Le Gouvernement vient de nommer une secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion en la personne de Ségolène Neuville. Par ailleurs, le Gouvernement a décidé de nommer une autre secrétaire d’Etat distincte chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l’autonomie en la personne de Laurence Rossignol. La première est un médecin, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales. Fraîchement élue députée en juin 2012, elle siégeait à la commission des affaires sociales et de la délégation aux Droits des femmes et à l’égalité des chances entre hommes et femmes de l’Assemblée Nationale. La seconde, Sénatrice de l’Oise, est surtout connue pour ses positions très franches sur la cause féminine, la prostitution ou l’IVG.

Cette nomination nous amène à faire deux constats : Primo, la nomination d’un médecin sur un périmètre portant sur la question du handicap est de nature à susciter des inquiétudes. En effet, si la question du handicap est incontestablement liée à la Santé, elle ne saurait pour autant se résumer à ce seul périmètre. Bien au contraire, la question du handicap touche toutes les solidarités au sens large : la citoyenneté via la participation des personnes handicapées à la vie publique (culture, sport, élections…) et la sensibilisation des jeunes au sein du service civique, l’égalité des territoires à travers l’égal accès des citoyens handicapés aux services publics (établissements recevant du public, transports), l’économie à travers la question de l’employabilité des personnes handicapées…

Secundo, nous remarquons, avec surprise, que la question du handicap est désormais traitée de manière distincte de celle de l’autonomie. Cette répartition des rôles entre totalement en contradiction avec les objectifs fixés pour l’acte III de la Décentralisation il y a un an, à l’occasion du Conseil des ministres du 10 avril 2013. En effet, parmi les trois projets de loi annoncés pour l’Acte III de la Décentralisation, la troisième portant sur le « développement des solidarités territoriales et de la démocratie locale », devait fusionner les instances gérant la question du handicap (Maison Départementale des Personnes Handicapées) et l’autonomie au sein d’une même entité : les Maisons Départementales de l’Autonomie (MDA). Des départements avaient d’ailleurs été désignés pour tester ce nouveau dispositif. Comment doit-on interpréter la chose ? S’agit-il d’un aveu implicite d’un abandon du projet de MDA ? Qu’en adviendra-t-il des départements qui ont testé les MDA ? Quid du financement des ESAT (établissements et services d’aides par le travail) ?

Au vu de ces deux constats particulièrement inquiétants, nous tenons à dire que nous serons extrêmement vigilants aux signaux qui seront lancés par notre nouvelle Secrétaire d’État, Ségolène Neuville, à l’occasion de son action politique. Des réponses précises à des questions légitimes sont attendues. Il s’agit de clarifier la position du gouvernement sur sa manière de traiter la question du handicap. Nous refuserons que le handicap soit traité comme une clientèle de plus à séduire à la veille d’élections par de belles paroles et de nous oublier, ensuite, une fois ces élections passées.

Les citoyens handicapés en ont marre. Ils veulent maintenant une vision d’ensemble et, enfin, des actes !


Frédéric Bouscarle, conseiller du 10e arrondissement de Paris, secrétaire national de l’UMP en charge du handicap, président de l’association Handi Pop’, avril 2014.

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