De construction simple, design et adaptée, la maison d’Adam Burner bâtie à Boersch (Bas-Rhin) à côté de celle de ses parents lui permet de vivre en autonomie. Élaborée par un père entrepreneur, elle comporte tous les équipements nécessaires au jeune homme devenu tétraplégique C5-C6 depuis un accident survenu il y a trois ans. Le dispositif le plus innovant est un cylindre rotatif baptisé OTO (pour autonomie) et contenant cuisine, salle de douche, WC séparé et placard : motorisé, il masque ou ouvre l’usage de ces éléments en fonction des besoins. « Il m’a fallu un temps d’appropriation, explique Adam Burner. La douche peut se trouver face au lit pour y aller plus facilement. Je me lave seul, le placard servant de brise-vue. J’ai davantage de bien-être, d’intimité, de liberté. » S’il a encore besoin d’aide pour les transferts, il poursuit sa rééducation pour atteindre ce niveau d’autonomie et accéder de nouveau à la conduite d’une automobile, et apprécie déjà de se débrouiller seul dans une maison de 55 m² très fonctionnelle.

Toute la superficie est utilisable, sans espace perdu en couloir et dégagements du fait du regroupement des salles « humides. » Adam peut cuisiner grâce au plan de travail réglable en hauteur, une plaque de cuisson à induction sans risque de brûlure, un four grill micro-ondes intégrant dessous un mini lave-vaisselle, un réfrigérateur horizontal monté sur tiroir. « Je suis gaucher, on a tout fait en fonction de cela : je prépare à droite, je cuis au milieu et refroidis à gauche où se trouve l’évier », ajoute Adam. La salle de douche est dépourvue de siège fixe, Adam préférant un fauteuil mobile pliant sur lequel il tient mieux assis et qui n’encombre pas la pièce pour ses visiteurs. La cuvette des WC est autonettoyante. Dans la paroi est encastré un petit lave-linge séchant à commande numérique… en coréen : Adam a dû apprendre à lire cette langue, ce modèle unique n’étant disponible en français que tout récemment. Le placard est constitué de deux grands tiroirs verticaux de rangement montés sur roulette. Seul bémol : Adam ne dispose pas de débarras : « Personnellement, j’ajouterais un sas de rangement pour le matériel adapté, dont mon fauteuil électrique utilisé à l’extérieur. »

Une invention familiale

Le système OTO tout-en-un a nécessité de créer un procédé technique innovant pour l’évacuation des eaux usées conçu par son père, Nicolas Burner : « Avant mon fils, je me suis occupé d’un ami architecte qui a eu un accident qui l’a rendu hémiplégique. J’ai reconstruit sa maison pour qu’elle soit la plus adaptée possible. Le jour de la crémaillère, il m’a dit « Nicolas, lorsque je regarde un film, je préfère faire dans ma culotte plutôt que de rater le film » ! J’ai donc cherché à tout rassembler au même endroit. Un ami m’a dit qu’il faudrait réfléchir beaucoup pour trouver un système de canalisation. » Une réflexion opérationnelle aujourd’hui grâce au système rotatif breveté employé quotidiennement par Adam depuis près de deux ans.

Projet de maison booa

Fort de cette expérience, son père prépare pour cet été un premier programme de construction et commercialisation à Dinsheim-sur-Bruche, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Strasbourg. « On travaille sur un module pour trois maisons booa, deux à la vente, la troisième en location. Le module peut s’implanter dans n’importe quelle construction. Si on passe à l’industrialisation on aura la possibilité d’ajouter des placards mobiles et d’autres options. On est là pour aider les personnes, leur faire gagner du temps. » Le système rotatif réduit en effet les minutes passées à se préparer matin et soir, au lever comme au coucher, et simplifie le quotidien. L’ensemble pour un prix de vente estimé (hors coût du terrain) à 180.000€ hors taxes pour une maison de 80 m² équipée et domotisée. Nicolas Burner espère en réduire le coût final par l’obtention du taux de TVA réduit de 5,5% pour le système OTO, des discussions étant en cours avec l’administration fiscale.

Partie chambre de la maison, avec WC et placard à proximité

A la suite de sa présentation en mai dernier à la presse locale, la maison d’Adam a connu un début de notoriété. « Il y a eu beaucoup de retombées après les articles de presse, 200 appels téléphoniques. Des parents ont appelé pour leurs aînés ou leurs enfants, ainsi que des hôteliers. On a reçu la visite du sous-préfet, de maires, de collectivités locales, une vingtaine de visites au total. Ce qui m’a conduit à inventer, c’est la problématique de mon fils. Je suis un homme totalement libre, on doit apprendre la vie par la liberté, et je dois donner la liberté à mon fils. Plus il le sera, plus je le serai. Il se lave, cuisine, tout a été étudié pour qu’il retrouve sa vie au maximum. »

Laurent Lejard, février 2023.

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