Lors d’un séjour aux Etats-Unis, Nathanaëlle Bouhier-Charles a découvert une méthode de communication entre parents et enfants par l’utilisation de signes employés par les Sourds. Cette méthode vise à donner aux parents et aux bébés les moyens de mieux communiquer et de se connaître. Nathanaëlle Bouhier-Charles inscrit sa démarche dans ce qu’elle appelle la parentalité sans violence : comprendre l’enfant pour mieux le respecter. « Parce que j’avais envie d’avoir des liens forts avec mes enfants, tous entendants, précise-t-elle. On a rencontré la langue des signes aux USA, quand on nous a proposé de signer avec notre bébé. » Une méthode qu’elle apprécie à l’égal des célèbres bébés nageurs : « Quand on est très à l’écoute de son enfant, de la manière dont il communique, on voit s’il comprend le signe, dans ses mimiques, ses bruits. Je le remarque bien avec mon bébé âgé de huit mois, quand il cogite ! »

Tous les signes présentés dans le livre existent déjà dans le vocabulaire, sauf « Doudou », dérivé de tétine, et « Écharpe de portage », adaptation de croisé. « J’ai participé à un atelier en région parisienne, il y a quelques temps, explique Nathanaëlle Bouhier-Charles. Les parents avaient des porte-bébés, une maman sourde nous a aidé à créer le signe qui désigne cette écharpe dans laquelle on porte un enfant. Par contre, Doudou est un signe assez intime, il doit y en avoir un par parent sourd. » L’introduction dans des réunions de parents de quelques signes, sans grammaire, change leur perception de la LSF et leur donne envie d’en approfondir la connaissance : « Des parents me disent ‘je voudrais bien me mettre à la LSF, mes voisins sont sourds, je n’osais pas leur parler’. Le fait que les parents se sentent à l’aise avec les signes de base leur donne envie d’aller plus loin. » Nathanaëlle Bouhier-Charles utilise certains des aspects pratiques de la LSF, pour communiquer avec ses enfants quand il sont éloignés ou qu’il y a trop de bruit, mais pas comme un « langage secret ».

Des « parents signeurs » se sont regroupés au sein d’une liste de diffusion sur Internet : « On y trouve des parents sourds ou entendants, ou ayant des difficultés d’apprentissage du français, rapporte Nathanaëlle Bouhier-Charles. Les parents constatent que le signe rassure leur enfant, et l’ouvre aux autres. » Elle rejette l’argument des professionnels de l’éducation et des médecins qui affirment que la communication par signes retarde l’acquisition du langage parlé chez les enfants entendants : « Les professionnels français ont un avis arrêté sans avoir étudié le sujet. Ce qui est important, c’est ce que disent les parents. En fait, le signe régresse quand l’enfant commence à parler, puis il revient. Il reste un jeu pour mes enfants de 4 et 3 ans : ils ont gardé une curiosité pour les signes, ils les utilisent pour communiquer avec une personne étrangère, ils veulent les faire partager. Leur utilisation peut dépasser l’âge de la petite enfance; mes enfants savent qu’il y a plusieurs manières de nommer un objet. »

Quel sera l’avenir des Bébés Signeurs ? Ceux qui veulent approfondir cette approche devront essentiellement consulter des ressources documentaires américaines. Nathanaëlle Bouhier-Charles souhaite quant à elle diffuser cette méthode à travers deux types de stages de formation : les premiers destinés aux parents afin qu’il la découvrent et apprennent à l’utiliser, les seconds orientés vers les éducateurs et autres professionnels afin qu’ils acquièrent les connaissances nécessaires pour la diffuser à leur tour. Pour un succès identique à celui des bébés nageurs ?

Laurent Lejard, mai 2006.

Signe avec moi, par Nathanaëlle Bouhier-Charles et Monica Companys, Éditions Monica Companys, B.P 82004, 49016 Angers cedex 01. 30€. Diffusion chez l’éditeur. Informations complémentaires, forum et programme des formations sur ce site dédié.

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