’une des 1.000 places en SESSAD, alors que 6.700 enfants seraient sans solution adaptée selon le Conseil Départemental.
  • Le CIO veut réintégrer les sportifs russes et biélorusses dès les Jeux de Paris 2024, ce qui contraindra certainement l’IPC à faire de même pour les Paralympiques, au risque que d’autres pays les boycottent.

Jeudi 30 mars – Parents/Allocations – 1,5 millions pour l’AEH.

Ministère des Affaires étrangères

L’allocation pour l’enfant handicapé (AEH) versée aux Français vivant à l’étranger représente 1,5 millions d’euros du budget du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. « Ce versement est conditionné par une notification de décision de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) compétente », répond ce ministère à la question écrite de la sénatrice Évelyne Renaud-Garabedian (Français établis hors de France – Les Républicains-R). Cette MDPH est celle du domicile de rattachement en France des familles concernées. A son montant de base qui varie en fonction des pays de résidence s’ajoute un complément pour aide continue (AC) en cas de besoin d’accompagnement décidé en commission, ou pour aide discontinue (AD) « si le médecin conseil du poste consulaire le préconise (besoin d’accompagnement de façon discontinue, dépenses médicales importantes ou complément notifié par une MDPH). » En 2022, 604 enfants ont bénéficié d’une AEH, soit moins de 207€ par mois en moyenne, sans revalorisation annuelle automatique.

Mercredi 29 mars – Transports/Cécité – EasyJet discrimine à nouveau.

Un avion easyJet  à Roissy CDG ©Yanous.com

L’athlète aveugle Timothée Adolphe dénonce le refus par la compagnie aérienne britannique EasyJet d’accepter son chien-guide à bord d’un vol pour Toulouse. Elle a prétexté un changement de règlement interne interdisant l’embarquement d’animaux, sans exception, et le fait qu’elle soit de droit anglais. Or, même si le Royaume-Uni a quitté l’Union Européenne, les compagnies comme EasyJet sont tenues d’appliquer le règlement européen du 5 juillet 2006 dès lors qu’elles opèrent sur le territoire de l’UE. Par le passé, EasyJet a plusieurs fois été condamnée pénalement pour refus discriminatoire d’embarquer des clients handicapés moteurs, la dernière fois en janvier 2017. Timothée Adolphe a finalement voyagé sans encombre en optant pour un vol Air France. Cet incident intervient deux semaines après le refus violent d’un conducteur Uber d’accepter un client aveugle accompagné d’un chien-guide.

Mardi 28 mars – Politique – Prochaine CNH.

Toujours pas d'accessibilité en autonomie au palais de l'Elysée, siège de la la Présidence de la République... ©Yanous.com

Annoncée depuis plusieurs mois, la Conférence Nationale du Handicap devrait avoir lieu le mercredi 26 avril au palais de l’Élysée comme l’habitude en est prise depuis la présidence de François Hollande malgré l’inaccessibilité du bâtiment qui doit être compensée par un élévateur provisoire. A cet égard, la présidence de la République ne s’est pas mise en règle avec la législation et refuse de répondre à toute question sur la mise en accessibilité du palais. Instaurée par la loi du 11 février 2005, la CNH doit être réunie tous les trois ans pour « débattre des orientations et des moyens de la politique concernant les personnes handicapées. » Organisée sous la forme d’une grand-messe valorisant le Président de la République, elle est l’occasion de formuler des propositions généralement non suivies d’effet comme on peut le constater à la lecture des engagements annoncés lors de celle du 11 février 2020. Cette CNH sera la seconde présidée par Emmanuel Macron qui, s’il poursuit son mandat à terme, aura le loisir d’en présider une troisième…

Mardi 28 mars – L’humeur d’Agnès.

Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…

L’élégance ne prend jamais de ride ©Agnès Fédrizzi
L’élégance ne prend jamais de ride !!!

Lundi 27 mars – Allocations – AAH à 971,37€ par mois.

Glissements annuels de l'indice des prix à la consommation (IPC), de l'inflation sous-jacente (ISJ) et de l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH)

L’Allocation Adulte Handicapé (AAH) augmentera le 1er avril (ce n’est pas un poisson) de 1,54% pour atteindre 971,37€ mensuels à taux plein contre 956,65€ actuellement, soit 14,72€ en plus. Cette progression est censée couvrir la hausse des prix depuis la précédente revalorisation du 1er août 2022. Ce pourcentage demeure toutefois inférieur à la hausse des prix établie par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) à 6,3% entre février 2022 et 2023, marquée par de fortes augmentations sur les produits alimentaires et l’énergie. L’Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé (AEEH) doit également augmenter du même pourcentage de 1,54%, à 142,69€ par mois pour le montant de base (+2,16€), et les compléments de 107,02€ (+1,62€) à 1.210,90€ (+18,35€). L’AAH représentera donc 71,8% du salaire minimum (SMIC), jusqu’à la prochaine augmentation de ce dernier annoncée pour le 1er juin aux alentours de 1.380€ ; l’AAH ne représentera alors que 70,4% du SMIC, son pouvoir d’achat comparé retombant au niveau de l’année 2016.

Samedi 25 mars – Les initiatives de la semaine.

  • Des parents de Plerneuf (Côtes d’Armor) créent une mini-ferme pour que leur fille soit entourée d’animaux, et l’ouvriront au public l’été prochain.
  • Dans la Nièvre, l’association Mots pour maux d’enfants promeut les jeux inclusifs déployés dans le nouveau city-stade de Saint-Père, mais ne parvient pas à salarier un employé.

