Frontalières de l’Espagne, les Pyrénées-Orientales (P-O pour les intimes), département le plus méridional de France continentale, dont nous avons présenté il y a quelques années une sélection de loisirs hivernaux, offrent en toute saison un large éventail d’activités. Qu’ils viennent en voisins ou de bien plus loin, qu’ils soient plutôt culture ou plutôt rando (voire les deux) les visiteurs apprécient ici l’authenticité de l’accueil, la diversité des paysages et des loisirs ainsi qu’un excellent rapport prestation/prix. Côté accessibilité, l’amélioration est visible, notamment dans les aménagements urbains, ce qui est appréciable dans cette région ensoleillée où l’on passe beaucoup de temps à l’extérieur !
Tout contre l’Espagne, la Côte Vermeille qui s’étend de Collioure à Cerbère en passant par Port-Vendres et Banyuls, offre de superbes points de vue et de pittoresques ports de pêche. Pittoresques au sens premier puisque de nombreux artistes y ont trouvé l’inspiration, notamment au XXe siècle. Y déambuler sur leurs traces, au hasard de la route côtière ou des bords de mer, ne présente guère de difficulté en fauteuil roulant, exception faite des petits musées locaux où l’accessibilité demeure aléatoire… Mention spéciale pour Banyuls, cité réputée pour son vin (produit tout le long de la côte) mais également où le peintre et sculpteur Aristide Maillol (1861-1944) naquit, mourut et exerça ses talents. La promenade ombragée qui longe la plage et le port s’agrémente de nombreuses sculptures que l’on peut admirer seul ou en visite guidée. Au bout de cette allée se dresse l’imposant bâtiment historique de l’Observatoire océanologique fondé en 1882, dont l’aquarium a récemment déménagé de l’autre côté de la rue, dans un bâtiment aussi contemporain que fonctionnel (cadre universitaire oblige) baptisé Biodiversarium. Les scientifiques qui animent l’endroit, et que l’on peut même voir travailler, transforment la contemplation de la faune marine locale en véritable découverte des écosystèmes et des espèces : passionnant ! Dommage que le jardin méditerranéen, accroché à la colline, ne soit pas accessible en fauteuil roulant : les visites accompagnées y sont tout aussi intéressantes…
On pourra s’en consoler en se rendant non loin de là, sur l’ancien site industriel de l’anse de Paulilles, sauvé des griffes d’un promoteur immobilier, récemment classé et réaménagé par le Conservatoire du littoral pour recevoir tous les publics. La plage y est encore un secret bien gardé (pas pour longtemps), où la mise à disposition de tiralo est prévue en été. Difficile de croire, sauf à visiter le petit espace muséographique qui lui est dédié, que l’endroit a abrité pendant plus d’un siècle une usine Nobel de fabrication de dynamite ! Outre la maison du directeur, quelques casemates peuvent encore se visiter, certaines accessibles de plain-pied (une partie du site est en accès restreint, avec joëlette sur réservation), qu’agrémentent de grands carrés didactiques en relief expliquant la genèse du site. Lequel a été joliment redessiné par un paysagiste, alternant zones herbues et arborées, de sorte que l’endroit respire une quiétude bienvenue. Un peu plus haut dans le même périmètre, un atelier de restauration de barques catalanes donne à ces vénérables embarcations une nouvelle vie grâce à un chantier d’insertion : une passerelle, accessible en contournant le bâtiment, permet de le découvrir et s’en faire expliquer le fonctionnement. Pique-nique et petite restaurations possibles sur place, toilettes adaptées, stationnements réservés à l’entrée du parking.
On retrouve le sculpteur Maillol à Perpignan, éphémère capitale des rois de Majorque où il fait également bon déambuler au hasard des vieilles rues dans lesquelles on peut découvrir d’autres oeuvres, notamment place de la Loge, siège de l’office de tourisme (qui propose une brochure sur les sites accessibles que l’on peut télécharger en suivant ce lien) et dans la cour de la mairie attenante. Jetez un coup d’oeil à la salle des mariages, en rez-de-chaussée, elle le vaut bien ! Si le fraîchement rénové musée Hyacinthe Rigaud (autre enfant célèbre du pays) est accessible sans encombre, l’emblématique Castillet médiéval et le non moins fameux palais des rois de Majorque restent hors de portée en fauteuil roulant; on peut néanmoins en admirer les extérieurs. En revanche, la fière cathédrale Saint Jean-Baptiste et son campo santo (ancien cimetière) attenant, l’un des lieux symboliques du célèbre festival de photojournalisme Visa pour l’Image, sont accessibles de plain-pied.
