Alors que notre pays connaît un important sursaut de croissance économique, les salaires et les minima sociaux restent bloqués en pleine poussée inflationniste : + 2,4% d’augmentation de l’indice des prix à la consommation en un an, ce qui n’était pas arrivé depuis deux ans. Cela va davantage encore détériorer la capacité des bénéficiaires des minima sociaux à payer des factures d’électricité et gaz qui s’alourdissent considérablement, du fait d’une forte hausse des hydrocarbures mais également parce que les fournisseurs en profitent pour engranger plus d’argent : 2022 sera probablement l’année du lancement d’un plan de construction de nouvelles et très coûteuses centrales nucléaires pour remplacer les actuelles, anciennes et bientôt obsolètes voire dangereuses. Il y a énormément d’argent à se faire dans le nucléaire, et nos politiciens ne sont pas prêts à abandonner cette filière pourtant périlleuse.

Face à ce débordement d’argent, la pauvreté frappe durement et quotidiennement les personnes handicapées qui survivent « grâce » aux minima sociaux, comme le rappelle une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Elle relève que 28% des bénéficiaires sont reconnus handicapés (1,4 millions de personnes), dont la moitié touchent l’Allocation Adulte Handicapé (AAH), un tiers le Revenu de Solidarité Active (RSA), 15% le minimum vieillesse et 8% l’Allocation Solidarité Spécifique (ASS) : « Ils sont plus nombreux à être exposés à la pauvreté en conditions de vie, le plus souvent à des restrictions de consommation. Leur état de santé est moins bon et leurs relations sociales moins intenses. » A cela s’ajoute le renoncement aux soins entraînant un état de santé dégradé qui les sur-handicapent, et des relations familiales et personnelles moins fréquentes, résultat de de la perception des handicaps mais également des restrictions de sortie résultant de l’absence de moyens financiers.

Un constat qui ne semble pas intéresser nos dirigeants, d’ores et déjà entrés en campagne pour l’élection présidentielle du printemps prochain. Les ministres multiplient actuellement les visites de terrain partout en France pour vanter l’action gouvernementale et brasser beaucoup d’air, passant peu de temps dans leur bureau. Pourtant, on ne sent à aucun moment une réelle empathie avec les conditions de vie difficiles de nombre de nos compatriotes, mais plutôt une fuite en avant chaussée de lunettes roses pour convaincre de reprendre cinq années supplémentaires de Macronisme. Et comme d’habitude, pendant que les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent : à croire que ce que les premiers gagnent en plus est pris dans la poche des seconds…

Laurent Lejard, septembre 2021.

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