Compromis ou compromission ? Les discussions d’arrière-cour entre les ministres impliqués dans l’examen du projet de loi de finances pour 2026 et l’opposition socialiste ont conduit le Premier ministre à supprimer le gel des prestations sociales et des pensions de retraite (lire cet Editorial). Confronté au risque de censure de sa politique par les oppositions d’extrême-droite, droite et gauche, et donc au renvoi du Gouvernement par l’Assemblée Nationale, Sébastien Lecornu a décidé de rétablir la revalorisation annuelle légale des minima sociaux et des pensions de retraite. Sauf reniement toujours possible, ces prestations sociales devraient ainsi voir leur pouvoir d’achat maintenu l’an prochain moyennant leur augmentation proportionnelle à celle de la hausse des prix à la consommation.

Que faut-il retenir de cette péripétie ? Ce n’est pas par volonté préserver les personnes les plus pauvres et vulnérables d’un projet de budget d’austérité et de régression sociale que le Premier ministre a pris cette décision, mais pour sauver sa peau et celle de ses ministres. Son but est de poursuivre son action délétère pour la Nation d’enrichissement des riches au moyen d’une politique de l’offre qui écrase la plupart des citoyens au profit de ceux qui détiennent l’argent et aspirent la production de richesse nationale. Politique de l’offre suivie dans tous les pays de l’Union Européenne, entraînant un mécontentement généralisé dont la conséquence la plus visible est la progression constante des partis d’extrême-droite xénophobe et néo-fasciste. A croire que la volonté de la Commission Européenne est de favoriser l’arrivée au pouvoir de partis autoritaires et violents, tout en affirmant vouloir lutter contre.

Notre président de la République ne fait pas autre chose en agissant avec ses gouvernements successifs contre la majeure partie de la population tout en proclamant vouloir combattre l’extrême-droite. Or, depuis huit ans, elle n’a cessé de progresser lors des élections et dans l’opinion. Mieux, il a réussi à écarter une partie de l’opposition de gauche qualifiée d’extrémiste et accablée de tous les maux, renforçant ainsi l’alternative néo-fasciste alors que le propre camp macroniste se disloque, secoué de contradictions, de querelles de personnes et d’émergence d’égos démesurés. Tout comme d’ailleurs la droite qui se dit encore républicaine. De tout ce chaos politicien ambiant ressort une certitude : les personnes handicapées, comme les citoyens les plus pauvres ou vulnérables n’ont rien à attendre d’un débat budgétaire mené par des marchands de tapis.

Laurent Lejard, novembre 2025.

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