Emmanuel Lucas a demandé à la Coordination Handicap et Autonomie (CHA) de le soutenir dans son combat face à la Maison Départementale des Personnes Handicapées du Calvados. Nous avons découvert un parcours ahurissant fait d’incompréhension, voire parfois de mépris, et très certainement un cas de maltraitance passive que nous dénonçons. Emmanuel ne parle pas, n’écrit pas, mais communique, et ce sont donc nos mots, relus et validés par lui pour ne pas dénaturer ses pensées, que vous trouverez ici.

Moi Emmanuel Lucas, 34 ans, lourdement handicapé et désirant vivre la vie de mon choix, autonome et la plus riche possible, je ne comprends pas que… seule la MDPH14 me refuse ce droit.

Moi Emmanuel Lucas, 34 ans, lourdement handicapé et désirant vivre la vie de mon choix, je ne comprends pas ce qui permet à la MDPH14 de rester sur ses certitudes, alors que tous les éléments de la loi autorisant 24 heures sur 24 d’aide humaine dans le cadre de la Prestation de Compensation du Handicap sont présents dans mon dossier :
– Aide totale pour les actes essentiels;
– Nécessité absolue d’une surveillance constante, de jour comme de nuit.

Moi Emmanuel Lucas, 34 ans, lourdement handicapé et désirant vivre la vie de mon choix, je ne comprends pas comment la MDPH a pu déterminer que dans un premier temps 8h20 par jour étaient nécessaires a ma « survie », sans qu’à aucun moment, aucune personne de l’équipe pluridisciplinaire n’ait pris le temps de se déplacer à mon domicile pour évaluer ma situation.

Moi Emmanuel Lucas, 34 ans, lourdement handicapé et désirant vivre la vie de mon choix, je ne comprends pas pourquoi la MDPH ne prend pas en compte tous les avis et conclusions des différents professionnels qui, eux, m’ont rencontré, examiné, évalué, et ont tous rendu le même avis : un H24 est indispensable.

Moi Emmanuel Lucas, 34 ans, lourdement handicapé et désirant vivre la vie de mon choix, ne comprend pas pourquoi la MDPH déclare que tant qu’il n’y a pas de « danger mortel », les heures de nuit ne se justifient pas (extrait du mémoire en recours de la MDPH auprès du Tribunal du Contentieux de l’Invalidité).

Moi Emmanuel Lucas, 34 ans, lourdement handicapé et désirant vivre la vie de mon choix, je ne comprends pas que la MDPH ne suive pas l’avis de sa conciliatrice, qui elle aussi m’a reçu et a écrit, le 10 septembre 2016 : « Accorder 24h/24h semble pertinent ».

Moi Emmanuel Lucas, 34 ans, lourdement handicapé et désirant vivre la vie de mon choix, je ne comprends pas pourquoi lorsque j’étais en « structure » [expérimentale d’appartements adaptés pour personnes en situation de handicap moteur pendant huit ans NDLR] on me reconnaissait des droits à des heures de surveillance régulière supplémentaires (3h par jour, à mutualiser de façon à avoir une présence 24h/24h) et que lorsque je décide de quitter cette structure, ces heures ne me sont plus utiles (Extrait du mémoire en recours de la MDPH auprès du TCI).

Moi Emmanuel Lucas, 34 ans, lourdement handicapé et désirant vivre la vie de mon choix, je ne comprends pas pourquoi je suis victime de cette maltraitance passive, livré à moi-même, seul, pendant plus de 13 heures par jour, m’obligeant quand je ne peux plus faire autrement à faire appel à « un ami » ou a mes parents de 80 ans ?

La MDPH ne m’accorde pas de H24… parce que « je suis intelligent », et que je ne présente pas de « troubles du comportement » (Extrait du mémoire en recours de la MDPH auprès du TCI), mais Moi Emmanuel Lucas, 34 ans, lourdement handicapé et désirant vivre la vie de mon choix, je suis peut-être « intelligent » comme ils disent, mais sans doute pas assez pour comprendre. Alors expliquez-moi mieux, plus longuement, en me rencontrant, en m’opposant de « vrais » arguments, afin que cesse cette situation que vous trouverez détaillée sur cette page web. »

Des Emmanuel Lucas, nous savons qu’il y en a de plus en plus, un peu partout en France, qui ne « comprennent pas », ou parfois ne « savent pas ». Nous les invitons à nous contacter, parce que la loi du 11 février 2005 n’a pas changé depuis 12 ans, les textes de lois sont les mêmes. Ce qui a changé, c’est la façon souvent éhontée de les interpréter, et ce dans un seul but, réduire les heures d’aide humaine accordées aux personnes en situation de handicap.



Pour Emmanuel, Yves Mallet, Coordination Handicap et Autonomie, décembre 2017.

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