La reconnaissance du handicap s’arrêterait-elle après l’embauche ? Ce qu’a vécu Mak, nom de scène et d’autrice d’une chargée de communication dans une société de transport ferroviaire qu’elle ne confirme pas être notre bien-aimée SNCF… Dans son récit « Moi, le quota – itinéraire d’une salariée en situation de handicap invisible », elle raconte en détails ses dix années dans cette entreprise et une société « associée. »

Couverture du livre Moi, le quota

Un quotidien fait d’une charge de travail dépassant allègrement les 35 heures hebdomadaires, sans considération pour la vie privée, passée au second plan, un harcèlement moral et des relations hiérarchiques autoritaires de cadres cherchant à se placer au mieux, l’ensemble sur fond de restructurations fréquentes et d’insécurité professionnelle permanente. Autant dire que le stress impacte d’autant plus les personnels les plus impliqués, sans qu’un handicap physique constitue un rempart par sa prise en compte : si Mak a été recrutée sur un poste de chargée de communication, la considération de son état de santé nécessitant quelques délicatesses n’a été que le cadet des soucis de sa hiérarchie. Résultat, un burn-out carabiné, une période en longue maladie débouchant sur une inaptitude à tous postes dans l’entreprise et une procédure de licenciement qui s’annonce.

Catherine Meimon Nisenbaum, avocate à la Cour, spécialisée dans l'indemnisation du préjudice corporel, cliquez pour découvrir son travail...

« Mon livre n’est pas une vengeance, mais une goutte d’eau dans l’océan, exprime-t-elle. Un cri, un ras-le-bol de la non tolérance, de la violence professionnelle. » Elle clame sa révolte de voir aujourd’hui des jeunes vivre les mêmes situations qu’elle a vécues dans les années 1990 : « L’exclusion de la société, le harcèlement, la discrimination, la non-acceptation par la société des différences. » Par son récit, Mak veut montrer que le harcèlement et l’exploitation existent, et que le fait d’être handicapé n’exempte pas les salariés de les subir.

Mak en spectacle ©Yann Gouhier

C’est en mettant son humour en scène qu’elle a trouvé les ressources pour supporter sa situation professionnelle : elle a conçu un on woman show et s’est lancée sur scène comme elle l’évoque succinctement. « Ce n’est pas le sujet du livre, mais ça prend une grosse part de ma vie. J’ai créé un spectacle humoristique en 2018, Comme tout le monde… à un poil près. » J’ai toujours utilisé l’humour, depuis toute petite, toujours fait rire les copains, dans ma tête il y avait cette petite lumière pour me dire que j’aimerais bien faire de la scène. Mais en étant née différente, j’ai voulu trouver ma place dans la société et j’ai suivi un chemin de normalité au niveau des études, pour faire comme tout le monde. Finalement j’allais à contre-courant car j’ai toujours eu cette envie de monter sur scène. » Elle a suivi des cours quand elle s’est installée à Paris en 2010, a fait des petites scènes, jusqu’à l’écriture de son premier spectacle de 2018. « Mon travail a toujours pris le dessus sur mon plaisir. En 2017 j’ai fait un stage de développement personnel et ce qui est ressorti, c’est le théâtre. » Un véritable déclic.

Actuellement, Mak ne se produit pas, la pandémie de Covid-19 la contraignant à limiter drastiquement les contacts humains du fait de ses défenses immunitaires affaiblies, et séquelles de burn-out obligent. « Entrer sur scène et faire rire quand on n’est pas au top de sa forme, c’est compliqué. Je ne ressens pas l’envie en ce moment, mais elle va revenir, forcément. »

Moi, le quota, par Mak, en autoédition, 14,90€.

Laurent Lejard, avril 2022.

Partagez !