Question : Quelles sont vos impressions quant au débat parlementaire sur les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité Sociale ? Dans quelle mesure les crédits annoncés et rectifiés lors des débats parlementaires sont-ils suffisants ?

Christine Le Nabour : J’ai déposé des amendements parce que je m’inscris en faux sur cette copie initiale qui n’est pas celle de Sébastien Lecornu [actuel Premier ministre] mais a été établie l’été dernier [par le précédent Gouvernement dirigé par François Bayrou]. Je m’inscris en faux parce que, d’abord, j’ai co-porté la loi pour le plein emploi et que notre marqueur depuis 2017, c’est bien l’accès à l’emploi pour tous et partout. Quand j’ai vu la baisse drastique des financements sur cette mission travail emploi, je me suis dit que là on allait à l’encontre de ce qu’on a voté pour favoriser l’insertion professionnelle, l’accès à l’emploi et le maintien dans l’emploi. J’ai déposé des amendements qui ont été votés en commissions des finances et des affaires sociales [de l’Assemblée Nationale]. Je ne sais pas s’ils passeront en séance pour la partie 2 du projet de loi de finances, je continue à faire du lobbying auprès du Premier ministre et du ministre du Travail pour dire que si on ne met pas les gens à l’emploi, d’abord on laisse des personnes au bord de la route, mais en plus on perd du taux d’emploi, on augmente le chômage, on perd des cotisations sociales et à moyen terme c’est vraiment perdant-perdant pour tout le monde.

Question : D’autant plus que les crédits affectés aux Entreprises Adaptées sont annoncés à la baisse alors que le chômage des travailleurs handicapés a dépassé son plus haut de 2018, approchant maintenant les 530.000 demandeurs d’emploi reconnus travailleurs handicapés…

Christine Le Nabour : On ne peut pas accepter de revenir en arrière alors qu’on avait plutôt des feux verts qui s’allumaient, et je trouve vraiment incompréhensible d’avoir coupé les crédits, et en particulier pour l’accès à l’emploi des personnes handicapées.

Question : En matière de Sécurité Sociale, les associations considèrent que la progression de l’objectif national de dépenses est insuffisante, mais comment trouver les crédits et les budgets nécessaires pour véritablement permettre à des personnes handicapées de vivre à domicile, d’accéder aux soins avec tout ce qui est nécessaire pour travailler et accéder à l’emploi ?

Christine Le Nabour : Je crois qu’il y a deux leviers. D’abord c’est dépenser mieux, c’est-à-dire peut être cibler sur les personnes qui en ont le plus besoin, et puis trouver des recettes. Là aujourd’hui, effectivement, la copie qui va sortir de l’Assemblée Nationale est déséquilibrée. Et puis, je suis désolée de le dire, suspendre la réforme des retraites sans alternative, c’est mettre en péril l’ensemble de notre système de protection sociale, donc l’accès aux soins et la protection contre les aléas de la vie. Je suis pour qu’il y ait une nouvelle réforme, d’ailleurs mon groupe parlementaire propose une alternative et de se replonger dans ce système de retraite qui est en déséquilibre et plombe à 25% notre système de protection sociale. Il faut des recettes, il faut cibler mieux dans les dépenses. L’ONDAM [Objectif national de dépenses d’assurance maladie] n’a jamais autant augmenté que depuis 2017. On a essuyé beaucoup de crises, la crise sanitaire [du Covid-19], la guerre en Ukraine et les gilets jaunes qui nous ont fait nous écarter de l’objectif des 3% du PIB [de déficit budgétaire] fixé par l’Union Européenne. Aujourd’hui on n’a plus trop le choix que d’aller jusqu’au bout de cette réforme des retraites et de cibler les plus vulnérables et ceux qui en ont plus besoin.

Propos recueillis par Laurent Lejard, novembre 2025.

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