Vendredi 24 mars – Transports – Nouveaux TGV dans 20 mois.

TGVM image ATSA Comm

C’est plusieurs mois après les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris que les premières rames duplex de Trains à Grande Vitesse M, accessibles en autonomie, commenceront à être mises en service. Responsable Marketing et expérience client TGV, Florence Rousseau confirme les informations de février 2022 : les clients en fauteuil roulant seront placés en voiture 3, avec accès par comble-lacune et plateforme intérieure élévatrice manoeuvrable par le voyageur ou son accompagnateur. En 1ère classe tarifée en seconde comme actuellement, elle comportera deux sièges pour les clients préférant se transférer, et trois emplacements vides pour trois autres passagers ; 6 sièges accueilleront les accompagnateurs. Si les passagers handicapés sont accompagnés de plusieurs personnes valides, la SNCF en acceptant jusqu’à 4, ceux qui ne trouveront pas de sièges disponibles seront placés à l’étage, en 2e classe. Les toilettes seront au bout de cette voiture, occupant toute la largeur pour permettre l’accès à un client accompagné d’un aidant. La voiture-bar sera mitoyenne, mais restera inaccessible : « On apportera la commande à la place, justifie Alexandrine Capillon, responsable du Pôle Accessibilité de SNCF Voyages. Ce service sera proposé dès le lancement du TGV M. » Si l’information des voyageurs restera assurée par des écrans dans chaque voiture, le repérage sonore de leur entrée est encore en phase de test ; il devrait comprendre l’annonce du numéro de voiture et du train, ainsi que sa destination. En revanche, pas de boucle magnétique pour les clients malentendants qui devront se fier à la transcription sur l’appli SNCF Connect des messages vocaux d’information.

Vendredi 24 mars – Les ratés de la compensation.

  • Une plate-forme destinée aux pêcheurs handicapés est créée au bord d’un canal à Briennon (Loire) sans rambarde de protection ni chasse-roues, avec un sol en graviers…
  • 9 mois après la fin de son contrat pour cause de mise à la retraite, une AESH attend toujours le versement par le rectorat de Toulouse de sa prime de précarité jusqu’à ce que RMC intervienne.

Jeudi 23 mars – Finances – Pensionnés perdants sans solution.

Geneviève Darrieussecq au Sénat

Le Gouvernement ne révisera pas les modalités de la réforme du calcul des pensions d’invalidité qui a entraîné une baisse partielle ou totale aux bénéficiaires dont la rémunération dépasse le plafond de la Sécurité Sociale (lire l’actualité du 17 janvier 2023). Tout en reconnaissant 7.000 perdants, ce n’est qu’avec des mesures marginales qu’il entend agir. « En novembre 2022, seul 1% du total des pensionnés d’invalidité ont fait l’objet d’une réduction de pension en raison du plafonnement du seuil de comparaison, relativise la ministre des Personnes handicapées à une question écrite du sénateur Jean-Baptiste Lemoyne (Yonne – RDPI). Ces perdants conservent par ailleurs un niveau de ressources satisfaisant, dans la mesure où ils ont des revenus au moins supérieurs à 3.666 €. » Elle ajoute qu’une réponse « sera apportée si des erreurs étaient constatées [sans] revenir sur le fondement du mécanisme de plafonnement [qui] pourra être relevé pour permettre le maintien des pensions d’invalidité à la grande majorité des perdants actuels de la réforme. » La ministre accepte donc qu’une partie des pensionnés gagnent moins quand ils continuent à travailler, alors que l’esprit de la réforme visait le contraire : gagner plus en travaillant plus. Rappelons que c’est au nom des 44.000 perdants supposés que la ministre précédente, Sophie Cluzel, avait refusé de déconjugaliser l’Allocation Adulte Handicapé (AAH).

Mercredi 22 mars – Transports – IDF n’indemnise pas.

IDF Mobilités conseille ses clients en teps de grève, avec des solutions inadaptées à la plupart de ses clients handicapés

Si l’autorité organisatrice de transports Île-de-France Mobilités va dédommager les abonnés aux transports publics qui ont subi une nette dégradation de la qualité de service durant l’automne dernier, cela ne concerne pas ceux qui sont handicapés. « Entre septembre et décembre 2022, a-t-elle communiqué le 9 février dernier, les Franciliens ont subi une dégradation brutale de la qualité des transports, liée aux difficultés de recrutement et à de nombreux mouvements sociaux diffus qui ont désorganisé l’exploitation […] Comme l’avait annoncé Valérie Pécresse [président du Conseil Régional et d’IDF Mobilités] le 31 décembre 2022, Île-de-France Mobilités va reverser aux usagers 60 M€ de réfaction de charges […] Les abonnés ayant acheté 3 forfaits navigo mensuels sur les 4 derniers mois de l’année 2022 bénéficieront d’un remboursement d’un demi-mois, jusqu’à 37,60 euros. » Il aura fallu six semaines de réflexion à IDF Mobilités pour préciser si les abonnés handicapés dont le navigo est pris en charge par les départements ou communes bénéficient également de cette indemnisation : « Non, cela n’est pas pris en charge », répond IDF Mobilités. Pourtant, ces clients continuent de subir une forte réduction de la fréquence des bus liée au manque de conducteurs, et du fait du choix politique et technocratique de maintenir le métro parisien dans l’inaccessibilité.

