Pour répondre à certaines interrogations, il y a en effet plusieurs différences entre l’AMI et les « principales » associations qui ont pignon sur rue. C’est clair, maintenant, les A.P.F, FNATH, UNAPEI et consorts font tout pour se tenir à l’écart des associations non gestionnaires et revendicatives comme l’AMI. Par exemple aujourd’hui, la pétition (pour laquelle nous n’avons d’ailleurs jamais été sollicités) lancée en même temps que la nôtre par 8 associations, demande une augmentation « substantielle » de l’A.A.H. Qu’est-ce que cela veut dire ? 1€ ou 100€, cela n’est pas vraiment la même chose ! Alors que les personnes handicapées ont besoin pour vivre décemment d’avoir des ressources égales au minimum au SMIC net (environ 1.000 €); nous soutenons d’ailleurs l’augmentation du SMIC à 1.500 €. Lors de la dernière Assemblée Générale de l’Agefiph, on a assisté à l’éviction des associations revendicatives et non gestionnaires du Conseil d’Administration, où l’AMI, la F.M.H et le GIHP se partageaient un siège tous les 3 ans, et ce depuis 1988. Depuis, le GIHP a vraisemblablement choisi son camp, c’est à dire celui des gestionnaires.

Dans la plupart des départements où l’AMI est implantée, nous n’arrivons jamais à travailler avec les autres associations de personnes handicapées, en dehors des Commissions des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées, quand tout n’est pas organisé pour nous en exclure. Les problèmes soulevés dans les ESAT et établissements adaptés gérés par certaines associations, où les travailleurs handicapés sont trop souvent exploités, nous ont conduits à de nombreuses actions contre les maltraitances, voire plus, et nous ne voyons pas les autres associations nous soutenir. Et pourtant sur le terrain, les comités AMI font tout pour s’impliquer dans les actions avec les autres, dans l’intérêt des personnes que nous représentons.

L’éclatement du mouvement associatif du handicap s’est officialisé depuis le gouvernement Pompidou, au début des années 1960, au détriment des personnes handicapées. Il suffit de se reporter à l’histoire et à l’évolution du mouvement associatif depuis les années 1920 pour se rendre compte que certains ne veulent pas mélanger les torchons avec les serviettes. L’AMI refuse de se compromettre avec des associations qui trompent les personnes handicapées en participant au handicap spectacle et à la charité publique, car elle n’oubliera jamais d’où elle vient, au côté des syndicalistes, des mutualistes qui luttent pour la dignité et la solidarité. N’oublions pas que ceux qui ont construit depuis 1936 dans les sanatoriums les comités de malades, puis l’Union Nationale des Tuberculeux Civils et qui ont donné naissance en 1964 à l’AMI, ont été à l’origine de la plupart des lois actuelles en faveur du social et de la santé. Et cela, les autres associations font semblant de l’ignorer.

Depuis 50 ans, l’éclatement du mouvement associatif dans le monde du handicap a favorisé la mésentente et l’impossibilité d’une réelle représentativité dans l’intérêt des personnes handicapées. En 1963, Georges Pompidou alors Premier Ministre, avait été clair à ce sujet : les associations comme la F.N.L.A (devenue AMI en 1964), devaient rentrer dans le rang; accepter de gérer ou ne plus être soutenues par les pouvoirs publics. L’AMI qui n’a jamais voulu « manger de ce pain-là » refuse toujours de subir la contrainte et se retrouve, sinon isolée, écartée des aides financières de l’Etat. Nous appelons cela de la discrimination, et cela doit être puni par la loi. Il n’existe qu’une seule solution : résister. C’est ce que nous faisons avec deux autres associations revendicatives, non gestionnaires et généralistes, la Confédération de Défense des Handicapés et Retraités (C.D.H.R) et le Comité pour le Droit au Travail des Handicapés et l’Égalité des Droits (C.D.T.H.E.D), avec une pétition qui a déjà recueilli plus de 2.000 signatures. Vous avez jusqu’aux élections législatives pour la remplir !


René Magny, président de l’AMI, décembre 2006.

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