Décidément, les promesses du Président de la République ne sont pas tenues. Il avait proclamé le mois dernier : « Il y aura un professeur devant chaque classe. » Les deux premières semaines d’école montrent qu’il n’en est rien : des milliers de postes n’ont pas été pourvus, parce que les concours de recrutement ont été déficitaires en nombre de candidats reçus et que le recrutement complémentaire de contractuels prend du temps, même si le ministère de l’Éducation nationale affirme qu’il a été anticipé. Cette rentrée est également marquée par la mise en oeuvre d’un palliatif au manque de professeurs, le pacte enseignant : moyennant un complément forfaitaire annuel de rémunération, des titulaires acceptent des heures de remplacement de collègues absents tout en effectuant leurs heures normales. Sur un objectif de 30% de signataires, moins du tiers est atteint.

Une autre promesse non tenue d’Emmanuel Macron concerne les Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap dont le salaire est nettement insuffisant pour vivre, comme il l’avait lui-même reconnu lors de la Conférence Nationale du Handicap du 26 avril dernier : « Les AESH qui le souhaitent pourront avoir un temps plein et passer à 35 heures dès la rentrée 2023 pour sécuriser leur situation professionnelle et éviter qu’un élève soit soudain laissé à lui-même. » Gain salarial espéré, 400 à 500 euros par mois. Mais c’est raté puisque la contrepartie en travail supplémentaire (cantine, activités périscolaires) n’a pas été engagée contrairement au second volet de la promesse présidentielle : « La complexité de notre organisation fait que ce n’est pas du temps Éducation nationale, mais du temps qui est plutôt du côté des collectivités locales. Et donc nous allons finaliser l’accord pour que ce soit pleinement valorisé. D’ici à la rentrée, la solution sera trouvée et financée. » Depuis cette déclaration, les discussions avec les collectivités locales, principalement la représentation des communes, n’ont pas été engagées et le chantier est au point mort. Conséquence logique : si quelques municipalités financent des heures complémentaires, la très grande masse des AESH continue à travailler sur des contrats à temps partiel de 24 heures au mieux.

« On a été informé en juin par le ministère de l’Éducation nationale que ce serait pour la rentrée de septembre 2024, précise Virginie Cassand, AESH et syndicaliste du SNES AESH. On pourrait alors s’occuper de tous les élèves, même s’ils ne sont pas notifiés par leur Maison Départementale des Personnes Handicapées. » Il serait proposé aux accompagnants un mix avec les Assistants d’Éducation (AED) pour un temps de travail de 35 heures hebdomadaires, avec des tâches variables au fil de la journée : surveillance, contrôle des entrées et des absences, ouverture de la bibliothèque, aide aux élèves handicapés, encadrement des turbulents, etc. « De nombreuses réactions en opposition à ce projet ont eu lieu, ajoute le SGEN-CFDT. Notamment du fait de la considération du sens du métier d’AESH. Mais aussi parce qu’il y a un problème de soutenabilité du travail hebdomadaire. On le voit déjà dans des situations d’AESH qui ont à la fois des temps de travail Éducation Nationale et des temps de travail dans la commune et pour qui il peut y avoir des journées à rallonge sans pause. » Ces syndicats demandent l’intégration de ces personnels dans la fonction publique et un vrai statut, il est peu probable qu’ils soient satisfaits : « A ce stade, poursuit le SGEN, nous avons appris qu’il n’y aurait pas de fusion à proprement parler mais un nouveau statut. Cela demande du temps dans la mise en place et prendra très certainement encore de nombreux mois. »

« Les paroles s’envolent, les écrits restent », dit le proverbe. Le vent a dû souffler très fort…

Laurent Lejard, septembre 2023.

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