Nous revoilà dans la situation de mai 2002, lors de la nomination du premier gouvernement dirigé par Jean-Pierre Raffarin : les personnes handicapées sont à nouveau engluées dans un ministère tentaculaire de la santé et des solidarités dont les compétences englobent enfance, famille, personnes âgées et handicapées. Le tout confié à un ministre qui est en campagne électorale pour son parti politique (l’U.M.P), son candidat à l’élection présidentielle (Nicolas Sarkozy) et son propre compte : Philippe Bas va, en effet, pour la première fois, affronter les électeurs dans l’espoir de devenir député de la circonscription d’Avranches (Manche). Il consacre à ce dernier objectif une bonne partie de son temps de travail, son agenda de ministre se réduisant désormais à deux ou trois jours d’activités par semaine. La circonscription lui est pourtant acquise, sauf accident : le siège est vacant depuis octobre dernier, mais son titulaire depuis démissionnaire, René André, avait été réélu au premier tour au titre du parti majoritaire, l’U.M.P, avec plus de 53% des suffrages. Autant dire que Philippe Bas fera probablement partie du futur gouvernement si son camp l’emporte aux présidentielles puis aux législatives. Mais prédire qu’il reprendrait le portefeuille des personnes handicapées ne serait que pure spéculation, tant on sent l’ambition chez ce haut-fonctionnaire qui a fait ses armes auprès de Jacques Chirac, au secrétariat général de la Présidence de la République.

Dans le même temps, on voit bien que le handicap a cessé d’être une « priorité nationale ». Le débat politique actuel laisse par ailleurs peu de place aux classes moyennes pressurées, aux salariés pauvres qui n’arrivent pas à se loger décemment, au chômage traité à la manière des travaillistes anglais c’est-à-dire par l’expurgation permanente de la liste des demandeurs d’emploi pour en faire baisser le nombre, au sort encore misérable des plus vulnérables des citoyens que sont les personnes handicapées maintenues en dessous du seuil de pauvreté. Cette législature, ce mandat présidentiel ne semblent avoir aucun bilan puisqu’il n’est ni valorisé, ni critiqué, les candidats qui ont la faveur des sondages et des médias préférant se battre à coup d’identité nationale, de Marseillaise et de drapeau tricolore.

Dans cette campagne, le seul enjeu des « grands » candidats semble être la prise du pouvoir; les citoyens sont priés de se contenter d’assister à la partie de ping-pong qu’ils se livrent. Encore quelques semaines à attendre… mais pour quoi ?

Laurent Lejard, mars 2007.

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