A 41 ans, Choi Chang-hyun n’en est pas à sa première marche. Déjà, le 27 juin 2001, il fut le premier à réussir la traversée ouest-est des U.S.A en fauteuil roulant. Depuis mai 2006, parti d’Athènes (Grèce), berceau de la Démocratie à l’époque antique, cet homme infirme moteur cérébral, dépendant pour les actes ordinaires de la vie, parcourt environ 70 km par jour assis sur son fauteuil roulant électrique.

Il le dirige au moyen d’un dispositif qui tient du bricolage rudimentaire : un tube enfiché sur le joystick de commande, maintenu par de l’adhésif, sur lequel est fixée une longue paille en plastique qu’il pousse avec les dents. Mais cela lui permet de rouler à 10/15 km/h, escorté par la police. C’est elle qui assure en effet la sécurité routière du « marcheur » et du véhicule suiveur dans lequel il ne reste pas un pouce d’espace une fois que tout le matériel, le fauteuil électrique et le fauteuil manuel sont rangés. Il effectue son périple avec un parent volontaire, Choi Jae-hyuk, jeune étudiant âgé de 23 ans, lui aussi handicapé physique. Depuis leur départ, ils ont traversé Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Autriche, Slovaquie, Pologne, Lituanie, Lettonie, Estonie, Finlande, Suède, Norvège, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, Irlande et Luxembourg ! Lorsque Choi Chang-hyun aura atteint son but, Berlin, il aura parcouru plus de 22.000 km dans une trentaine de pays, par tous les temps. Lors de la plupart des étapes, il est accueilli et aidé par des compatriotes ou des bénévoles associatifs; mais parfois, il doit dormir où il peut.

Choi Chang-hyun estime que sa vie a commencé il y a une dizaine d’années, depuis qu’il a enfin pu sortir de chez lui, se déplacer seul et vivre dans le monde « réel ». Il a entrepris des études qui lui ont permis de rattraper son retard scolaire, et milité pour les droits des personnes handicapées à une vie indépendante, interpellant le Président coréen, conduisant des actions publiques de protestation tel le mouvement national pour des autobus à plancher bas, ou créant le premier club de football en fauteuil roulant. Désormais, c’est par l’exemplarité de l’exploit qu’il veut agir : « Je veux montrer aux gens qu’il faut avoir du courage même pour des petites choses. Avec du courage on peut tout faire ».

L’odyssée de Choi Chang-hyun a pour objet d’informer les populations des pays qu’il traverse sur l’intérêt de réunifier les deux Corée : « Ma démarche n’a pas du tout une signification politique, je veux juste montrer qu’une réunification de la péninsule ne repose pas uniquement sur le gouvernement ou les hommes politiques, et qu’une personne aussi ordinaire que moi peut contribuer à la réunification. Pour moi, c’est une action normale, sans sens politique ». Une action citoyenne en quelque sorte. « Cette marche, poursuit-il, montre qu’une personne lourdement handicapée peut contribuer à la réunification de son pays ». Son périple prendra fin en mai 2007, à Berlin, capitale d’une Allemagne réunifiée que Choi Chang-hyun veut ériger en symbole pour ses compatriotes.

Il inscrit son action comme un exemple en direction de la population coréenne : « Je pense avoir donné de l’espoir aux gens, et montrer qu’une personne lourdement handicapée peut réaliser ce genre de marche, parce qu’elle est une personne comme les autres. Maintenant, en Corée, on sait qu’une personne handicapée en est capable, qu’elle est comme les autres ».

Laurent Lejard, janvier 2007.


Choi Chang-hyun fera étape à Guéret (Creuse) le 20 janvier, Limoges (Haute-Vienne) les 21 et 22, Angoulême (Charente) le 23, Montlieu-la-Garde (Charente-Maritime) le 24, Bordeaux (Gironde) le 25, Muret (Haute-Garonne) le 26, Castets (Landes) le 27 et enfin Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) le 28 janvier, dernière étape française avant la traversée de l’Espagne. Les péripéties de la marche de Choi Chang-hyun sont racontées sur le site de l’association qu’il préside; pages essentiellement en coréen, avec un peu d’anglais.

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