Equilibres en est à son deuxième numéro. Graphisme élaboré, style soigné, on sent immédiatement une recherche dans ce magazine, celle de la qualité éditoriale : « J’ai proposé ce projet à la Délégation de Paris de l’Association des Paralysés de France, par envie de mêler mes envies personnelles et professionnelles, précise Florent Martinez. J’ai trouvé qu’il manquait une dimension à l’action en faveur des personnes handicapées, une dimension humaine : la culture est un espace privilégié pour faire passer cette dimension. L’idée de créer Equilibres est venue de là, comme un espace de réalisation d’une idée abstraite : rendre moins nette la frontière entre handicapés et valides. Notre ambition est de construire un magazine culturel et de société. Mais en 16 pages, il faut faire des choix ». Equilibres veut s’adresser aux adhérents de l’A.P.F mais aussi aux autres. La revue est diffusée gratuitement pour l’instant, la Délégation couvrant le coût de réalisation. Vous pouvez donc la télécharger au format P.D.F en suivant ce lien. Au sommaire du numéro 2, vous pourrez notamment découvrir un entretien avec l’auteure Anna Fradet à l’occasion de la parution de « Chez moi on ne crache pas par terre », une rencontre avec la compagnie de danse Tatoo et un compte- rendu richement illustré des activités du Cercle Culturel de l’A.P.F.

C’est grâce à son réseau que le magazine est édité et diffusé. Florent Martinez en est le rédacteur, défrayé mais pas rémunéré: « Pour une meilleure diffusion, il faudrait de la publicité ou du mécénat, mais les choses avancent lentement. Nous aimerions manifester encore davantage le caractère ouvert du magazine aux artistes valides comme aux autres handicaps ».

Florent est un intellectuel au sens noble du terme; ses études de philo lui ont laissé le goût de la réflexion et de la lecture (poésie et littérature), mais il aime également le cinéma. « J’ai lu depuis mon plus jeune âge; je ne me sens à l’aise que dans le livre, l’image, ce qui conserve un caractère désintéressé ». Côté arts plastiques, c’est la peinture classique qui a sa prédilection, avec une vraie passion pour Goya. Tout en s’affirmant curieux de tout, Florent n’a pas d’attirance particulière pour l’avant- garde et se rend peu au spectacle : « Se déplacer le soir dans Paris est difficile et stationner quasiment impossible ». Une polyarthrite lui a laissé d’importantes séquelles, l’obligeant à se déplacer en fauteuil roulant électrique, ne lui autorisant que peu de mobilité au niveau des membres supérieurs. Aussi, aller au spectacle avec une fourgonnette dans laquelle il entre par le coté droit pour s’installer au volant sans quitter son fauteuil est une gageure, un vrai risque : le soir, les emplacements de stationnement réservés ne sont pas respectés à Paris, la circulation sur les trottoirs est compliquée par la présence de voitures aux angles de rues, là où sont les abaissés permettant de traverser. Un optimiste indécrottable tenterait bien sa chance en bus… mais risquerait de ne pouvoir sortir du véhicule à l’arrêt de son choix tant les voitures stationnent anarchiquement.

Malgré de petits moyens, Florent Martinez s’efforce d’ouvrir l’horizon : « J’ai l’impression que les lecteurs, passée la surprise, aiment cette circulation d’air. J’essaie d’être objectif, de présenter une démarche ». Tout en restant à l’écart des mouvements à la mode, même s’il envisage un « plan de campagne » pour se faire mieux connaître dans les milieux culturels.

Laurent Lejard, décembre 2003


Equilibres est édité par l’A.P.F, délégation de Paris, 22 rue du Père Guérin 75013 Paris. Tél. 01 44 16 83 83.

Partagez !