Quel rapport entre l’attraction touristique qu’est le ballon captif du parc André Citroën à Paris et la lutte contre la pollution atmosphérique ? Les capteurs et appareils d’analyse de l’air accrochés à sa nacelle effectuant des mesures plusieurs fois par jour à une altitude pouvant atteindre 300 mètres, à la fois pour sensibiliser le public et servir d’instrument scientifique.

Evolution du coût des sinistres climatiques depuis 1984, pour un total de 107 milliards d'euros

Et s’il porte la marque de la compagnie d’assurances italienne Generali, ce n’est pas uniquement par sponsoring mais parce que celle-ci est engagée dans la prévention des risques polluants et les conséquences sur la population du dérèglement climatique via son Generali climate lab. Ces dernières lui coûtent cher, comme à l’ensemble des assureurs, puisque le coût des sinistres, tempêtes, inondations, feux de forêts, a doublé en 20 ans, à 3,7 milliards d’euros en moyenne annuelle pendant la décennie 2010 pour la France seulement. Cela sans compter les effets néfastes sur la santé mentale des personnes touchées par ces événements ou vivant dans un environnement dégradé par les différents types de pollution. Alors, la compagnie participe au financement de programmes de recherche, dans l’optique de contribuer à la baisse des décès prématurés dus à la pollution et d’améliorer les conditions de vie en milieu urbain. Dans ce cadre, elle soutient l’Institut Mondor de Recherche Biomédicale qui emploie Stéphane Jamain, responsable de l’équipe de neuropsychiatrie translationnelle et directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Question : Vous travaillez sur les liens entre santé mentale et pollution, quels sont les premiers enseignements de cette recherche ?

François Jamain devant le ballon Generali

Stéphane Jamain : Elle a pu montrer que, de manière générale, les gens vivant dans un environnement urbain, ce que l’on appelle l’urbanicité, naissant, grandissant et vieillissant dans un tel environnement, ont un risque accru de développer des troubles psychiatriques, en particulier des psychoses ou des troubles du spectre de l’autisme. Sur le plan génétique, beaucoup d’éléments montrent une contribution importante des facteurs génétiques sur le risque de développer des troubles du spectre de l’autisme. Et sur les facteurs environnementaux, des études épidémiologiques montrent que grandir à côté d’un axe routier augmente le risque chez les personnes les plus exposées à la pollution.

Question : Il vaut donc mieux vivre à la campagne qu’en ville ?

Stéphane Jamain : Ce que l’on montre, c’est une inégalité, une exposition plus importante chez les personnes qui vivent dans les grandes villes par rapport à des territoires moins denses en population, plus ruraux. En termes d’exposition à la pollution atmosphérique, elle n’est pas inexistante à la campagne mais ce n’est pas la même. Il est d’ailleurs très intéressant de comprendre quel type de pollution peut jouer un rôle sur les troubles mentaux et sur l’autisme en particulier.

Question : Quand peut-on espérer disposer de résultats tangibles et incontestables ?

Stéphane Jamain : On a déjà des résultats tangibles, mais en lien avec le fonctionnement cérébral, pas avec les maladies mentales. Pour avoir des preuves, il faut pouvoir les reproduire en laboratoire. Ce qu’on est capable de faire, c’est d’étudier soit des animaux de laboratoire, soit des cellules, on ne peut pas étudier des personnes, c’est éthiquement difficile à concevoir.

Question : Un champ de recherche très ouvert et de nombreuses années encore à subir les climato-sceptiques ?

Impact de la qualité de l'air sur le cerveau ©Laurie O'Keefe (https://www.medillsb.com/illustration_image_details.aspx?AID=342&IID=320914)

Stéphane Jamain : Beaucoup de recherches à faire pour arriver à accumuler des preuves du lien entre l’exposition à tel ou tel type de polluant. Énormément d’effort sont faits actuellement dans la recherche pour essayer de comprendre le lien entre certains types de polluants comme les pesticides, les micro-plastiques, ou la pollution atmosphérique, sur le risque de développer des maladies mentales, des psychoses ou des troubles du spectre de l’autisme. Les preuves irréfutables sont toujours extrêmement difficiles à démontrer, mais on peut arriver à montrer que ces différents polluants se retrouvent dans le cerveau et impactent directement son développement. Ce sont des accumulations de preuves qui nous permettent, par principe de précaution, de mettre en garde les personnes et faire de la prévention.

Laurent Lejard, octobre 2025.

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Un commentaire sur “La pollution favorise l’autisme

  • Margaret Kopoka

    Merci à Generali pour cette initiative qui allie science et sensibilisation : le ballon du parc André Citroën nous rappelle que la pollution touche aussi notre cerveau et notre bien-être.

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