D’abord les cadeaux : l’Association Française contre les Myopathies (AFM) pourrait s’offrir cette petite merveille de raffinement technologique dans l’art de tuer expérimenté depuis dix ans et déjà obsolète qu’est ce fleuron de notre industrie militaire française, le Rafale de Dassault Aviation; son prix, un demi-milliard de francs, le montant exact de la générosité des donateurs au Téléthon 2000. L’AFM affectera cet argent à la recherche médicale, au soutien aux malades et à la préservation de la vie des gens. Pendant ce temps, le ministre de la Défense jouera avec les hélices toutes neuves et hors d’usage d’un porte- avions bourré de malfaçons et qui a coûté un nombre désormais incalculable de milliards de francs : 30, 40 avec les réparations des réparations, sans les avions s’il vous plaît, paquet cadeau et voyez caisse. Mais il paraît qu’on ne doit pas opposer défense nationale et santé publique…

Deuxième cadeau : le Projet de Soins Infirmiers (PSI – lire ce focus et l’édito du 24 novembre 2000) est renvoyé aux calendes grecques par la ministre de la Santé, Élisabeth Guigou. Les soins à domicile nécessaires aux personnes handicapées dépendantes continueront à être effectués par des infirmiers. La ministre s’est aperçue, cinq jours avant l’entrée en vigueur du PSI, que des soins allaient être confiés à des personnes sans formation (les auxiliaires de vie n’ont ni statut professionnel réglementé ni formation obligatoire) payées par les handicapés eux- mêmes. Avec quels sous ? Ceux des allocations ou des pensions, pas ceux de la Sécu. Économie de la santé ou économies sur la santé ?

Première désillusion : pour la deuxième fois, des chômeurs et les Rmistes pourront mettre un peu de saindoux sur leur volaille de Noël. Le gouvernement leur octroie une prime exceptionnelle de 1.000 francs pour un célibataire jusqu’à 3.000 francs pour une famille nombreuse. Les allocataires adultes handicapés ainsi que les « petits » pensionnés d’invalidité doivent être trop riches qu’on leur en accorde le bénéfice. Ils sont pourtant en dessous du seuil de pauvreté, fixé en France à 3.800 francs par mois.

Deuxième déception : toujours pas de Couverture Médicale Universelle à l’horizon. L’Allocation aux Adultes Handicapés augmentera le 1er janvier 2001 d’un montant suffisant pour maintenir les allocataires au- dessus du plafond de ressources à ne pas dépasser pour être éligible à la CMU. Les personnes handicapées ne bénéficieront donc pas d’une extension du 100% Sécu à l’ensemble de leurs dépenses de santé. Elles n’auront qu’à les payer avec leurs allocations inférieures au seuil de pauvreté. Quel dommage que monsieur Dassault ne soit pas le père Noël des personnes handicapées !


Laurent Lejard
, décembre 2000.

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