À quelques encablures à l’ouest de Perpignan, Thuir, paisible bourgade aux coquettes maisons, peut se vanter d’un rayonnement industriel international : c’est en effet ici que sont fabriquées, depuis le XIXe siècle, les boissons apéritives à base de vermouth parmi les plus célèbres au monde. La marque Byrrh parlera certes davantage aux anciens qu’aux jeunes mais elle commercialise d’autres breuvages que l’on retrouve fréquemment dans les verres les plus branchés… Les caves, aux allures de cathédrale, se visitent de plain-pied, en visite guidée que ponctuent d’étonnants hologrammes. Vous saurez tout sur l’histoire de cette boisson passée du statut de médicament à celui d’apéritif populaire puis de nectar pour initiés ou nostalgiques. Ne manquez pas le centralisateur de commandes daté de 1926, qui évoque les décors du film Metropolis de Fritz Lang dont il est contemporain, et la gigantesque cuve de chêne contenant 1 million de litres, la plus grande au monde, dont la construction a duré quinze ans mais qui n’est plus en usage. On regrettera par ailleurs que l’ancienne et spectaculaire halle conçue par Gustave Eiffel pour servir de gare ne soit plus ouverte au public. Dégustation à la sortie, toilettes adaptées, stationnements réservés à proximité de l’endroit qui sert également d’office de tourisme.
À une trentaine de kilomètres à l’ouest de Thuir, au pied des Pyrénées, Prades est un autre bourg aussi paisible que pittoresque, célèbre notamment pour le festival de musique classique initié par le grand violoncelliste Pablo Casals (1876-1973) qui s’y déroule chaque été depuis 1950, ayant entretemps essaimé sa programmation dans d’autres lieux de la région. Les bénéficiaires de minima sociaux se voient offrir de généreuses réductions, occasion de (re)découvrir un univers musical dans des décors magnifiques. À commencer par celui de l’église Saint-Pierre dont le choeur s’orne d’un retable baroque étourdissant dont l’élément central, une statue colossale du saint éponyme des lieux, a donné naissance au proverbe « Gran com el Sant Pere de Prada » (grand au sens de prétentieux !) : à vérifier par vous-même, en visite guidée pour ne rien perdre des détails foisonnant de cette oeuvre d’art sans équivalent en France. Le trésor attenant, dont la muséographie a été récemment repensée, est accessible de plain-pied à 80%.
À un jet de… pierre de là, niché au pied de l’emblématique pic du Canigou (Canigó selon la graphie locale), l’abbaye Saint-Michel de Cuxa accueille également des représentations du Festival Pablo Casals. Sauvé in extremis des démolisseurs, l’endroit a néanmoins perdu la moitié de son cloître (l’autre se trouve au Metropolitan Museum of Art de New-York). Forte pente oblige, pour y accéder lorsqu’on utilise un fauteuil roulant, il faut pénétrer en voiture dans l’enceinte du monastère afin d’atteindre la grille donnant accès au dit cloître, dont les chapiteaux témoignent d’une liberté de ton inattendue pour le XIIe siècle… Le reste de l’abbaye est bardé de marches (un projet d’accessibilité est en recherche de financement) mais il y règne une quiétude propice à la méditation.
Symbole catalan par excellence, le pic du Canigou domine la plaine de sa forme pyramidale caractéristique. On pouvait, jusqu’à il y a peu, accéder en 4×4 jusqu’au pied du massif mais l’accès est désormais règlementé, ce qui fait le bonheur des « vrais » randonneurs mais pose quelques difficultés aux visiteurs à mobilité réduite, notamment lors des fêtes de la Saint-Jean, lorsque la trobada vient allumer au sommet les fagots déposés la semaine précédente, feu qui sera ensuite cérémonieusement descendu dans les villages de la vallée. Heureusement, une association locale particulièrement dynamique, Nataph, a inscrit cette activité à son programme, permettant ainsi, grâce à une joëlette, d’offrir au tout un chacun, handicapé ou non, le bonheur de partager des moments de grâce en pleine nature : on y reviendra !
Jacques Vernes, août 2019
Sur le web, le site Pyrénées-Orientales Tourisme offre tout ce qu’il faut pour organiser un séjour multithématique, activités et hébergements compris. La partie Tourisme et handicap n’est pas oubliée, où l’on peut télécharger au format pdf la brochure ad hoc, mise à jour chaque année.