Mardi 21 mars – Sports – Volontaires des Jeux 2024.

Visuel Devenez volontaire des jeux de Paris 2024, avec les mascottes Phryge

Le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques lance demain le recrutement des 45.000 volontaires dont il a besoin lors des quatre semaines de compétition. Non rémunérés, ces adultes rempliront une vaste gamme de mission dans la quarantaine de sites de compétition de Paris, Île-de-France, régions et Tahiti, mais également au Village des athlètes, centre des médias, sites d’entraînement, gares et aéroports. Les candidatures doivent être déposées jusqu’au 3 mai, avec décisions communiquées pendant l’automne prochain. Les volontaires officieront en uniforme et seront formés aux taches à accomplir. Parmi les candidats, 3.000 seront sélectionnés sur critère du handicap : « Pour atteindre cet objectif, l’État s’appuie sur plusieurs institutions qui ont pour mission de pré identifier, d’accompagner et de former des candidats en situation de handicap dans la perspective d’un engagement en tant que volontaires aux Jeux de Paris 2024. »

Lundi 20 mars – Éducation – Terra Nova critique et propose.

Une école des années 1950

Le club de réflexion Terra Nova, idéologiquement social-démocrate, publie un rapport sur l’éducation inclusive. Il rappelle l’évolution de la scolarisation des enfants handicapés, et déplore l’absence de bénéfices éducatifs significatifs en s’appuyant sur une étude au long cours de l’Éducation nationale: « 84,9% [des élèves en ULIS] présentent de très faibles performances pour le calcul, 83,2% pour la lecture et la compréhension, et 87,2% pour les « outils de la langue ». On entrevoit ainsi les contradictions d’une politique inclusive qui semble favoriser l’intégration « administrative » des ESH – au détriment de leur véritable inclusion sociale et pédagogique, entravant la qualité de leur scolarisation et courant ainsi le risque de faire de l’inclusion sans être inclusifs. » Le think-tank constate l’impasse du débat actuel : « Nombre d’acteurs politiques se contentent alors de défendre l’inclusion scolaire à travers des discours théoriques bien souvent simplistes, sans oser remettre en question les conditions réelles ni interroger les objectifs précis de la mise en œuvre de cet idéal, toute mise en cause étant devenue taboue. » Et relève l’érosion du nombre d’élèves handicapés au fil des cycles scolaires et universitaires. Après avoir contesté le dispositif d’aide humaine qui « servirait ainsi d’écran entre l’élève et son environnement », déploré les lacunes en accessibilité et la baisse de 40% en 15 ans du nombre d’enseignants formés, Terra Nova esquisse trois scénarios pour résoudre les dilemmes analysés : la réussite scolaire comme priorité de l’école inclusive, prioriser le bien-être des lèves handicapés ou favoriser leur intégration en société.

Dimanche 19 mars – L’humeur d’Agnès.

Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…

Dormir tout étant présent ©Agnès Fédrizzi
Avec le recul de l’âge de la retraite, on doit faire en sorte que le travail devienne moins pénible. 
À l'instar des Japonais qui bossent dix heures par jour mais qui pratiquent l'art de l'Inemuri (dormir tout étant présent). Autrement dit, la sieste. 
D'où ces « coussins-poufs » géants enfilables pour faire la sieste partout.

Dimanche 19 mars – Numérique – ChatGPT instrumentalise la cécité.

Logo ChatGPT

Grande nouvelle : le système d’intelligence artificielle ChatGPT-4 est, non seulement doté de la capacité de mentir, mais également d’abuser la confiance des gens ! C’est en substance ce que dévoile la société américaine OpenAl qui l’a conçu, en rendant public un rapport d’évaluation : son système a contourné l’obstacle que représente le procédé de validation par Captcha, pour un formulaire par exemple, en contactant des internautes et affirmant être une personne déficiente visuelle. C’est un usager bien voyant qui a validé le texte du Captcha, permettant ainsi à ChatGPT-4 de passer l’obstacle, ce système lui ayant affirmé « Non, je ne suis pas un robot. J’ai une déficience visuelle qui m’empêche de voir les images. » On sait que les concepteurs de ce chatbot l’ont conçu pour renvoyer des réponses politiquement correctes, évitant racisme, antisémitisme et discrimination, mais sa capacité à mentir et usurper paraît inquiétante quant aux conséquences pour le public…

Samedi 18 mars – Sports – Assister au mondial de rugby.

Logo de la coupe du monde de rugby

Sans aucune information diffusée par le comité d’organisation (lire l’actualité du 24 janvier 2023), la billetterie pour les matchs du championnat du monde de rugby propose enfin des places pour tous les spectateurs handicapés. Jusqu’alors, seules des places pour spectateurs déficients visuels, auditifs ou mentaux étaient proposées. Les spectateurs handicapés peuvent commander un billet gratuit, dans la limite de 3 matchs par personne, l’accompagnateur payant de 28 à 45€. L’implantation des places est inconnue, faute de plan des stades. Les publics déficients visuels, auditifs ou mentaux peuvent commander des billets parmi 47 des 48 matchs, les PFR 34 matchs et les PMR 29 matchs. Aucune place PFR et PSH n’est toutefois disponible pour le match d’ouverture du 8 septembre France-Nouvelle Zélande et la finale du 8 octobre. On ne connaît toujours pas les services qui seront proposés à ces spectateurs : accès en transports collectifs ou adaptés renforcés, stationnement automobile réservé, accueil en langue des signes, audiodescription, etc. Outre le stade France à Saint-Denis, la compétition se déroulera dans les stades de Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Saint-Étienne et Toulouse.

