La
représentation politique des personnes handicapées fait très rarement
l'objet d'un débat politique; celui qui s'est déroulé à l'Assemblée
Nationale est le plus récent en date. Un député de l'opposition
de droite, l'Alsacien Laurent Furst, a défendu l'obligation de
présenter au moins un candidat handicapé sur chaque liste de candidats
à l'élection au Parlement Européen de mai 2019. Le scrutin sera
en effet organisé en circonscription unique comptant tous les
électeurs de Métropole et de l'Outremer. Ils voteront pour la
liste de leur choix comptant 79 candidats élus à la proportionnelle.
Ce mode de scrutin de liste nationale est propice à la représentation
de la diversité de la population et il sera intéressant d'étudier
comment les partis politiques s'approprieront cette possibilité.
Parce que visiblement ce n'est pas gagné pour les citoyens handicapés
: "Nous savons tous que les personnes handicapées sont largement
sous-représentées dans la classe politique ou parmi les élus,
déclarait Laurent Furst à ses collègues députés. Ce scrutin nous
offre une occasion unique de faire accéder à des fonctions électives
des personnes handicapées." Avec un seul parlementaire handicapé,
le député Les Républicains Damien Abad, on ne peut effectivement
que faire mieux. A l'appui des dires de Laurent Furst, la proposition
d'instaurer l'obligation de présenter au moins une personne handicapée
sur chaque liste.
"Inconstitutionnel !" lui a répondu le rapporteur du projet de
loi, Alain Tourret, du parti présidentiel La République En Marche
(LREM) : "Nous ne pouvons pas prévoir des catégories de Français
susceptibles d'être élus et favorisés par le scrutin pour l'élection".
"C'est totalement faux !" répond Laurent Furst. La ministre représentant
le Gouvernement appuie l'avis du rapporteur, puis le député LREM
Ludovic Mendes enchaine sur une diatribe sur les "partis politiques
[...] incapables de se remettre en question et d'intégrer à leurs
listes des personnes en situation de handicap". A commencer par
LREM : aucun député handicapé sur 315 élus lui rappelle Laurent
Furst. Réponse outrée de Ludovic Mendes : "C'est dégueulasse,
le handicap ne se voit pas forcément !" A qui pouvait-il bien
penser ?
Pour réconcilier nos parlementaires, il ne leur reste qu'à introduire
dans la loi électorale un quota obligatoire de candidats dont
le handicap est tellement invisible qu'il en sera secret, leurs
partis politiques en feront leur affaire. Ce sont les autres pays
de l'Union Européenne qui éliront des citoyens handicapés au prochain
Parlement Européen, qu'ils soient Espagnols, Irlandais, Hongrois,
Belges, etc. Mais très probablement pas Français, une fois de
plus...
Laurent Lejard, février
2018.
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