Infirme moteur cérébral âgé de 35 ans, Samuel Redelsperger vit dans le centre de Strasbourg, après une enfance dans le Haut-Rhin. S’il a été scolarisé quand il vivait à Pfastatt, c’est de manière hachée, insatisfaisante, sans exigence des personnels enseignants ni bonheur d’être inclus parmi les autres enfants. Il a quitté le secondaire avant le baccalauréat. C’est son besoin d’apprendre, sa soif de culture, et la rencontre « des bonnes personnes au bon moment » qui ont construit un homme « adepte de l’instruction de la vie. »

Question : Qu’est-ce qui vous a conduit à écrire, et plus particulièrement ce court roman Venimeux malgré lui ?

Samuel Redelsperger

Samuel Redelsperger : L’écriture a toujours fait partie intégrante de ma vie. J’écris depuis que je suis tout petit. J’ai toujours aimé écrire des histoires. Ce qui m’a conduit à écrire ce roman, c’est un concours de nouvelles qui devaient traiter de la métamorphose. Je participais à l’époque à un atelier d’écriture à Strasbourg, à distance pendant le confinement, et l’animateur m’en a parlé.

Question : Venimeux, c’est votre premier texte publié ?

Samuel Redelsperger : Tout à fait. Quand j’ai eu les résultats du concours sur le thème de la métamorphose, j’ai tout de suite décelé le potentiel de ce que j’étais en train d’écrire. J’avais contacté ma maison d’édition actuelle qui m’avait dit « on est très intéressés mais il faut au minimum 20 pages. » J’ai passé plusieurs mois à étoffer ce récit, et ça a donné le roman que vous avez lu.

Question : Une recherche sur la vipère à cornes, sa symbolique ou une histoire semblable à la vôtre, ne donne rien sur le web. Quel a été votre inspiration ?

Samuel Redelsperger : J’ai la phobie des serpents, donc je trouvais intéressant de me confronter et de travailler là dessus. Cette phobie a été déclenchée quand j’étais petit, et donc pour le concours je me suis dit « si tu prends un animal lambda, ça sera trop facile. »

Question : Vous avez ancré cette histoire en Algérie, dans le désert saharien. Qu’est-ce qui, dans votre histoire personnelle, vous rattache à ce pays ?

Samuel Redelsperger : L’Algérie est le pays d’origine ma grand-mère, à l’époque où l’Algérie était française. Voilà pourquoi j’ai rattaché l’histoire à ce pays-là.

Couverture du roman Venimeux malgré lui

Question : Dans cette cette histoire de métamorphose, il y a une malédiction, les esprits, les djins, c’est par votre grand-mère que vous avez été imprégné de cette culture, de cette mythologie ?

Samuel Redelsperger : Non, parce que ma grand-mère ne parlait pas beaucoup de son pays. Néanmoins je l’ai toujours connue avec une certaine nostalgie de ce pays-là. J’ai utilisé l’univers un peu mystique, magique, parce qu’en écrivant l’histoire j’ai fait des recherches bien sûr, et je trouvais que l’univers magique et mystique me correspondait, il m’avait attiré tout de suite.

Question : Techniquement, vous écrivez comment ? Vous utilisez un ordinateur, une dictée vocale, le clavier ?

Samuel Redelsperger : J’utilise souvent la dictée vocale. Je peux aussi parfois tracer de toutes petites phrases, écrire au clavier moi-même, mais là, c’est plutôt l’auxiliaire de vie qui écrivait sous ma dictée.

Question : A cet égard, on trouve sur Internet un article de décembre 2010 qui relate comment avec l’aide de la Coordination Handicap et Autonomie vous avez construit votre parcours de vie autonome…

Samuel Redelsperger : Sans les aides à domicile, je n’aurais pas pu faire la moitié de ce que j’ai fait. Et je ne parle pas que du roman, je parle des voyages que j’ai effectués et de la vie quotidienne que je mène. Très tôt, j’ai eu un besoin d’indépendance très prononcé. Je n’ai pas apprécié les foyers de vie et l’institution dans laquelle j’étais. J’ai toujours voulu vivre en appartement avec mes propres auxiliaires de vie. Je sais ce que je leur dois, et je les remercie grandement.

Propos recueillis par Laurent Lejard, mars 2023.

Venimeux malgré lui, par Samuel Redelsperger, éditions Jets d’Encre, 13,70€. Samuel Redelsperger participera les 29 et 30 avril 2023 au salon du livre de Vichy (maison des associations, place Charles de Gaulle) pour présenter et dédicacer son roman.

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