Le département du Doubs, dont nous présentions en 2007 quelques aspects estivaux, est également une destination neige. Son relatif éloignement des grands flux touristiques, ajouté à une gestion intelligente des domaines skiables (qui a su éviter les erreurs commises ailleurs, notamment en matière de « bétonisation ») et à des prix raisonnables, en font un but de vacances « actives » agréable. Une quinzaine de stations à taille humaine attend les amateurs qui profitent cet hiver d’un enneigement idéal laissant présager encore quelques belles semaines d’activités !

À Mouthe, près de la très photogénique source du Doubs, l’École de Ski Français (ESF) propose notamment une initiation à la luge nordique et la location de matériel (enfant et adulte) pour les pratiquants confirmés, à des tarifs très raisonnables. Le professionnalisme et la gentillesse de l’accueil assuré notamment par Yves Maréchal (ancien directeur technique fédéral du ski de fond handisport) ont, au fil des ans, fidélisé de nombreuses familles pour qui, jusqu’alors, ski et handicap (parfois lourd) étaient incompatibles. Pour se faire plaisir, l’immense domaine couvre 250 km, dont 180 accessibles. Pour le parcourir, l’École propose une formule en randonnée sur plusieurs jours « Tout compris nordique » incluant l’hébergement en gîtes et fermes d’alpage, et dispose d’un équipement sonore pour le guidage de fondeurs déficients visuels.

À Mouthe, vous pourrez également vous initier au biathlon dans une formule parfaitement sécurisée par l’utilisation de carabine laser; et si ce « biathlon pour tous » vous donne envie d’aller plus loin, de vraies carabines de compétition sont disponibles. D’autres animations sont organisées : descente aux flambeaux, course d’orientation, randonnée en raquettes, etc. Ceci étant, la luge nordique reste, à l’instar du ski de randonnée, un sport très physique qui demande une bonne forme, une puissance musculaire dans les bras et les épaules ainsi que du souffle de la part de l’handiskieur comme de ses éventuels accompagnateurs. L’apprentissage est heureusement assez facile, l’équilibre aisé à trouver même s’il faut faire attention au risque de chute dans les passages en dévers. Les paysages que l’on découvre par ce moyen sont tout à fait splendides et on mérite largement, après l’effort, la récompense d’une bonne tartiflette fumante accommodée à la façon locale au restaurant du coin (certains, tel le Saint-Patrick à Mouthe, sont labellisés Tourisme et handicap) !

luge nordique. © ESF

Côté ski alpin, rendez-vous à Métabief (on prononce Métabié), où l’association Apach’Évasion dispose de tous les personnels et matériels nécessaires à une bonne glisse, que l’on soit débutant ou handiskieur confirmé : fauteuil-ski, bi-ski, dual et uniski, ski-kart, guidage sonore pour déficients visuels… Comme pour l’ESF de Mouthe (avec laquelle travaillent les bénévoles d’Apach’Évasion), il est néanmoins recommandé de ne pas s’y prendre au dernier moment pour réserver un cours et/ou du matériel. En effet, bien que le Doubs ne soit pas la Haute-Savoie (voire justement pour cela), la qualité de l’accueil conjuguée à une large gamme de pistes de ski font que certains week-ends sont très chargés, notamment lors des vacances scolaires. Heureusement, la station de Métabief est généreuse en hébergements (dont quelques-uns accessibles) et dispose d’un vaste parking avec places réservées au pied des pistes. Au sommet, le panorama est superbe, qui offre un véritable balcon sur la Suisse et la chaîne des Alpes. Bien que le dénivelé ne soit que de 400 mètres, les pistes sont diversifiées : tous les handiskieurs, quel que soit leur niveau, devraient y trouver leur bonheur.

Les plus frileux (ou romantiques) pourront se contenter d’une belle balade en traîneau à chiens : à la bien-nommée Chapelle-des-Bois, les Équipages Adam’s offrent des prestations accessibles aux touristes handicapés. L’expérience est assez onéreuse (compter 45€ la balade d’une heure pour un adulte) mais le décor de forêts, l’étrange silence entrecoupé par les jappements des chiens polaires (de puissants groenlandais, les mêmes que dans le Grand Nord) auxquels le musher donne les ordres, la petite morsure du froid sur le visage due à la vitesse du traîneau, et le plaisir d’être bien emmitouflé sous d’épaisses couvertures et calé dans un confortable siège baquet valent largement cette petite « folie ». L’accueil, en outre, est réellement attentionné : on vient même vous chercher (et on vous raccompagne) à la descente de voiture. Bon à savoir : du printemps à l’automne, des sorties en traîneaux à roues sont également organisées.

Côté loisirs « à l’abri » (ou entre deux sessions de glisse), on ne peut que recommander une visite au musée d’art et d’histoire de Pontarlier, parfaitement accessible : outre l’histoire locale qui apporte son lot de surprises, et des collections de peinture, les collections permanentes comportent une partie consacrée à l’absinthe, « fée verte » devenue sorcière en 1915 avant de retrouver ses lettres de noblesse 73 ans plus tard. La riche muséographie rend compte de cette évolution et, s’il n’est pas possible pour l’heure de déguster sur place ce nectar encore sulfureux (et donc cher), les lieux où découvrir son goût particulier (qui n’a pas grand chose à voir avec l’anisette ou le pastis) ne manquent pas dans la région, notamment à l’occasion des « absinthiades » : un véritable rituel…

Autre incontournable local, le comté est un fromage qui s’élève encore artisanalement en « fruitières ». La plus célèbre cave d’affinage est installée dans l’ancien fort de Saint-Antoine, véritable cathédrale fromagère qui se visite chaque jeudi pour les particuliers (réservation obligatoire auprès de l’Office de tourisme). Bonne accessibilité, parking aisé.

Dans un autre genre, dominant les eaux paisibles du lac de Remoray, la Maison de la réserve permet à tous, petits et grands, de se familiariser avec un écosystème préservé. Inauguré en 1986, cet espace d’initiation ludique a déménagé en 2002 dans les très élégants locaux que l’on peut découvrir aujourd’hui. Pour les déficients visuels, des animaux naturalisés sont présentés dans une salle particulière. Au sous-sol (accessible par ascenseur), des expositions temporaires sont régulièrement organisées, réunissant enfants et parents sur des thématiques proches de la nature. On y découvre, entre autres, que le lynx présent dans les montagnes du Jura n’est pas un gros chat… mais un grand félin ! Une jolie manière pour les visiteurs de s’approprier et mieux comprendre cette région où ils aiment séjourner…

Jacques Vernes, mars 2009.

Sur le web, le Comité Départemental de Tourisme propose, outre une section « Tourisme et handicap » très complète, une partie plus généraliste consacrée, entre autres, à l’enneigement. Côté hébergements, l’association Apach’Évasion a rassemblé sur une page la liste de ceux qui comportent le logo « fauteuil roulant ».

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