Moins célèbre pour ses célébrations de fin d’année, moins touristique et donc plus intime, la Franche-Comté (à laquelle nous avions consacré des reportages « doubistes » en 2007 et 2009) s’avère une destination idéale pour passer d’excellents moments en famille loin de l’affluence des « grosses machines » comme Paris ou l’Alsace. Tous les ingrédients pour réussir un séjour hivernal accessible y sont réunis, accueil et hébergements compris, à des prix nettement plus doux qu’ailleurs. La preuve en trois destinations…

Chez les ducs de Wurtemberg.

La doubiste Montbéliard est célèbre pour le fier château qui la domine, d’où régna l’une des grandes dynasties européennes d’Ancien Régime. Principauté indépendante, cette enclave protestante appartint longtemps au Saint-Empire Romain-Germanique avant d’être annexée par la France en… 1793. D’abord rattachée à la Haute-Saône, elle fit ensuite partie de l’Alsace avant d’être intégrée au Doubs! Aisément accessible en TGV via la gare de Belfort-Montbéliard, c’est une ville à taille humaine et de plain-pied (à l’exception notable du château précité, sur le parvis duquel il est conseillé de stationner avant d’en visiter les collections) où la déambulation au gré du centre-ancien, notamment pendant les illuminations, s’avère des plus agréables en fauteuil roulant.

Le marché de Noël, qui s’y déroule tous les ans durant la période de l’Avent sous le nom évocateur de « Lumières de Noël » n’a rien à envier à ses équivalents alsaciens! Outre les traditionnelles échoppes (réellement conformes à l’esprit de Noël, contrairement à celles que l’on trouve dans certaines grandes villes) présentant décorations, accessoires hivernaux ou gastronomie locale, de nombreuses animations sont proposées durant toute la période: déambulations théâtralisées, concerts, etc., dans une ambiance familiale.

Chaque année, une région ou un pays étranger est mis à l’honneur, ce qui donne notamment lieu, en cette année écossaise, à une remarquable exposition de peinture au château.

Si le centre spirituel de Montbéliard est occupé par un temple protestant encore très actif (Saint-Martin, accessible par rampe à l’arrière) où expositions et concerts sont régulièrement organisés, la périphérie industrielle de la ville est nettement marquée par une présence catholique redevable aux travailleurs immigrés de l’entre-deux-guerres. Ces sanctuaires-là sont aujourd’hui désertés mais leur architecture, parfois étonnante, demeure. Ainsi, à Audincourt, il faut absolument visiter l’église de l’Immaculée Conception, l’une des premières construites en béton armé, dans les années trente, dont les nervures audacieuses et les émouvants vitraux se découvrent moyennant une rampe située sur le côté droit de l’édifice… et l’obtention d’une clé à demander à la cure ou à l’office du tourisme.

Mais Audincourt est surtout mondialement connue des amateurs d’architectures et de vitraux pour son église du Sacré-Coeur, chef d’oeuvre consacré en 1951, où quelques grands noms de l’art moderne, au premier rang desquels Fernand Léger, ont gratuitement contribué. La symphonie lumineuse qui s’y donne dès que le soleil brille est proprement féerique! Comme pour l’église de l’Immaculée Conception, accès par rampe, stationnement aisé à proximité. Demander les clés à la cure ou à l’office de tourisme.

À l’ombre du lion.

Voisine de Montbéliard, distante d’une vingtaine de kilomètres, Belfort est une fameuse place-forte, capitale du territoire auquel elle a donné son nom, dont l’histoire mouvementée est liée à sa situation géographique privilégiée (« trouée« ) convoitée dès l’Antiquité. Le colossal félin qui la symbolise (et trône aussi, en version réduite, place Denfert-Rochereau à Paris) est redevable au ciseau d’Auguste Bartholdi auquel on doit par ailleurs la célébrissime statue de la Liberté. Accroché à flanc de falaise, le monument se visite difficilement en fauteuil roulant, à l’instar d’ailleurs de la citadelle sous laquelle il se trouve, mais on peut largement se contenter de l’admirer (en entier) depuis le centre ancien de la ville, de jour comme de nuit!

