La ratification par les États-Unis de la convention relative aux droits des personnes handicapées était espérée par de nombreuses organisations de défense. En acceptant de la signer le 30 juillet 2009, le président Barak Obama avait rompu avec la doctrine américaine qui rejetait toutes les nouvelles conventions internationales. Les USA ne sont, par exemple, pas signataires de celles qui interdisent les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions, parce que leurs industriels en fabriquent et que des pays alliés les utilisent. Les Etats-Unis se sont, par ailleurs, particulièrement distingués en demeurant aux côtés de la Somalie et du Soudan du Sud parmi les trois pays membres de l’Organisation des Nations-Unies à n’avoir pas signé la convention internationale des droits de l’enfant : l’élève aveugle âgé de six ans qui vient, tout récemment, d’être trainé sur le sol dans les couloirs d’une école de Santa Fe (Nouveau-Mexique) par deux enseignants sous le regard impassible d’un troisième ne pourra faire condamner son pays pour traitement humiliant et dégradant. Ni en invoquant la convention des droits de l’enfant, ni celle des personnes handicapées : dans un bel élan partisan, les sénateurs républicains ont en effet refusé de la ratifier alors que la majorité des deux-tiers était nécessaire. Pourquoi ? « Adhérer à cette convention nous ferait rejoindre des pays qui sont très loin de notre situation sur la question », a osé le sénateur républicain Jon Kyl.

Cette étroitesse d’esprit des conservateurs américains aura de multiples et néfastes conséquences. D’abord parce que les USA n’auront pas le rôle moteur qu’espéraient les organisations non-gouvernementales des pays les moins avancés (ou les plus maltraitants) envers le respect et les droits des personnes handicapées. Ensuite, parce que la convention relative aux droits des personnes handicapées ouvre des possibilités insoupçonnées d’améliorer l’égalité de traitement, comme le montrent en France de récentes délibérations et décisions du Défenseur des Droits. Mais de cela, les sénateurs américains n’ont pas voulu, préférant rejoindre le camp des non-signataires où ils côtoieront l’Irak, pays dans lequel il est vrai, au nom de la liberté, les soldats américains ont créé par dizaines de milliers des personnes handicapées sans droits…

Laurent Lejard, décembre 2012.

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