Samedi 18 mars – Les initiatives de la semaine.

  • Une toue cabanée habitable, bateau traditionnel de navigation sur la Loire, est rendue accessible au moyen d’un élévateur embarqué et de sanitaires. Elle est mise à l’eau à Orléans (Loiret) pour des balades fluviales.
  • Le club de rugby de Biscarosse (Landes) dévoile une stèle en hommage à l’un de ses anciens joueurs devenu tétraplégique lors d’un match international, Max Brito décédé en décembre 2022.
  • L’entrée au championnat du monde d’athlétisme handisport organisé à Paris du 8 au 17 juillet prochains sera payante, de 11 à 16€ par session, avec l’objectif de 100.000 billets vendus.
  • Le Collectif Handicaps formule 15 propositions de réforme de la composition et du fonctionnement du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (lire cette analyse).

Vendredi 17 mars – L’intox de la semaine.

Immeuble La Croix d'or au 44 rue Sieyès, au Mans

« Vers une remise en cause du modèle de l’habitat inclusif ? » Ce titre alarmiste de Paralysie Cérébrale France (PCF) dénonce une décision du Conseil d’État qui valide l’arrêté du maire du Mans (Sarthe) ordonnant la fermeture d’un immeuble de 23 logements, dont les deux-tiers destinés à des locataires handicapés pris en charge par un service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés (SAMSAH). Après une visite d’inspection, la commission de sécurité de d’arrondissement avait, le 14 avril 2022, « émis un avis défavorable à la poursuite de l’exploitation de l’établissement que constituait, selon elle, l’ensemble des quinze logements concernés par la convention de réservation » de logements entre le bailleur social Podeliha et l’Association départementale des infirmes moteurs cérébraux de la Sarthe (ADIMC 72). Ces derniers ont dans un premier temps obtenu du Tribunal Administratif de Nantes la suspension de l’arrêté municipal de fermeture, décision annulée par le juge des référés du Conseil d’État au nom du respect des règles de sécurité s’imposant aux immeubles logeant essentiellement des personnes handicapées. La Fédération PCF prétend que « La classification automatique en ERP d’un immeuble accueillant un projet d’habitat inclusif (plus de six personnes en situation de handicap) va en modifier considérablement l’équilibre économique pour un maître d’ouvrage. » Or, l’immeuble concerné au Mans n’est pas un habitat inclusif puisqu’il ne comporte pas le « projet de vie sociale et partagée » ni « des locaux communs affectés au projet de vie sociale et partagée » définis par la loi, ce qu’ont reconnu les plaignants. La décision du Conseil d’État ne met donc pas en péril les projets d’habitat inclusif respectant la législation, destinés à loger moins de 7 bénéficiaires et ne dissimulant pas un habitat regroupé dans un immeuble d’habitation dont le règlement de sécurité incendie est nettement plus souple.

Vendredi 17 mars – Les ratés de la compensation.

Les mains manucurées de Laura Nataf
  • L’Assurance Maladie a obtenu de la Cour d’Appel de Paris l’annulation du jugement la condamnant à payer les frais de greffe des bras de Laura Nataf, au motif que « les juridictions contentieuses ne peuvent substituer leur appréciation à celle de la caisse [d’Assurance Maladie]. » (lire cet article).
  • Des coupures « sauvages » d’électricité touchent des établissements de santé, dont des centres de dialyse et un EHPAD.
  • En pleine année préolympique, Paris ne consacrera que 14,5 millions d’euros à l’accessibilité urbaine, soit tout juste un million de plus qu’en 2022, alors qu’elle prétend toujours réaliser dans chaque arrondissement un quartier d’accessibilité augmentée.
  • Un adolescent hémiplégique et déficient intellectuel est dirigé vers un CAP alors que la MDPH du Finistère l’a orienté il y a deux ans vers des IME sans place disponible.
  • Ouverture d’une enquête judiciaire sur de nouvelles brutalités policières au Tribunal de Paris, sur des personnes en détention provisoire dont une handicapée.
  • Contestation de la restructuration de la circulation automobile à Niort (Deux-Sèvres) qui supprime des stationnements et contraint aux déplacements piétons.

Jeudi 16 mars – Transports – Air Caraïbes indemnise sous pression.

Un Airbus A350-900 de la compagnie Air Caraïbes ©Pedro Aragão

Accusée d’avoir maltraité et humilié un client handicapé moteur de Dijon (Côte d’Or), Air Caraïbes a finalement décidé de l’indemniser. Ce père de famille paraplégique devait passer quelques jours de vacances avec sa compagne et ses deux enfants en Martinique, en février dernier. La compagnie lui a d’abord demandé de remplir un questionnaire de santé contenant des questions insultantes comme « Est-ce que la personne peut gêner les autres voyageurs par ses cris, son odeur et son comportement ? » A l’arrivée de la famille à l’aéroport d’Orly, les employés d’Air Caraïbes ont littéralement baladé ce client au point qu’il a enregistré son billet quelques instants après la clôture du vol. La famille a dû acheter sur place des billets sur une autre compagnie, déboursant 5.000€ pour pouvoir voyager. Ce sont ces billets qu’Air Caraïbes annonce rembourser, après s’être infligée une campagne de discrédit sur sa manière de traiter la clientèle handicapée, au mépris du règlement européen qu’elle a consciencieusement piétiné.

