Nguyên Hoàng Phuoc est aveugle de naissance. Seul l’un de ses yeux s’est formé, mais inerte, mort. L’orbite de son oeil droit est fermée, recouverte par la peau du visage. Ses cheveux sont implantés très bas sur un front rétréci. Âgé de 25 ans, Nguyên Hoàng Phuoc en paraît une dizaine de moins. Il est un exemple des ravages de l’agent orange, ce défoliant à base de dioxine que les forces armées des Etats-Unis ont déversé durant la guerre du Vietnam sur les populations civiles. Plus de 30 ans après la fin des hostilités, les victimes de ce poison chimique qui a imprégné les sols et les métabolismes sont encore nombreuses : une troisième génération d’enfants porteurs de malformations congénitales apparaît actuellement au Vietnam, dont le gouvernement ne veut plus communiquer sur le sujet, délaissant les personnes touchées au nom de l’ouverture économique et de la réconciliation avec l’ennemi d’hier. La justice américaine doit se prononcer, à la mi-décembre 2006, sur l’appel formé par l’association vietnamienne des victimes de l’agent orange contre le rejet, le 10 mars 2005, de leur plainte contre les firmes U.S qui ont produit ce poison.

Dans ce contexte peu favorable, l’association Les enfants de la dioxine s’efforce d’aider des victimes de l’agent orange. Elle conduit des actions locales de soutien à des personnes touchées, leur fournissant des personnels spécialisés : psychomotricien, éducateur, orthophoniste, etc., qui interviennent dans des établissements d’hébergements et de soins pour former les personnels soignants. Parmi ses actions, l’association accueille chaque année un musicien qui, durant une tournée française, se produit en concert.

Après Nguyên Thanh Tùng en 2005, c’est Nguyên Hoàng Phuoc qui y participe en 2006. Il est né le 10 avril 1981 dans une famille d’agriculteurs de la commune de Long Thoi (Delta du Mékong), dans le sud-ouest du Vietnam. Les airs traditionnels ont bercé son enfance, maintenant il les chante et les joue à la flute, au luth à six cordes, à la guitare ou au piano électrique. Autodidacte, il a suivi un parcours scolaire tardif, admis en cours préparatoire à l’âge de 12 ans seulement à l’ école pour handicapés de Bên Tre. En 1997, il obtient le 1er prix du Festival national de chant des personnes handicapées organisé à Quang Tri. Un an plus tard, il reçoit le même prix à Hô-Chi-Minh Ville. En 2000, il triomphe également lors du Festival du chant en provenance du coeur organisé par l’Association des Aveugles à Hanoï.

Nguyên Hoàng Phuoc vient de terminer avec succès ses études secondaires, obtenant un baccalauréat, et rêve d’intégrer le Conservatoire National de Hô-Chi-Minh Ville pour poursuivre des études musicales, en particulier dans la section de musique traditionnelle, un genre qu’il apprécie particulièrement et dans lequel il excelle. Ses professeurs le poussent à poursuivre des études musicales et à composer, un domaine dans lequel ils estiment qu’il est très doué. Actuellement, Nguyên Hoàng Phuoc gagne sa vie en jouant dans un restaurant à Bên Tre, ce qui lui assure un revenu mensuel de 50 à 75€ (le salaire moyen est de 40€). Il travaille également comme professeur adjoint de musique dans l’école pour aveugles où il suivait ses cours. A l’occasion de sa tournée française, un enregistrement des interprétations de Nguyên Hoàng Phuoc sera effectué et le disque vendu au profit des actions de l’association Les enfants de la dioxine.

Laurent Lejard, novembre 2006.


Nguyên Hoàng Phuoc est en tournée en France jusqu’en décembre janvier 2007. Dates en Agenda Paris et Régions. Pour vous informer sur les ravages de l’agent orange, prenez contact avec l’Association Vietnam Les enfants de la dioxine, 24 rue Henri Martin, 94200 Ivry. Tél. 01 45 83 12 69 et 06 88 77 21 93.

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