Il aura fallu le temps d’un week-end pour lire les premières récriminations d’associations de personnes handicapées ou âgées quant à la composition du gouvernement dirigé par François Fillon. Resserré à quinze ministres, il regroupe les champs de compétences entre les mains d’un seul titulaire. C’est ainsi que Xavier Bertrand, qui « tenait » la Santé et les Solidarités dans le gouvernement Villepin, se retrouve en charge du travail, des relations sociales et de la solidarité. Parmi ses nombreux champs de compétences figurent la famille, l’enfance, les personnes âgées ou handicapées. La continuité de la mise en oeuvre de la loi de février 2005 est théoriquement assurée puisqu’il y a un pilote aguerri aux commandes. Sauf que le véhicule a changé : le Pôle Santé Solidarités, constitué sous la mandature de Jacques Chirac, n’existe plus et on ne sait pas encore quels ministères en récupèreront les différents éléments. La Direction Générale de la Santé restera certainement sous la tutelle du ministère de la Santé mais celle de l’Action Sociale devrait logiquement rejoindre le ministère dirigé par Xavier Bertrand. La mise en oeuvre des plans Grand âge et Maladies chroniques, par exemple, risque de pâtir d’un éloignement de services administratifs qui sont également concernés, les prises en charge sanitaire s’accompagnant toujours d’aide et de soutien social. 90% des textes réglementaires nécessaires à la mise en oeuvre de la loi de 2005 en faveur des personnes handicapées n’auraient pas pu être élaborés et publiés en seulement deux années si le Pôle Santé Solidarités n’avait pas existé.

La nomination probable, après les élections législatives, d’un ministre délégué ou d’un secrétaire d’Etat aux personnes handicapées ne changera pas cet état de fait : les compétences administratives et techniques sont éclatées, et l’efficacité de la politique en direction des personnes handicapées risque d’en pâtir durablement. A moins que la création annoncée d’une cinquième branche de la protection sociale consacrée à la dépendance, idée qui fait désormais consensus et que Xavier Bertrand devra mettre en musique, ne soit qu’une nouvelle méthode comptable des dépenses occasionnées par une population dont tous les hommes politiques disent se préoccuper sans toutefois vouloir s’en donner les moyens.

Laurent Lejard, mai 2007.

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