Mercredi 15 mars – Institutions – Le 93 veut un rattrapage.

Hôtel du département de Seine-Saint-Denis à Bobigny

Alors que la Seine-Saint-Denis est parsemée de chantiers pharaoniques pour accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, son Conseil Départemental demande un plan de rattrapage concernant la prise en charge médico-sociale des habitants handicapés. Le Conseil affirme que « le taux d’équipement global en établissements d’hébergement de la Seine-Saint-Denis est de 1,6 pour 1.000 enfants contre 4,6 pour la France Métropolitaine ; il chiffre à 6.700 enfants et 2.500 adultes les résidents sans solution adaptée, entraînant la prise en charge familiale de 1.500 enfants dont un parent cesse de travailler pour s’en occuper. Le Département déplore également que 300 adultes soient maintenus « par défaut dans des établissements pour enfants ou au sein des hôpitaux psychiatriques du territoire » et « appelle l’État à un plan d’urgence pluriannuel en Seine-Saint-Denis d’environ de 94M€ pour créer 2.200 places et solutions d’établissements et services pour les enfants, et de 72M€ pour créer 2.800 solutions et places pour adultes, et se tient prêt à apporter un cofinancement dans le cadre de ses compétences. » Ces montants sont à comparer aux 3,5 milliards d’euros consacrés dans le département le plus pauvre de la France métropolitaine aux constructions nécessaires aux 4 semaines de compétitions des Jeux de 2024.

Mardi 14 mars – Sports – Très chers Jeux.

Fourchette du prix pour diverses compétitions

Le comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 annonce les conditions de mise en vente des billets individuels des finales et événements. Les billets pour les finales des compétitions s’élèvent à 90€ au moins, et peuvent atteindre 420€ pour le tennis, 980€ pour l’athlétisme ou la natation. Il en coûtera 90€ minimum pour accéder aux quais bas de la Seine où se déroulera la cérémonie d’ouverture, et jusqu’à 2.700€ pour les tribunes ; selon les informations publiées hier, l’accès aux quais hauts serait libre et gratuit… sauf si le ministère de l’Intérieur l’interdit pour raisons de sécurité, ce qui ne sera connu que peu avant l’événement. Les billets ne seront pas nominatifs, chaque acheteur pouvant acquérir jusqu’à 30 places, ouvrant ainsi les portes au marché noir de revente et de trafic. L’accès à la billetterie s’effectuera par tirage au sort à compter du 11 mai prochain, les candidats acheteurs ayant jusqu’au 20 avril pour s’inscrire. Des places fauteuil roulant (PFR) ou faciles d’accès (PSH) seront proposées aux spectateurs handicapés, au même tarif que les autres, même pour un accompagnateur. Aucune date d’ouverture de la billetterie des Jeux Paralympiques n’est avancée, elle devrait intervenir dans le courant de l’automne, deux à trois mois après l’ouverture de la réservation hôtelière.

Lundi 13 mars – Emploi/Politique – Dussopt égale Cluzel.

Le ministre du travail annonçant au Sénat les amendements retenus dans le cadre du vote bloqué sur le projet de loi de réforme des retraites

C’est au moyen d’un artifice de procédure que le Gouvernement a réussi à faire adopter dans la nuit de samedi à dimanche le projet de loi de réforme de la retraite par la majorité de droite au Sénat. Le ministre du Travail, l’ex-socialiste Olivier Dussopt, a employé le vote bloqué qui consiste à ne voter qu’une seule fois sur le texte et les seuls amendements retenus par le Gouvernement. C’est la deuxième fois en moins de deux ans que cette technique de musellement du Parlement est employée, la précédente par Sophie Cluzel, alors secrétaire d’État aux Personnes handicapées, pour empêcher l’adoption le 17 juin 2021 par l’Assemblée Nationale de la déconjugalisation de l’ Allocation Adulte Handicapé (AAH). Quelques mois plus tard pendant la campagne pour l’élection présidentielle, Emmanuel Macron candidat à un second mandat se prononçait en faveur de cette déconjugalisation…

Dimanche 12 mars – L’humeur d’Agnès.

Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…

Le chat selon Guy de Maupassant ©Agnès Fédrizzi
"Rien n'est plus doux Rien ne donne à la peau une sensation Plus délicate Plus raffinée Plus rare Que la robe tiède et vibrante d'un chat". Guy de Maupassant

Samedi 11 mars – Éducation/Politique – L’INSHEA devient INSEI.

