L’info est tombée en pleine Semaine pour l’emploi des personnes handicapées : le ministre de la Fonction et de la Transformation publiques, Stanislas Guérini, annonce la création d’un programme de formation des agents à la création de pages Internet accessibles aux usagers handicapés. C’est la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM) qui l’a élaboré sous forme… numérique : « Un site internet unique pour orienter les administrations dans la mise en accessibilité de leurs sites, applications et démarches [et] Un nouvel outil d’audit d’accessibilité », communique le ministre.

Il n’est donc pas question d’organiser la formation « physique » des agents de la fonction publique de l’État par des actions en présentiel, pour employer un terme répandu depuis la crise sanitaire du Covid-19 qui a popularisé le télétravail. Non : ils devront s’auto-former à distance sur la base du volontariat, s’ils en ont le temps et le goût. Un spécialiste de l’environnement professionnel de la fonction publique de l’État estime une telle formation à distance inadaptée pour deux raisons : la suppression de postes dans la fonction publique laisse déjà moins de disponibilité aux agents pour participer à des stages, et l’âge moyen plutôt élevé des fonctionnaires ne les incline pas à employer des outils numériques de formation qu’ils maitrisent mal.

Mais l’essentiel est ailleurs : le précédent gouvernement a enclenché à marche forcée la dématérialisation de l’Administration sans organiser son accessibilité pour l’ensemble des administrés, dont ceux dont le handicap nécessite des adaptations. Il a élargi davantage la « fracture numérique » tout en lançant de pseudos mesures telle la mise en accessibilité de 200 des 250 formalités numériques les plus utilisées : elles ne sont que 90 à l’être pour 75% au moins des critères selon le dernier état publié le 16 novembre, et 3 seulement à 100% (soit une de moins qu’en juillet dernier). A 3 mois de la fin de l’année, il est certain que l’objectif gouvernemental de mise en accessibilité de 80% de ces formalités ne sera pas atteint. Mais pour le ministre de la Fonction et de la Transformation publiques, l’essentiel est ailleurs : affirmer qu’il agit, même si son action est aussi efficace que… pisser dans un violon.

Laurent Lejard, novembre 2022.

Partagez !