Publiée dans Le Monde au coeur du mois d’août, la tribune libre de Philippe Bas n’est pas passée inaperçue. Celui qui fut chargé, il y a quelques années, de mettre en oeuvre, à marche forcée, la loi du 11 février en faveur des personnes handicapées, exposait une proposition sensée régler une inégalité : Philippe Bas constate que les enfants de personnes âgées dépendantes hébergées en maisons de retraite doivent souvent payer une partie des frais de séjour, une charge qui, selon lui, augmente continuellement. L’une des causes résulte des investissements réalisés par lesdites maisons de retraite, qui ont été répercutés dans le prix de journée. Or, ces investissements ont été financés grâce à l’argent récolté par la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie au moyen du produit du jour férié travaillé non payé. Donc, en tout état de cause, les exploitants de maisons de retraite répercutent sur leurs clients des équipements qu’ils n’ont pas payés !

Pourtant, Philippe Bas pointe effectivement un vrai problème : après une vie de labeur, des milliers de personnes âgées devenues dépendantes deviennent également une charge financière pour leurs familles. Mais notre ancien ministre évite soigneusement de proposer une réflexion de fond sur le système de prise en charge de la vieillesse, lequel attire des sociétés financières qui voient là une source considérable de profit. Il se contente donc d’appliquer un remède sur un mal non diagnostiqué, en ajoutant à sa construction intellectuelle un zeste de poujadisme qu’il croit de bon aloi, proclamant « Au pays des trente-cinq heures, dont bénéficient aujourd’hui plus de la moitié des salariés français, il vaut mieux financer le progrès de la solidarité par le travail, qui enrichit la France, que par l’impôt, qui l’appauvrit. Nous ne manquons pas de vacances et de RTT « .

Deviendront-elles de futures journées de solidarité ?

Laurent Lejard, septembre 2009.


Pour (re)lire la tribune libre de Philippe Bas Publiée dans Le Monde

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