Alors que les médias se sont multipliés depuis le début de ce siècle, s’informer est paradoxalement devenu plus difficile. Où est la relation des faits et leur analyse ? Dans les journaux, les magazines, les radios et télévisions ? Oui, en grande partie, mais fréquemment avec une seule source, une dépêche d’agence de presse démultipliée sur les différents supports. Parce qu’au fil du temps, la diffusion des informations est devenue répétitive, la même sur les différents médias, généralement sans distance ni mise en perspective en rappelant les faits passés ou l’Histoire. C’est ainsi qu’en matière d’accessibilité, la lecture des actualités donne par exemple l’impression que la situation générale s’est améliorée grâce à l’organisation, à Paris, des Jeux Olympiques et Paralympiques, alors que dans la vraie vie c’est le contraire. On n’a cessé de l’écrire, mais ce qui ressort toujours dans les médias généralistes c’est l’héritage des Jeux, lequel a tout d’un château en Espagne

Ces dernières années ont vu apparaître les réseaux sociaux et les influenceurs comme sources d’information. Sur les premiers, alimentés par tout le monde, sont diffusées des news fréquemment fantaisistes, des rumeurs devenues infos du fait de leur publication, des délires complotistes, élucubrations d’escrocs ou de charlatans. Globalement, la fiabilité n’y est pas. Il en va de même avec les camelots et propagandistes que sont les influenceurs. Dans le secteur du handicap, ils vendent un récit plus ou moins imaginaire, fantasmé, de leur vie présentée comme un aspect de la réalité alors qu’il s’agit essentiellement de business pour rémunérer des clics et vendre des marques ou des conférences.

Dans le même temps, les quelques médias d’information sur les handicaps ont connu des difficultés, et la plupart de ceux créés à la fin des années 1990 et au début de notre siècle ont disparu. Qui se souvient encore d’Handimag, Handi-long, Handiweb, du magazine Déclic d’Handicap International ? Cette année, c’est la radio Vivre FM qui a fermé par la volonté de son repreneur, la Fondation OVE, cinq mois après l’arrêt définitif du magazine Être, le seul à avoir été vendu en kiosque, victime des errements du CCAH-Place pour tous conduisant à sa liquidation. Outre votre magazine, il ne reste donc plus que trois médias numériques d’information des personnes handicapées.

Depuis 25 ans, Yanous.com relate des faits, réalise des reportages et des enquêtes fouillées, analyse les politiques publiques et les actions privées, présente les innovations comme les régressions, en toute indépendance des associations nationales, ce qui déplaît d’ailleurs à la plupart de leurs dirigeants allant jusqu’à refuser d’exprimer leurs points de vue et analyses quand l’actualité le justifie. Eh oui : la censure sévit dans le domaine du handicap comme dans bien d’autres. Informer est difficile, pour décrypter ce que dissimule la langue de bois des décideurs et politiciens, contourner la propagande des pouvoirs publics, donner la parole à ceux qui agissent vraiment pour le bien de tous sans forcément chercher un profit personnel. Cela avec le soutien de partenaires fidèles qui contribuent à l’existence de votre magazine : qu’ils en soient chaleureusement remerciés ! Et aussi celui de lecteurs que l’on espère toujours plus nombreux afin que les personnes handicapées puissent pleinement vivre en société grâce à une information sérieuse et pertinente. C’est ce soutien, le vôtre, qui fait vivre Yanous : encore merci !

Laurent Lejard, octobre 2025.

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