Il y a quelques mois, peut-être quelques années, ils se promenaient le dimanche en vélo, adoraient danser le tango et aimaient aller chercher leurs enfants à la sortie de l’école. Ils avaient des projets de voyages et de carrières, imaginaient leurs vies et parlaient d’avenir. Aujourd’hui, l’essentiel de leur existence est ponctué par les diverses séances de rééducation où alternent si fréquemment l’optimisme et le découragement. Ils vivent au quotidien une expérience insensée : désormais ils sont « infirmes » et ils ont bien l’impression que rien ne sera plus jamais comme avant. Les lendemains sont opaques et chacun cherche sur quoi, sur qui s’appuyer pour appareiller vers des contrées plus hospitalières.

La première étape se concrétisera souvent par l’abandon du statut de malade et la réappropriation progressive du rôle de sujet, d’acteur, avec changement de costume. Jean- Dominique Bauby, victime d’un locked- in syndrome et entièrement paralysé, écrit dans « Le scaphandre et le papillon » (1997, Paris. Éd. Robert Laffont) à propos de son séjour dans un centre de soins : « Ayant refusé l’infâme style jogging recommandé par la maison, je retrouve mes hardes d’étudiant attardé ». Certes, les vieux gilets confortables peuvent ramener des souvenirs douloureux, mais ils sont aussi le symbole d’une vie qui continue et la marque d’une volonté d’être encore soi- même.

En effet, le vêtement est une enveloppe corporelle susceptible d’être personnalisée pour rehausser l’estime de soi et affirmer son appartenance à un réseau social. Une pochette en soie ou une écharpe élégante, un bijou ou un sweat- shirt marqué Metallica ou Chicago Bulls humanisent celui ou celle qui les portent. À quelques conditions cependant. Qu’un jeu suffisant soit laissé dans ces choix et que ceux qui aident les personnes handicapées, professionnels ou non, n’exercent pas de trop fortes pressions en expliquant : « Maintenant vous n’avez plus besoin de cravate… » ou « Je t’ai acheté un nouveau pull, quand même plus à la mode que ce vieux que tu veux remettre, tu verras il t’ira très bien… »

Ainsi la personne handicapée plus ou moins dépendante selon la gravité de ses incapacités motrices, aidée par un entourage sachant allier efficacité et discrétion, sera-t-elle en mesure de conserver l’autonomie indispensable à une vie digne.

Comment se vêtir ? S’habiller chaque jour malgré ses incapacités motrices est une tâche déterminée par de nombreuses contraintes. Or, pour les personnes handicapées, le choix des vêtements et la façon de les porter ont d’autant plus d’importance qu’ils participent à l’image que l’on donne de soi. Des gestes limités, parfois incontrôlés ou mal coordonnés, un corps abîmé, la position assise dans le fauteuil roulant, l’éventuelle question de l’incontinence, autant d’éléments à prendre en compte pour choisir des vêtements adéquats. En général les personnes handicapées savent ce qui leur est nécessaire. Mais il n’est pas inutile de rappeler ici quelques principes de base, notamment à l’intention de l’entourage…

De l’indispensable à l’agréable, de quoi les personnes handicapées ont- elles besoin ?
– De vêtements faciles à enfiler et à enlever : on évitera donc les boutonnages serrés, on préférera des fermetures plus lâches comme les zips souples mais solides qui peuvent aussi être décoratifs. Le velcro, souvent utilisé, est facile à accrocher, mais pas toujours aisé à positionner ! Une personne hémiplégique peut aussi choisir un vêtement de l’autre sexe pour conserver des boutons qu’elle peut manipuler, dans le sens qui lui convient.
– Assis(e) dans un fauteuil roulant, on apprécie des vêtements avec des élastiques à la ceinture et une taille plus haute dans le dos (la chemise reste ainsi dans le pantalon) que sur le devant. Les jupes et les jambes de pantalon seront suffisamment longs pour couvrir genoux ou mollets dans la position assise. Les vestes assez courtes avec des emmanchures amples pour libérer le mouvement des bras propulsant le fauteuil manuel.
– Quand il fait froid ou qu’il pleut, le manteau difficile à porter peut être remplacé par une cape.

Les points d’usure des vêtements d’une personne circulant en fauteuil ou avec des attelles ou des béquilles sont bien spécifiques. Certains fabricants savent en tenir compte, ce qui prolonge d’autant la durée de vie des vêtements. Des coutures aplaties éviteront les problèmes de pressions douloureuses dans le bas du dos. Pour aller rapidement aux toilettes, les élastiques faciliteront le déshabillage rapide. Les jupes suffisamment évasées se remontent plus facilement que les jupes serrées. Les fermetures à glissières descendant jusqu’à l’entrejambe sont également pratiques. Les sous- vêtements seront choisis en textile non- allergisant et de taille suffisante, car on prend parfois des kilos quand on se déplace en fauteuil!

Pensez aussi aux accessoires ! Ils transforment l’allure générale du vêtement et aident à personnaliser le look : foulards, cravates, broches, perles cousues, etc. Mais attention cependant aux écharpes trop longues qui pourraient gêner la circulation en fauteuil roulant.

Où trouver ces vêtements et des services intéressants ? Si la fréquentation du commerce traditionnel peut être agréable, la vente par correspondance est pratique : elle évite des déplacements et permet les essayages à domicile en prenant son temps.
– Généraliste, La Redoute propose tout son catalogue en ligne : les commandes sont pratiques, les conseils pour le choix des tailles sont bien faits et il est simple d’échanger l’article après essayage.
– Les catalogues de vêtements adaptés sont rarement très « branchés ». Les articles de Pauline et Manon, par exemple, conviennent plutôt à des personnes âgées. On note cependant celui de Rolli- Moden, consultable sur le Net, qui est probablement le meilleur catalogue de vêtements adaptés aux personnes en fauteuil roulant. Vous pourrez également demander un catalogue papier en envoyant une demande à rolli-moden@t-online.de. Diframed confectionne des vêtements sur mesure et propose des pantalons à ouvertures multiples (Catalogue sur demande à DFM Diframed BP 203 – 60306 Senlis cedex). La société ACJLP s’est spécialisée dans les vêtements de pluie pour les personnes en fauteuil roulant (dépliant chez ACJLP, 33 rue C. Provencal – 70140 Valay).
– Les magasins d’articles de sport proposent des chaussures et des vêtements confortables, faciles à enfiler et enlever… et de plus en plus esthétiques!
– Enfin, certains artisans couturiers sont très réceptifs aux demandes spécifiques : ils savent suivre vos demandes si vous les énoncez très précisément. N’hésitez donc pas à consulter les pages jaunes de l’annuaire, à la rubrique couturiers – façonniers en couture et confection !

P. Brunelles, V. Gaudeul et É. Pawlowski, novembre 2000.

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