De même, ce qui reste des fortifications a de quoi impressionner, où l’on déambule en se remémorant les grandes heures de la cité; les tours bastionnées dites « 41 » et « 46 » abritent en outre des espaces d’exposition accessibles de plain-pied. Les pavés, heureusement, sont assez praticables en fauteuil roulant, de même que le reste de la ville dont la partie moderne, nantie de larges trottoirs, ne pose aucun problème. Outre quelques beaux exemples d’architecture de la fin du XIXe siècle, on peut y découvrir le richissime Musée d’Art moderne, donation du collectionneur belfortain Maurice Jardot où se côtoient, en toute accessibilité (y compris aux visiteurs déficients visuels), les plus grands maîtres de l’art du XXe siècle.

Proximité avec Montbéliard aidant (rappelons que les deux villes partagent la même gare TGV), Belfort propose d’autres activités pour la période des Fêtes, réunies sous le titre humoristique de « Mois givré » et ciblant tout particulièrement les enfants. De la place d’Armes, dans la vieille-ville, au secteur piétonnier du Faubourg de France, illuminations et animations attendent les familles, avec notamment des contes sur le parvis de l’Hôtel de Ville et de poétiques visites aux lampions organisées par l’office de tourisme: de beaux souvenirs en perspective dans les regards émerveillés des bambins !

Après les bains.

À une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Belfort, Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône, station thermale réputée au riche patrimoine historique, décline également sa propre version des Fêtes en famille. Un Noël « participatif » sur le thème de la table, avec entre autres réjouissances des démonstrations culinaires sur grand écran proposés à l’espace Frichet (ancien grand casino-théâtre) par des chefs étoilés, ainsi que des ateliers cuisine et pâtisserie à des tarifs très abordables, voire gratuitement. Les enfants se régalent aussi, avec des animations qui leur sont spécialement destinées, avant de rejoindre leurs parents pour une balade gourmande pleine de surprises dans les rues du centre ancien. On y déguste des produits élaborés et fabriqués par des artisans, tel le fondant jambon de Luxeuil, des macarons aux saveurs nouvelles, des chocolats aux ganaches et formes originales, tout en découvrant l’histoire de la cité et son patrimoine gothique et Renaissance: tour des Echevins, maison dite espagnole, maison du Bailli, maison dite François Ier d’époque Renaissance qui lui épargna la destruction lors de l’alignement des façades sous Napoléon III.

Avec son épouse Eugénie, cet empereur avait apprécié les eaux thermales de Luxeuil-les-Bains et a contribué à l’essor de la station. Et l’impératrice a fait connaître la dentelle locale, qui s’est fabriquée jusqu’à la seconde guerre mondiale, technique perpétuée aujourd’hui par le Conservatoire de la dentelle de Luxeuil qui participe à ce « Noël fête la table ».

Les thermes étant fermés en hiver, l’atmosphère « entre soi », loin des flux habituels de curistes, est particulièrement agréable, au point que les habitants de la région en profitent pour redécouvrir l’endroit et ses attraits, tant gastronomiques que patrimoniaux. Amateurs de Noëls intimes, vous serez à la fête !

Jacques Vernes, décembre 2015.


Sur le web mais aussi au téléphone ou sur place, les professionnels du tourisme s’avèrent d’excellent conseil pour préparer un séjour adapté : n’hésitez surtout pas à prendre contact avec eux ! Le site web du Comité Régional de Tourisme de Franche-Comté peut constituer un excellent moyen de trouver votre destination et construire votre programme, hébergements compris : entrez le mot clé « handicap » dans le moteur de recherche pour accéder à l’ensemble des offres.

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