Le 10 avril au soir, 10 des 12 candidats au premier tour de l’élection présidentielle rentreront chez eux. La plupart savent déjà qu’ils ne seront pas qualifiés pour le second tour du 24 avril mais quelques-uns nourrissent l’idée d’un miracle qui renverserait les pronostics. Rappelons que les sondages pondus par des spécialistes aussi pontifiants que médiatiques se plantent à chaque scrutin, les électeurs français semblant prendre un malin plaisir à les décrédibiliser. Pourtant rien n’y fait, ces sondages demeurent abondamment commentés par des journalistes paradoxalement en mal de matière éditoriale.

Ils en ont besoin parce que l’élection présidentielle 2022 se caractérise par le vide : aucun débat de société mais des propositions plus ou moins sérieuses qui tombent comme à Gravelotte, un Président sortant candidat à un second mandat qui ne fait pas campagne, restant perché jusqu’au bout en cette période de crise mondiale, qui est aussi économique, générée par l’agression de l’Ukraine par la Russie. Un Président absent du débat, une guerre pas si loin de nos frontières : la campagne électorale s’en ressent, amorphe, terne, sans relief.

Les citoyens handicapés ont pourtant été davantage mis en évidence cette fois, avec la mobilisation d’associations nationales organisant des événements pour susciter le débat. Avec des fortunes diverses : deux candidats seulement pour le Handébat organisé dans la parisienne Maison de la radio et de la musique (mais non retransmis sur ses antennes) et des seconds ou troisièmes couteaux représentant cinq autres ; cinq candidats ont donc totalement ignoré l’initiative. Rien de transcendant ici, d’autant que deux officines pro-Macron figuraient parmi les partenaires co-organisateurs : une association courroie de transmission du parti présidentiel LREM dans le monde du handicap, et un média habitué aux interviews de complaisance de Sophie Cluzel, secrétaire d’État aux personnes handicapées, qui s’exprimait au nom du Président-candidat.

Le Collectif Handicaps (ex-Comité d’Entente) avait, lui, organisé un Grand Oral, entretiens sur des sujets handicap avec les candidats. Six seulement ont répondu, c’est déjà mieux, le Président-candidat déléguant deux porte-paroles. Or, le Collectif Handicaps qui avait fixé comme règle de ne recevoir que des candidats, l’a lui-même violée au profit du Président-candidat. On dit que les absents ont toujours tort : cette triste campagne électorale montre que tel n’est plus le cas.

Laurent Lejard, avril 2022.

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