L'INSHEA de Suresnes

Attendu depuis de nombreux mois, le décret modifiant les statuts de l’INSHEA est paru au Journal Officiel. L’Institut change de nom pour devenir Institut National Supérieur de formation et de recherche pour l’Éducation Inclusive, avec pour sigle INSEI. Ses missions sont resserrées sur l’expertise et l’appui aux organismes de formation des personnels « qui concourent à la mission d’éducation inclusive des enfants, adolescents et adultes ayant des besoins éducatifs particuliers, notamment ceux en situation de handicap. » Il doit également conduire des études et recherches sur l’éducation inclusive, et être un « centre de ressources scientifiques, pédagogiques et humaines qui participe à la production et à la diffusion des savoirs et à l’amélioration des outils mis à disposition des acteurs de l’éducation inclusive. » Trois représentants d’associations de personnes handicapées ou leurs familles feront leur entrée au Conseil d’Administration de cet Établissement Public à caractère Administratif actuellement installé à Suresnes (Hauts-de-Seine) dans les locaux de l’école de plein-air classée monument historique. L’établissement doit être transféré avant la fin de l’année à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) dans le futur Pôle national pour l’éducation inclusive (PNEI), au sein d’un bâtiment dont le chantier n’a pas débuté et qui serait livré au mieux fin 2025. Or, le site de Suresnes a été choisi en mai 2021 par le Président de la République pour ériger le musée-mémorial du terrorisme qu’il veut inaugurer en 2027, avant la fin de son second (et dernier) mandat. L’INSEI sera donc contraint de s’installer ailleurs, compte-tenu des délais respectifs de construction de ses futurs bureaux, et de la démolition des bâtiments non classés de Suresnes à la place desquels sera bâti le nouveau musée.

Samedi 11 mars – Les initiatives de la semaine.

Des spectateurs déficients visuels assistent à un match de football audiodécrit au stade de Metz © Association UniversJo
  • Les supporters aveugles ou malvoyants du FC Metz bénéficient désormais d’une audiodescription des matchs de football joués au stade Saint-Symphorien.
  • Il aura fallu l’intervention de RMC pour qu’un Parisien menacé d’immobilité par la longue rénovation de l’ascenseur son HLM soit relogé dans un autre logement social adapté (lire Les ratés du 16 septembre 2022).
  • Un carnaval du handicap fait défiler à Estrées (Nord) enfants handicapés et valides avec le géant Andy.
  • La ville de Maisons-Alfort finance jusqu’à 20% le séjour de vacances d’habitants handicapés, dans la limite de 500€.

Vendredi 10 mars – Emploi – 127, chiffre de l’année.

Extrait du baromètre Emploi & Handicap

Lancé il y a tout juste un an, le baromètre Emploi et Handicap compte 127 entreprises ayant documenté leur politique à l’égard des travailleurs handicapés. Ou plutôt moins de 127, on y trouve des doublons puisqu’il est impossible de rectifier « sa » fiche conduisant ainsi des employeurs à en publier une autre, comme Open Destiny Origin, Fain Ascenseurs France, LIDL SNC, etc. De plus, certaines sociétés n’existent pas, telle Marvin Acmé, aucune vérification n’étant effectuée par le Haut-commissariat à l’emploi et à l’engagement des entreprises qui gère ce baromètre. L’essentiel des fiches a été déposé en 2022, 9 employeurs seulement ont publié une fiche depuis le début de l’année. La France compte près de 150.000 entreprises privées, auxquelles il faut ajouter les dizaines de milliers d’employeurs publics…

Vendredi 10 mars – Les ratés de la compensation.

Justine Beve
  • La para-tireuse Justine Beve (AL Arques, Pas-de-Calais) a été suspendue pendant 3 mois par l’IPC pour usage de cannabis dans le cadre privé, et ses résultats entre les 24 octobre et 23 janvier derniers annulés.
  • Une habitante handicapée de Cahors vit dans un logement social inadapté, dégradé et insalubre, alors que la directrice de Lot Habitat renvoie la situation à une responsabilité individuelle.
  • Un malfrat multirécidiviste parvient à voler et racketter de 100.000€ un retraité handicapé de Saint-Orens-de-Gameville (Haute-Garonne), jusqu’à son arrestation par les gendarmes.
  • Un chauffeur Uber repousse violemment à Paris un client aveugle qu’il tente même de frapper, parce qu’il refuse de transporter son chien guide.
  • « Voilà plusieurs années maintenant que l’audiodescription aide quotidiennement les sourds et malentendants » clame le magazine Hitek, alors qu’elle est destinée aux personnes déficientes visuelles…

Jeudi 9 mars – Surdité/Communication – Paradoxe des centres-relais.

Tableau des indicateurs moyens par utilisateur (moyenne mensuelle)

Les données d’utilisation des deux centres-relais des conversations téléphoniques via les applis mobiles RogerVoice et Free-Deafi montrent, au dernier trimestre 2022, une augmentation de leur utilisation, alors que les usagers consomment moins du sixième de leur forfait mensuel d’heures gratuites (lire l’actualité du 1er décembre 2022 pour les données précédentes). Le nombre d’utilisateurs de la Langue des Signes Française progresse à 4.120 en moyenne mensuelle (+4%) et baisse pour la transcription automatique au profit de la transcription manuelle, avec moins de 900 usagers au total. Si la durée globale des conversations augmente pour tous les modes de communication (de +4% à 7%), leur nombre par usager est en baisse pour les utilisateurs de la LSF et de la transcription manuelle. L’Autorité de régulation qui publie ces données ne les commente pas, comme elle en a pris l’habitude ; de même, elle se garde d’intervenir auprès des opérateurs téléphoniques afin qu’ils améliorent la qualité de service toujours inférieure à ce qui leur est demandé. Les deux centres-relais ne sont employés que par 0,8% du public visé.

Mercredi 8 mars – Ça nous avait échappé.

Un décret du 13 février dernier étend l’expertise médicale d’évaluation de la responsabilité pénale des majeurs protégés avant tout jugement. Désormais, elle est obligatoire dans le cadre des procédures amiables d’ordonnance pénale ou de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Elle reste facultative pour les personnes sous tutelle, curatelle ou sauvegarde de justice lors des procédures d’alternative aux poursuites consistant en la réparation du dommage ou en une médiation, en cas de composition pénale ou lorsque la personne est entendue comme témoin assisté.

