La Semaine Nationale des personnes handicapées physiques se déroule chaque année, aux prémices du printemps, c’est une tradition immuable. Comme chaque année, elle comporte des actions d’information et de sensibilisation, en 2005 sur la Citoyenneté, la pédagogie est toujours utile. Mais comme chaque année, des bénévoles iront faire la manche pour récolter de l’argent en faveur des personnes handicapées.

Cette quête sur la voie publique dérange de nombreux militants, salariés et cadres dirigeants de l’Association des Paralysés de France. La Ligue pour l’Adaptation du Diminué Physique au Travail (L’ADAPT) affirme ne pas quêter, se contentant de quelques actions dans ses établissements : à se demander ce qu’elle fait dans une opération qui vise le public alors qu’elle se concentre sur sa clientèle captive, les personnes handicapées accueillies dans les établissements qu’elle gère. Mais pour l’Ordre de Malte, point d’état d’âme, il est rompu à la quête qu’il pratique le plus souvent possible dans les quartiers commerçants aux heures d’affluence. Cette organisation philanthropique est une survivante des temps anciens où la charité était la seule source de revenu des exclus. Ce sont probablement ses troupes qui recueilleront les 750.000 euros espérés, soit 29 euros par jour de quête et par bénévole collecteur, si l’objectif de l’opération est atteint.

Cela pose un gros problème de cohérence alors que la France vient de se doter d’un nouvel édifice législatif qui met directement à contribution l’ensemble des travailleurs (à l’exception notable des artisans et des professions libérales) qui doivent bon gré mal gré donner en faveur des personnes handicapées ou âgées l’équivalent de la valeur salariale d’une journée de travail. Comment ces contributeurs volontaires vont-ils comprendre le message ? L’aide en faveur des personnes handicapées serait-elle un tonneau sans fond ? Pourquoi donner à des associations alors que l’argent du jour férié travaillé est là pour financer l’action en faveur de personnes handicapées ? Comment concilier un laïus sur la citoyenneté, qui sous- entend une parfaite égalité entre citoyens, et le fait de tendre la main pour demander une pièce à la fin du discours explicatif ? La Semaine Nationale des personnes handicapées physiques pourrait être un moment d’échange privilégié sur la vie et les aspirations d’une partie encore trop marginalisée de la population française. Mais pour cela, les associations qui l’organisent devraient arrêter de jouer les mendiantes, ne serait-ce que pour ne plus nuire à l’image citoyenne des personnes handicapées dont elles prétendent défendre les intérêts.

Laurent Lejard, mars 2005

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