Le public ne se pressait guère devant les locaux du Berry Républicain, le 17 août dernier, pour accueillir à Vierzon (Cher) les marcheurs qui terminaient leur périple mais l’émotion était bien là, avec Maxime Brousmiche, plus familièrement appelé Maxou. Il avait donné le départ à Clermont-Ferrand mais ne devait pas assister à l’arrivée au terme de 320 kilomètres parcourus en six jours : « On s’est dit avec ma mère pourquoi pas faire la surprise à ces guerriers et parcourir les cinq derniers kilomètres avec eux ? » Tous ont voulu soutenir la volonté d’un jeune sportif infirme moteur cérébral qui se déplace en fauteuil roulant et refuse la seule solution que lui proposent les médecins français : couper les tendons musculaires qui rétractent ses membres, et par conséquent faire disparaître sensibilité et douleurs, en le laissant alité nuit et jour ! C’est dans un programme de rééducation intensive suivi en Espagne et avec un complément neurologique en France que Maxou est parvenu à retrouver une position assise classique, avec maintien des jambes, et l’usage de son bras gauche. Mais voilà, les soins à l’étranger ne sont pas pris en charge par la Sécurité Sociale et il doit trouver les 5.000 euros annuels nécessaires pour ce séjour de rééducation intensive : l’Europe des soins de santé reste à construire. Alors c’est l’association Maxou pas à pas qui organise collectes et actions de solidarité, réunions d’information et de sensibilisation.

En Espagne, Maxou suit une thérapie de sportif de haut-niveau comportant chaque jour quatre heures matinales de rééducation pour gagner en autonomie et déplacement, faciliter sa vie : kiné, ergothérapie, ostéopathie, acupuncture, relaxation. L’objectif vise à réduire et maitriser la spasticité qui génère des mouvements incontrôlés et des rétractions musculaires. Maxou explique qu’il peut désormais faire ses transferts sans aide, s’habiller, se laver : « Avant, c’était impossible parce que j’étais recroquevillé sur moi-même. » Sa mère ajoute : « Aucune structure de soins ne s’occupe de lui en France, on a perdu confiance. Il y a 7 ans, il était tellement rétracté qu’il était plié en deux, les jambes en-dessous du fauteuil ! La volonté, on en a plein, Maxou nous donne du courage, je l’appelle mon guerrier ! » Maxou réside à Saint-Etienne où il est capitaine de l’équipe de foot-fauteuil de l’ASSE, les célébrissimes Verts, loge au centre de formation du club et bénéficie d’un encadrement de qualité pour poursuivre une kiné d’entretien. « On fait partie intégrante du club professionnel, comme Dijon, Niort et Vannes. » Mais sa santé l’a obligé à arrêter ses études au brevet des collèges, ce qui ne lui permet pas d’envisager d’aller sur le marché du travail : « On peut faire des études mais si on est dans un lit, ça ne sert à rien. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas fait d’études qu’on ne peut pas réfléchir ! »

Près d’un an de préparation aura été nécessaire à l’organisateur, Jean-Luc Léger, sportif de haut-niveau, pour réaliser cette marche : « J’ai rencontré Maxime lors d’un trail il y a 5 ans, il participait sur une joëlette et je l’ai accompagné avec des copains, ça a créé des liens, une sympathie. J’ai participé avec lui à des entrainements de foot-fauteuil. » Touché par le parcours et la volonté du jeune homme, Jean-Luc Léger a consacré son projet caritatif annuel à l’association Maxou Pas à pas pour collecter des fonds, organiser des réunions locales d’information, sensibiliser. » Aide médico-psychologique à Clermont-Ferrand, il connaît bien la réalité de la situation des jeunes handicapés : « Aujourd’hui, le Gouvernement, qu’il soit de droite ou de gauche, ne met pas les moyens nécessaires à intégrer les personnes en situation de handicap dans l’ensemble du monde économique; pour moi il y a une exclusion. »

Perception qui l’a amené à participer à la contestation citoyenne de l’automne et l’hiver dernier, ce qui s’est avéré utile pour organiser la marche pour Maxou. « J’ai participé au mouvement des gilets jaunes dès novembre, et à la marche pour la vie [à ne pas confondre avec celle, annuelle, d’opposants farouches à l’interruption de grossesse NDLR] qui était partie de Perpignan en janvier pour porter la parole des personnes en situation de handicap. Pendant ce parcours, j’ai rencontré d’autres gilets jaunes et je me suis servi de ces contacts comme points d’appui pour des hébergements. La solidarité n’est pas que revendicative, c’est aussi un réseau pour aider des personnes handicapées. » Et qui compense le refus de certains maires de prêter une salle pour organiser une réunion d’information, comme à Montluçon (Allier). « Cette solidarité fait chaud au coeur parce que ce n’est pas tous les jours qu’on est aidés, appuie la mère de Maxou. Maxime a 21 ans, il touche moins les gens que si c’était un enfant et on a du mal à récolter des fonds. » Cette solidarité contribue à offrir à Maxou la vie la plus autonome possible : « Le sport m’aide à m’épanouir. J’aime donner en fait, il ne suffit pas de recevoir. J’aime aller au contact des autres dans divers organismes pour soutenir des gens. Mon projet est de profiter de la vie au maximum parce qu’elle peut s’arrêter à tout moment… »

Laurent Lejard, septembre 2019.

Partagez !