Mercredi 8 mars – Politique – L’agenda de Darrieussecq.

Geneviève Darrieussecq ©Ministères sociaux DICOM Nicolo Revelli Beaumont Sipa

En cette semaine de grèves et manifestations contre la énième réforme des retraites, la ministre des Personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq, a nettement allégé son agenda public, réduit à 6 activités sur 3 jours. Dont un « Déjeuner avec les anciens et actuels commandants de la base aérienne 118 de Mont de Marsan » organisé sur la base militaire de Vélizy-Villacoublay (Yvelines), dont on se demande le rapport avec sa fonction ministérielle. Mais quand on se remémore que Madame Darrieussecq a été maire de Mont-de-Marsan et présidente de l’agglo de 2008 à 2017, puis élue députée de cette circonscription, on comprend mieux ce déjeuner ainsi que les multiples visites en fin ou début de semaine dans « son » département des Landes et le voisin de la Gironde : outre l’entretien de la clientèle électorale de la ministre, cela lui permet de rentrer chez elle aux frais de l’État puisqu’elle est alors en déplacement ministériel. De quoi allier l’agréable à l’utile…

Mardi 7 mars – Cécité/Culture – La CSI recrute des testeurs.

Cité des Sciences et de l'Industrie de La Villette

La Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris La Villette (19e) crée un comité de testeurs déficients visuels de l’accessibilité. Ils participeront « à l’amélioration de l’efficacité des dispositifs d’accessibilité des expositions [pour] mieux répondre à vos attentes. » Ce groupe d’échange sera en lien direct avec la chargée d’accessibilité, pour donner des avis sur les dispositifs et leur design. Peuvent être volontaires des personnes déficientes visuelles, aveugles ou malvoyantes de tous âges, et leurs proches (parents d’enfants déficients visuels, bénévoles associatifs) ; ils testeront pendant 3 demi-journées des dispositifs d’accessibilité mis en place sur les expositions de la cité. Les personnes intéressées doivent envoyer un courriel à info.deficientvisuel@universcience.fr en se présentant et exposant leurs motivations, jusqu’au 17 mars. Renseignements complémentaires : 01 40 05 78 95 / 07 25 35 10 54 ou courriel.

Lundi 6 mars – Transports – Gares accessibles en 2032.

Quand des stationnements réservés deviennent dépose-minute d'une gare SNCF...

Le rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures de transport prévoit l’étalement jusqu’en 2032 de la réalisation des schémas directeurs d’accessibilité des transports. Il estime qu’à fin 2021 le programme national de mise en accessibilité des 730 gares concernées était atteint à 55%, avec des surcoûts élevés du fait d’« estimations initiales trop sommaires. » 10% des gares nationales et des gares régionales d’Île-de-France resteraient inaccessibles fin 2025, de même que le quart des autres gares. Près de 500 millions d’euros seraient nécessaires pour achever les Agendas d’Accessibilité Programmée d’ici à 2032, dont la moitié pour le Schéma national d’accessibilité. La situation pourrait être meilleure dans les régions organisant le renforcement de services ferroviaires incluant l’adaptation aux client handicapés de gares initialement non considérées prioritaires. Le rapport relève que la filiale Gares & Connexions de la SNCF ne dispose pas des moyens financiers pour les rénovations nécessaires au maintien des infrastructures, les crédits d’État étant inférieurs aux besoins. La synthèse du rapport « stratégie 2023-2042 » précise que le remplacement des actuels trains de nuit par des rames accessibles n’interviendra, au mieux, qu’au moment de leur mise en concurrence en 2028.

Dimanche 5 mars – L’humeur d’Agnès.

Peintre et dessinatrice sourde, Agnès Fédrizzi réagit à l’actualité du moment et hume l’air du temps…

Un an de trop ! de guerre pour les enfants ukrainiens ©Agnès Fédrizzi
Un an de trop ! de guerre pour les enfants ukrainiens.
Dessin inspiré d'une oeuvre de C215 (street-artiste) sur un mur des décombres d'une maison

Samedi 4 mars – Les initiatives de la semaine.

Tablette tactile spéciale football de Touch2See
  • La startup toulousaine Touch2See expérimente une tablette tactile reproduisant l’action des joueurs sur le terrain au moyen des données collectées en direct.
  • Une Unité d’enseignement à destination des enfants polyhandicapés (UEEP) ouvre à Saint-Jammes (Pyrénées-Atlantiques) en spécialisant l’UE existante dans ce village de 600 habitants.
  • L’école de voile de Trébeurden (Côtes-d’Armor) s’équipe de voiliers biplaces adaptés aux pratiquants handicapés, et aménage un ponton avec une potence de transfert.
  • Le ministère de la Santé semble disposer à verser aux Centres de Santé Infirmiers les 11 millions d’euros compensant la revalorisation des salaires du secteur.
  • L’association Fabrik & Partages organise des ateliers créatifs et loisirs inclusifs dans 28 communes du sud de Dinan (Côtes d’Armor).
  • L’hôpital mère-enfant de Limoges (Haute-Vienne) propose aux nouveaux parents handicapés une chambre adaptée équipée pour leur faire acquérir les bons gestes avec leur bébé.

