Il n’y a actuellement aucun enfant sourd à l’école maternelle Georges Brassens de Ploeren (Morbihan). Pourtant, deux agents techniques spécialisés d’accompagnement auprès des élèves (ATSEM) ont appris la LSF : « Ma collègue l’a apprise la première, j’ai eu envie de pratiquer la langue des signes comme elle, explique Fabienne Le Daniel. C’est une langue à part entière, un autre moyen de communiquer et de fonctionner avec son corps, proche du théâtre et du mime ». Lors de la garderie du soir, elle pratique avec des enfants très demandeurs, sous forme de devinettes par exemple. Et à l’occasion d’une récente journée portes ouvertes à l’école, les parents d’un enfant sourd âgé de neuf mois ont décidé de scolariser leur petit dans cette école maternelle en 2011.
À Brest, l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) a ouvert en ce mois de janvier 2010 une formation de premier niveau : destinée aux étudiants en complément de leur cursus, aux salariés et aux demandeurs d’emploi dans le cadre de la formation continue, elle vise à tenir une conversation signée simple. La première session a suscité un réel intérêt, avec une quarantaine de candidats pour 15 places, bien que 10 seulement aient pu finalement l’intégrer : en effet, les intempéries hivernales, des difficultés de concilier l’emploi du temps d’un autre cursus avec les horaires de formation ainsi que des problèmes administratifs subis par les salariés ou les demandeurs d’emploi ont gêné la plupart des personnes intéressées. En septembre 2010, l’UBO lancera toutefois une formation de deuxième niveau, pour acquérir le vocabulaire et la syntaxe nécessaires à des échanges soutenus en Langue des Signes Française. Ces deux formations sont chacune sanctionnée par un Diplôme d’Université. L’objectif est de former des interfaces travaillant dans le secteur touristique, ou assurant l’accueil du public sourd dans le cadre d’une activité professionnelle ou l’enseignement.
À Nantes, ce sont des élèves de l’école d’orthophonie qui ont décidé d’organiser une formation de base à la langue des signes, ainsi qu’une découverte du monde des Sourds : « La première année des études d’orthophonie comporte une initiation à la langue des signes, explique Nuria Prigent. On a eu l’idée d’approfondir, en étendant cette formation à la langue des signes à l’ensemble des étudiants de l’université de Nantes ». Avec trois autres élèves, elle a mobilisé des partenaires pour obtenir les subventions nécessaires à l’organisation de cours destinés à 120 étudiants, dont la moitié d’élèves de l’école orthophonie. « Il y a eu une demande importante, on a dû laisser une centaine d’étudiants en liste d’attente », poursuit Nuria Prigent. Grâce aux subventions recueillies, la formation de 27 heures est réalisée par groupes de 12, chaque participant s’acquittant d’une participation modique de 50€. Les cours sont dispensés par le Centre Socio-culturel des Sourds de Loire-Atlantique (CSCS 44), qui a serré son prix pour entrer dans le budget de 12.000€ que les quatre élèves ont réuni. Les étudiants proviennent essentiellement des facultés de lettres, sciences humaines et médecine. Les quatre élèves orthophonistes porteurs de cette réalisation remarquable aimeraient bien la pérenniser par une intégration au sein du budget de l’université, mais ils se heurtent à l’obstacle financier que cela représente. Ils espèrent néanmoins y parvenir, tant ils ont constaté un réel engouement de leurs camarades pour la découverte de la langue des signes.
Laurent Lejard, janvier 2010.