Nolann Duriez, 18 ans, est l’un des lycéens du « vrai » Lycée Toulouse-Lautrec de Vaucresson (Hauts-de-Seine). Il y est entré en seconde, et resté jusqu’à la terminale, en suivant des cours de théâtre dans l’établissement, et même en prenant cette matière comme option pour le baccalauréat. Actuellement en classe préparatoire à Sorbonne Université (Paris 5e), il espère intégrer pleinement son école Polytech, c’est dire le haut-niveau d’un jeune homme à l’apparence d’adolescent, à laquelle son handicap moteur n’est pas étranger. Dans la seconde série d’épisodes de Lycée Toulouse-Lautrec diffusée sur TF1 à partir du 4 mars, il incarne Hugo. Nolann Duriez se présente et évoque sa vie et ses projets, « agir pour les autres et faire du bien pour un maximum de personnes. »

Nolann Duriez : J’ai 18 ans. Je suis en prépa intégrée dans une école d’ingénieurs, j’ai toujours aimé les sciences. Ce que j’aimerais faire plus tard, c’est encore vague, la formation que j’ai choisie me permet de rester encore assez général. La cause de mon handicap n’est pas identifiée, on ne sait pas de quelle maladie il s’agit, les recherches génétiques n’ont rien donné. J’ai une tétraparésie spastique, c’est-à-dire une paralysie partielle, je peux faire à peu près tous les mouvements mais avec des amplitudes réduites, il me manque de la force, et j’ai de la spasticité, des sortes de spasmes et contractions involontaires. J’ai subi plusieurs interventions chirurgicales, notamment parce que je ne marche pas et que les os ne se développent pas de la même manière.

Question : Comment avez-vous intégré la série Lycée Toulouse-Lautrec ?

Nolann Duriez : J’étais en seconde dans ce lycée quand la production est venue présenter la série. Elle cherchait des comédiens, et a lancé un casting auquel les lycéens ont participé. Il y avait plusieurs rôles pour la bande de la classe, la production ne savait pas encore ceux qui seraient confiés à des élèves.

Question : Si vous deviez résumer cet établissement d’excellence en quelques phrases, qu’est-ce que vous en diriez ?

En classe, dans la seconde saison de Lycée Toulouse Lautrec ©Stéphane Grangier / Habanita Fédération / TF1

Nolann Duriez : J’y ai passé de très bonnes années. Le principe, c’est une sorte d’inclusion inversée, avec deux tiers d’élèves en situation de handicap moteur et un tiers valides. C’est génial parce qu’il y a de l’entraide entre élèves, si on a besoin on ne va pas forcément demander au personnel. Comme dans la série finalement. Dans la série, on montre même des élèves référents, c’était le cas, aujourd’hui ça se fait plutôt par affinités : les copains aident, on s’entend bien, on connaît tout le monde. Ça m’a fait gagner en autonomie pour les cours et en organisation, puisque j’étais en internat. Au collège un peu standard, j’avais une AESH qui me suivait dans chaque cours, pour prendre les notes, écrire à ma place, m’emmener aux toilettes, c’était très différent. A Toulouse-Lautrec, il n’y a pas d’AESH individuels, ils sont à la disposition de tout le monde et sont surveillants en même temps. On peut faire de la kiné, de l’ergothérapie, il y a plusieurs médecins, des infirmiers, des aide-soignantes.

Question : Votre scolarité s’est faite en établissements classiques jusqu’au lycée ?

Nolann Duriez : C’est ça; pour la maternelle, le primaire. Pour le collège, ce n’était pas celui du secteur, parce que j’étais en classe ULIS, pour pouvoir me reposer quand j’étais fatigué et toujours disposer d’un AESH pour la prise de notes.

Question : Dans la seconde série, vous êtes plus présent et votre rôle est étoffé. C’est venu comment ?

Avec Ness Merad dans le 1er épisode de la seconde saison de Lycée Toulouse Lautrec ©Stéphane Grangier / Habanita Fédération / TF1

Nolann Duriez : C’est l’idée des scénaristes, on n’en avait pas parlé. J’ai remarqué que j’étais beaucoup plus présent que dans la première saison. Ça m’a plutôt plu, j’étais content, ça veut dire qu’on veut bien me voir un plus [rires], que j’ai fait le boulot, que ça plaît aux gens. C’est ma première expérience en tant que comédien, je pense qu’au début je n’étais pas tellement à l’aise, et puis dans la saison 2, on m’a dit que j’étais plus apte à avoir un peu plus d’importance.

Question : Pourtant vous restez spontané alors que les séquences ont été tournées plusieurs fois ?

Nolann Duriez : C’était perturbant au départ. Je pense avoir compris comment ça fonctionnait, et puis avec l’avantage de faire plusieurs prises, on varie la manière de jouer.

Question : Vous souhaitez intégrer d’autres projets télé ou cinéma, ou c’est une expérience unique ?

Nolann Duriez : Si je peux continuer, ça me ferait plaisir. Après, comme je sais que ce n’est pas facile de se lancer, avec l’intermittence, tout ça, je préfère continuer les études. Jouer sera en plus, si j’y arrive. On m’a déjà proposé un casting pour un petit rôle, mais malheureusement je ne pouvais pas. Mais ça me plairait de continuer.

Question : Comment s’est passé le travail entre les comédiens anciens élèves handicapés et les acteurs professionnels ?

Nolann Duriez : Dans la saison 1, Ness Merad, Hippolyte Zaremba et moi étions d’anciens élèves de Toulouse-Lautrec, le reste de la bande avait déjà tourné. Ça s’est très bien passé, on a commencé par des rencontres, des répétitions. On est devenus amis très vite, et très facilement. On n’a pas eu tant de répétitions que ça, on a commencé le tournage assez rapidement. La magie de la saison 1, c’est que même en dehors des scènes, on reste une bande d’amis.

Laurent Lejard, mars 2024.

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