Il n’aura fallu qu’une poignée d’heures pour que Frédéric retrouve le droit de tout un chacun d’aller et venir : une panne d’élévateur fauteuil roulant empêchait cet homme tétraplégique de sortir de chez lui depuis deux mois. Sa délivrance, il la doit à la presse, à un journaliste de Paris-Normandie et à une remontée de l’information sur les ondes de la radio grand public RTL. Une dénonciation à l’antenne par Julien Courbet et, subitement, la procédure de libération s’est mise en branle.

Les appels à l’aide précédemment passés par Frédéric à sa Maison Départementale des Personnes Handicapées, à l’Association des Paralysés de France de Seine-Maritime ainsi qu’à la Mairie de Sotteville-lès-Rouen, avaient reçu la réponse « on peut rien faire » ou « ce n’est pas notre problème ». Une association de consommateurs lui a même conseillé d’engager un procès contre l’installateur défaillant : l’affaire de quelques mois de procédures… Parce que, finalement, c’est de cela qu’il s’agit : un distributeur de matériel qui a facturé un élévateur 10.000€ (payés par Frédéric qui ne connaissait pas ses droits en matière de prise en charge par la Prestation de Compensation du Handicap) et n’en a ensuite pas effectué convenablement la maintenance. Et c’est du fait de la panne des deux batteries de l’engin que Frédéric a perdu le droit de sortir de chez lui.

Ce genre de mésaventure arrive quotidiennement à nombre de personnes vulnérables, victimes d’artisans sans conscience professionnelle ni scrupule. Mais ce qui rend remarquable, exemplaire, la mésaventure de Frédéric, c’est le désintérêt, la désinvolture avec laquelle l’ont traité ceux qu’ils pensaient devoir agir et aider une personne entièrement paralysée. Alors même que les plus hautes autorités de l’État vantent les vertus d’un film censé changer le regard sur le handicap et les personnes handicapées. Un film que Frédéric a vu comme la simple comédie qu’il est, « du cinéma comique » a-t-il ajouté, ce qui n’a guère plu au journaliste de TF1 venu l’interviewer sur une mésaventure qui démontre bien que les tétraplégiques demeurent toujours… intouchables.

Laurent Lejard, février 2012.

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