L’Olympiade 2004 ne sera pas celle de la réconciliation entre les personnes handicapées et les apparatchiks qui contrôlent la pratique du handisport en France. Une fois de plus, aucun magazine de la presse spécialisée ne participera à la délégation française. L’un des sponsors de la F.F.H, Electricité de France, assure pourtant la prise en charge du voyage et du séjour à Athènes de quelques journalistes français : ce sont des publications « à la plus grande diffusion ou lectorat » qui ont été choisies, mais la liste de ces médias est tenue secrète. A la lecture des articles et reportages récemment parus dans la presse généraliste, cela nous promet encore de « belles leçons de courage » et autres clichés…

Quand on fait remarquer cette situation au chargé de communication de la F.F.H, Benoît Hétet, celui-ci s’énerve, refuse d’aborder le sujet et se retranche derrière le droit de la F.F.H à choisir avec quels médias elle souhaite travailler. Outre une belle entorse au droit à l’information, cette discrimination revendiquée met en évidence la conception que les dirigeants de la F.F.H ont de la communication : elle est manifestement leur propriété, outil de valorisation de leur action. André Auberger, président depuis quasiment un quart de siècle (ce qui en fait l’un des plus anciens présidents sportifs en activité) est omniprésent dans son Handisport Magazine (une dizaine de photos le représentent dans le dernier numéro de la revue officielle de la Fédération) et omnipotent dans la gestion de son fief.

E.D.F est le principal financeur « privé » de la compétition handisport, notamment au moyen de contrats de sportif de haut niveau qui procurent un statut semi-professionnel et un salaire à quelques pratiquants sélectionnés. Gérard Masson, secrétaire général de la F.F.H après en avoir été vice-président durant trente ans, a également été recruté par E.D.F pour en conseiller le président. La Fédération ne manque pas une occasion d’encenser son mécène, par exemple lors de la récente présentation de l’équipe de France Paralympique au Président de la République. Et quand elle a besoin d’un fichier de journalistes de la presse des personnes handicapées pour assurer un simple relais d’information ou des opérations de promotion de ses actions, E.D.F interroge la Fédération Française Handisport. On perçoit mieux ce qu’est devenue cette Fédération : un outil de promotion de sociétés commerciales sponsors de son activité de compétition, orienté vers le grand public pour obtenir un meilleur retour sur investissement, mais tournant le dos au public naturel du handisport que sont les personnes handicapées.

On peut dès lors se demander à qui s’adressent les Jeux Paralympiques. Les handisportifs et les nombreux bénévoles qui font vivre au quotidien une activité essentielle, à la fois rééducatrice, intégrative et conviviale, se reconnaîtront-ils dans l’étrange politique de leur fédération de tutelle?

Laurent Lejard, septembre 2004.

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