On ne parle jamais de la semaine de la mobilité sous l’angle du handicap, sauf cette année : l’APF France Handicap a décidé d’occuper physiquement le terrain fin avril en sortant ses adhérents pour mettre en évidence les obstacles qui persistent dans l’accessibilité de la voirie, des transports, des établissements recevant du public et du logement. En dénonçant notamment le recul de l’échéance fixée par la loi du 11 février 2005 à l’année 2015, fin d’une période d’adaptation visant à assurer l’accessibilité « à tout pour tous ». Hélas, la France est un pays dans lequel les lois favorables à la population sont systématiquement contournées par les groupes de pression et les politiciens à leur service, ce qui s’est produit en septembre 2014 pour l’accessibilité avec la complicité de… l’APF France Handicap. Son président et haut-fonctionnaire retraité du ministère des Finances s’était laissé « vendre » en 2014, par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, une réforme par ordonnance au motif que les lobbies ne pourraient pas influencer les parlementaires. Résultat : une mise en pièces de l’accessibilité du cadre bâti et des transports conçue par les ministres socialistes de l’époque en collusion avec l’administration centrale et les groupes de pression.

Rebelote quatre ans et deux Gouvernements plus tard, c’est la réforme du logement dont l’APF France Handicap a accepté le principe lors de la concertation avec le ministre du Logement. Elle s’était pourtant insurgée contre le quota de 10% de logements accessibles et le reste évolutif, oubliant que dès janvier 2018 elle informait les autres membres du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) de cette acceptation moyennant des accommodements. Résultat, 20% des logements neufs sont désormais adaptés dès la livraison, les autres pouvant l’être s’ils sont construits dans des immeubles de plus de trois niveaux, la desserte par ascenseur n’étant obligatoire qu’à partir du 3e étage.

Et dix de der en décembre 2018 alors que le droit à la gratuité du stationnement automobile en voirie publique était attaqué par les communes. L’APF France Handicap, qui était pourtant historiquement opposée à une telle gratuité parce que « les personnes handicapées doivent payer leur stationnement comme les autres » au nom de l’égalité de droits et de devoirs qu’elle revendique, participe à une concertation pour valider un système pervers : contrôler les voitures automatiquement à vitesse grand V pour leur infliger une sanction tout en obligeant les usagers handicapés à enregistrer sur un horodateur ou une base de données le véhicule qui les transporte. Et cela au mépris d’une loi qui a été voulue par les parlementaires pour exempter lesdits usagers handicapés de chercher un horodateur encore fréquemment mal ou pas accessible.

Voilà ces errements que l’APF France Handicap est parvenue à faire oublier aux dizaines de journalistes qui ont relaté ses actions lors de la semaine de la mobilité 2021. Elle a ainsi obtenu autant d’articles (sauf celui-ci) vantant son action, d’autant plus qu’elle se garde bien de mettre en cause la politique d’un gouvernement avec lequel elle apparaît plutôt bienveillante. Et s’est refaite une virginité de gardienne du Temple de l’Accessibilité dont elle a contribué à saper les fondations…

Laurent Lejard, mai 2021.

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