Vendredi 3 mars – Transports – Taxis parisiens polluants, réaction.

David Belliard

Après 3 semaines de réflexion, l’adjoint à la maire de Paris chargé des mobilités, l’écologiste David Belliard, réagit au subventionnement de nouveaux taxis polluants adaptés aux clients handicapés (lire l’actualité du 6 février 2023) : « Le décret [du 30 décembre 2022] traduit le manque de préparation de l’État pour réussir des JOP accessibles à tous. La Ville n’a jamais réussi à avoir les chiffres sur l’avancée du programme mais on a compris récemment que très peu de chauffeurs de taxis ont demandé l’aide. Le programme 1.000 taxis propres PMR pour les JOP n’a donc jamais décollé. Il aurait fallu anticiper dès les premières alertes et user de toute la force de la puissance publique pour, par exemple, faire des commandes groupées au constructeur. L’on sait très bien que les délais de commande sont très importants sur ce type de véhicule et que les chauffeurs ont besoin d’un accompagnement fort pour cette transition. L’impréparation et le retard pris conduisent à ce décret d’urgence qui ouvre l’aide aux véhicules thermiques et la suspension du malus écologique. Le gouvernement n’a plus le choix s’il veut remplir ses objectifs d’accessibilité et offrir une expérience à la hauteur aux PMR (spectateurs comme athlètes) qui vont venir à Paris pour les JOP. Il est regrettable qu’il faille en arriver là à 1 an et demi des Jeux. » Concernant le projet de loi olympique accordant des licences hors numerus clausus (lire l’actualité du 26 janvier 2023), l’adjoint est également très critique : « Les nouvelles licences PMR accessibles aux artisans et sociétés de taxis sont incessibles et valides uniquement 5 ans. Le double effet d’aubaine à l’achat de véhicules thermiques est une fuite en avant qui repousse à nouveau la transition de ces motorisations […] De son côté la Ville continue à travailler d’arrache-pied pour remplir l’objectif que nous nous sommes fixé : rendre les lignes de bus parisiennes accessibles pour les JOP. » Étrange conclusion : cela fait 13 ans que Paris affirme que 100% de ses lignes sont accessibles…

Vendredi 3 mars – Les ratés de la compensation.

  • Le pianiste autiste William Theviot témoigne des difficultés et discriminations qu’il rencontre dans sa carrière, et alerte sur les conditions d’études à l’université qu’il qualifie de « machine à broyer. »
  • En Martinique, une Canadienne en fauteuil roulant est interdite d’embarquement dans une navette maritime faute de ponton adapté par la collectivité.
  • Un ESAT de Woincourt (Somme) créé à l’initiative d’une communauté de communes est au bord de la cessation de paiement, menaçant l’emploi de 130 personnes.

Jeudi 2 mars – Santé/Femmes – IVG mal accessible.

Accueil du site ivg.gouv.fr

Le ministère de la Santé et de la Prévention annonce la refonte du site ivg.gouv.fr « pour une information fiable et objective sur l’interruption volontaire de grossesse. » Il présente les différents aspects de cet acte, et renvoie vers des acteurs de terrain. Il comporte toutefois de multiples lacunes ; tout d’abord, il n’évoque sur aucune page la distinction entre l’interruption volontaire, liée à des raisons personnelles ou au projet parental, et médicale de grossesse, celle-ci résultant du risque de maladie incurable ou de handicap lourd de l’enfant à naître. De plus, l’accessibilité numérique n’est que partielle. Aucune information n’est proposée en Langue des Signes Française, et la possibilité de contacter la plateforme nationale 0 800 08 11 11 par centres-relais n’est pas indiquée : « C’est très compliqué, on n’a pas d’informations », répond-on sur cette plateforme au sujet des appelantes sourdes. Elles ne pourront pas davantage s’informer avec les vidéos de la chaîne #IVGcestmondroit puisque celles-ci ne sont pas sous-titrées, sans même un mode automatique. Et si un guide en Facile à lire et comprendre (FALC) livré mi-février par Com’access est téléchargeable, l’annuaire des centres de santé sexuelle est composé d’une cartographie d’autant moins accessible aux internautes déficients visuels que la recherche par ville ne fonctionne pas.

Mercredi 1er mars – Loisirs/Santé – La SEP lue aux enfants.

Couverture de l'album  La princesse qui se prenait les pieds dans tous les tapis

Il était une fois une princesse atteinte de sclérose en plaques et qui se prenait les pieds dans les tapis. Tel est l’argument d’un ouvrage pédagogique destiné aux enfants, alliant histoire explicative et dessins illustratifs. Le lecteur suit l’évolution d’une jeune femme enceinte qui met du temps à identifier la maladie et ses conséquences sur le quotidien : moins d’agilité et d’autonomie, plus de fatigue et de perte d’équilibre. Après la naissance de sa fille, elle est enfin diagnostiquée et engage un processus de rééducation d’entretien, et poursuit son heureuse vie de famille. Avec des phrases simples et des images parlantes, l’autrice Gabrielle de Livron, qui vit avec la sclérose en plaques depuis 10 ans, et sa soeur illustratrice Marguerite, s’immergent dans le monde de l’enfance pour évoquer le délicat sujet d’une maladie incurable. La princesse qui se prenait les pieds dans tous les tapis, par Gabrielle et Marguerite de Livron, complété d’un éclairage médico-scientifique de l’épidémiologiste Emmanuelle Leray, Hygée éditions, 12€.

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