Pour ses 17 ans, Talia Merad a décidé de faire une pause dans sa scolarité. Née prématurée, elle habite dans les Yvelines près de Mantes-la-Jolie (Yvelines) et vit avec les séquelles d’une infirmité motrice cérébrale qui réduit ses capacités motrices : elle marche ou se déplace en fauteuil roulant selon ses besoins. Cette année sabbatique avant de reprendre ses études pour obtenir le baccalauréat, elle va l’occuper à préparer un documentaire dont le projet a déjà été récompensé, lui procurant ainsi une mise de fonds. Outre le prix Pixpay « À quoi rêvent les ados ? », elle est lauréate du Projet Moteur qui l’a conduite au Festival du film de Cannes pour en monter les célèbres marches. Mais pourquoi se lancer dans une telle création alors que les documentaires handicap sont déjà nombreux ? « J’ai surtout vu des films, assez scénarisés, et peu de documentaires. Ce projet me tient à coeur depuis longtemps dans la mesure où je suis porteuse d’un handicap moteur depuis ma naissance. Malheureusement, on vit dans une société où le handicap et la différence sont considérés comme une fatalité. Je souhaite déconstruire ces idées préconçues, en partant de mon parcours personnel, montrer une image plus positive de la différence et que l’on peut faire des choses. Je vaudrais aider d’autres personnes à s’accepter telles qu’elles sont et aller au bout de leurs projets. »
Elle veut porter un discours positif, valorisant, à l’opposé de la perception dramatique du handicap qui empêcherait d’être heureux. « On peut vivre de très belles choses. Moi, je fais du sport, j’ai fait de l’escalade, de l’escrime, pratiqué auprès de personnes valides. J’aime côtoyer des gens, faire de nouvelles rencontres, sortir, m’amuser, et surtout le contact humain. » Son expérience de vie l’a conduite à une maturité précoce et elle envisage d’entrer dans la vie active dès après le baccalauréat, pour travailler dans l’éducation. « Je commence à préparer le permis de conduire. J’ai obtenu le brevet d’animateur [BAFA, lire cet article], je cherche du travail pour avoir une indépendance personnelle et financière. »
Talia a débuté l’écriture du scénario de son documentaire et cherche également la collaboration d’un scénariste pour l’aider. « C’est un grand projet et j’ai besoin de professionnels, je n’ai pas un cursus dans le cinéma, même si j’ai participé à des tournages. » Parmi eux, elle a été silhouette dans un épisode de Joséphine ange gardien, a joué des rôles courts dans Qui c’est les plus forts ? (Charlotte de Turkheim, 2014), Mignonnes (Maimouna Doucouré, 2019), participé à Gu’Live sur la chaîne enfants Gulli, fait des séances photo. « Ça m’a aidé à avoir l’idée d’un documentaire, parce que si je n’avais pas eu ces expériences, je n’aurais pas pensé raconter ma vie sous la forme d’un documentaire. Au-delà de cette opportunité, il me tient à coeur de transmettre mon parcours par n’importe quel moyen, à travers mes mots. Pour faire passer un message de motivation, d’espoir et de bienveillance. »
Laurent Lejard, juin 2022.