L’actualité nous apporte régulièrement son lot de manifestations locales de solidarité en faveur d’associations destinées à financer les dépenses importantes résultant du handicap d’une seule et unique personne. C’est le cas, par exemple, de « Défi pour Virgil » à Toulouse, créée pour permettre à un adolescent rugbyman devenu tétraplégique de rentrer chez lui; ce qui veut dire aménager la maison de ses parents, acheter un lit médicalisé, un fauteuil roulant électrique avec commande par le menton, etc. C’est également le cas de l’association Jean-Francis, du nom d’un ancien correcteur pigiste devenu tétraplégique à la suite d’un accident de moto : ses collègues de travail ont créé cette structure destinée à venir en aide à sa compagne et à sa progéniture. Et c’est en faveur d’un enfant atteint d’importants troubles de la parole qu’une opération de collecte de bouchons a été montée dans le Nord, récoltant 10% du montant de la synthèse vocale qui est nécessaire au jeune handicapé pour retrouver une communication verbale.

On compte en France autant d’associations que dans l’ensemble des autres pays de l’Union Européenne. Certains petits malins s’en servent pour conduire une activité commerciale déguisée sans prendre de risques. Tel spécialiste prétendu du « tourisme et des loisirs pour handicapés », comme il se définit lui-même, a ainsi créé une association pour l’activité qu’il avait débutée sous la forme d’une société commerciale au moment où cette dernière a été mise en liquidation judiciaire, poursuivant opportunément l’exploitation de la même marque. D’autres ont préféré faire payer leurs loisirs de luxe par la collectivité en « prêtant », qui son voilier, qui son avion à l’association bien verrouillée qu’ils ont créée.

Loin de ces profiteurs, des milliers de personnes qui ne trouvent pas dans la « solidarité nationale » les moyens de vivre à domicile comme ils en ont le droit, n’ont comme recours que l’aide associative et la solidarité locale. Celle de leurs amis et voisins, mais aussi des anonymes, de tous ceux que la détresse mobilise et qui passent de longues heures à collecter des objets à recycler, à vendre des produits dont le bénéfice aidera quelqu’un que souvent ils ne connaissent pas. C’est cette solidarité l à, que l’Etat et les collectivités locales remplissent mal, que nous voulons saluer.

Laurent Lejard, avril 2003.

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