Le gros de ce budget, géré par la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (C.N.S.A), est constitué par un transfert de crédits de l’Assurance Maladie et de l’Etat. Un complément est constitué par le jour férié travaillé et dont le produit, estimé à 850 millions d’euros, sera versé à la C.N.S.A.

Mais voilà que Philippe Douste-Blazy doute que la journée de travail de solidarité suffise à payer à l’avenir les dépenses liées à la dépendance, un doute publiquement exprimé lors de la Convention sociale du parti de la majorité gouvernementale, l’U.M.P. Si le Ministre des solidarités a jeté un pavé à la mare, on ne saurait lui en faire reproche : quelqu’un aura au moins une fois évoqué les personnes les plus fragilisées de notre société lors d’une convention sociale dans laquelle le maître- mot semblait être la réduction, voire la suppression, des minima sociaux par la mise au travail de tous. Dans son discours de clôture, le président de l’U.M.P, Nicolas Sarkozy, livrait cette envolée : « L’écart de revenu entre celui qui travaille et celui qui vit d’un minimum social n’est pas suffisant. Le second n’a pas toujours eu beaucoup de chance, c’est un fait. Ce n’est pas une raison pour rémunérer dans des conditions quasi identiques celui qui travaille et celui qui ne travaille pas ». Anecdotiquement, on peut en déduire que le frère du numéro deux du Médef n’est pas favorable au relèvement de l’Allocation Adulte Handicapé à hauteur du Smic. A quoi est-il d’ailleurs favorable, en matière de personnes handicapées ? Bien malin qui peut le dire, car si Nicolas Sarkozy a un avis sur les élèves, les salariés, l’emploi, les fonctionnaires, les femmes (au travail), les seniors (au travail), il ne pipe mot sur les sujets « handicap » et « dépendance ». Pas même quand il évoque, en matière d’embauche, son opposition à « une politique de quotas qui créé des discriminations à rebours et humilie plus qu’elle n’aide ceux pour lesquels elle est conçue ». Mais s’il traite-là des populations d’origine immigrée, on peut également en déduire que l’obligation d’emploi des travailleurs handicapées est en péril.

Avec un programme si social, nul doute que le président de l’U.M.P puisse utilement conseiller le Ministre des solidarités pour l’aider à vaincre ses craintes sur l’avenir des personnes dépendantes : Nicolas Sarkozy saura bien les mettre, toutes, au travail. Jusqu’au cimetière.

Laurent Lejard, mars 2005

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