Avec leurs champs de lavande, leurs oliveraies, leurs montagnes immaculées, leurs eaux vives et leurs villages pittoresques, les Alpes de Haute-Provence sont en quelque sorte la vitrine imaginaire de toute une région. Une variante de « rêve provençal » qui concerne aussi bien les amateurs d’art et de culture que les sportifs (suivez ce lien pour les aspects hivernaux): on sait d’avance que ces vacances-là seront réussies! Et on ne se trompe pas: peu d’aléas climatiques, une pression touristique maîtrisée, un accueil globalement souriant, conjugué à des tarifs pas plus élevés qu’ailleurs (pas moins non plus) font des Alpes de Haute-Provence une destination sans danger pour la plupart des publics. Mais qu’en est-il des touristes handicapés ?

L’une des « cartes postales » du département, c’est le village de Moustiers-Sainte-Marie, suspendu au pied de deux hautes falaises que relient une étoile, ex-voto médiéval dont l’histoire se confond avec la légende. Un vrai décor de crèche provençale, avec ses maisons de pierre, ses rues étroites, ses placettes ombragées et son torrent. L’endroit est évidemment très couru en saison, donc difficilement stationnable, même si des emplacements réservés ont été aménagés. Autre écueil : la pente et les pavés, mais qui s’oublient, en fauteuil roulant, avec de bons pousseurs que l’on récompensera au besoin à la terrasse de l’un des nombreux bars ou restaurants ! Bon à savoir : l’office de tourisme, place de l’Église, est accessible de plain-pied et son personnel d’excellent conseil.

Mondialement célèbre depuis plusieurs siècles pour la beauté de ses faïences finement ornementées, Moustiers abrite toujours plusieurs ateliers, dont la plupart se visitent, à l’instar de la fabrique Lallier, également accessible de plain-pied, et par monte-charge pour les ateliers. Que l’on soit ou non enclin à s’offrir ces coûteuses merveilles, la découverte de leur fabrication est un enchantement qui doit beaucoup à l’amour que ces artisans hors-pair portent à leur métier et à l’enthousiasme avec lequel ils le partagent. La fabrique, implantée en entrée de bourg, dispose d’une vaste aire de stationnement. Pour découvrir la faïence ancienne, rendez-vous au Musée, au bas du village, où sont exposées des pièces d’exception dans une muséographie parfaitement accessible qui ne fait pas l’impasse sur la création contemporaine. Toilettes adaptées sur place, stationnement réservé non loin de là, sur le parking de la Poste. Attention, la circulation automobile est à sens unique : défense de se tromper sous peine de devoir refaire un (grand) tour !

À quelques encablures de là, débouchant sur le vaste lac artificiel de Sainte-Croix, s’étendent les célébrissimes gorges du Verdon. C’est l’un des plus beaux canyons d’Europe, l’un des plus vertigineux aussi, et des plus touristiques. Ce paradis pour excursionnistes, qui peuvent y randonner mais également y pratiquer l’escalade ainsi que toutes sortes de sports d’eau vive, se découvre également sans effort, en voiture, depuis la route qui relie Moustiers à Castellane. De nombreux belvédères ont été aménagés, d’où l’on découvre des panoramas à couper le souffle, majestueusement survolés par les aigles… La plupart de ces belvédères sont aisément stationnables et accessibles, à l’exception notable du plus célèbre d’entre eux : le point sublime, près du village de Rougon. À mi-chemin, la Maison des gorges, aménagée à La Palud-sur-Verdon, présente en toute accessibilité (y compris côté toilettes) cet environnement exceptionnel et les hommes qui y vivent.

Survoler ce territoire à l’instar des oiseaux, c’est possible au Montdenier, au-dessus de Moustiers, où l’école de parapente Verdon Passion a installé ses tipis et une piste d’envol parfaitement sécurisée où les amateurs handicapés sont les bienvenus. Les prestations vont du vol de découverte d’un quart d’heure en biplace au stage de plusieurs jours, et les tarifs sont tout à fait raisonnables. Une expérience inoubliable ! Ne vous fiez pas au look « indien » des moniteurs : c’est du sérieux.

Si vous préférez des plaisirs plus près du sol, la jeune équipe d’Aquattitude, basée à Montpezat, vous offre la possibilité de naviguer en canoë-kayak sur le Verdon, en toute accessibilité ou presque (transfert nécessaire) dans une ambiance bon-enfant. Le canyon de Baudinard dévoile ainsi tous ses mystères, ainsi qu’une eau étonnamment fraîche : on vous laisse découvrir pourquoi. Calme et moins fréquentée que les autres canyons, cette partie-là du Verdon vaut à elle seule une bonne journée d’exploration, pique-nique d’anthologie en bord de rivière compris ! Côté hébergement adapté, Aquattitude recommande (à juste titre) le Gîte de l’Escargot, à Quinson.

Quinson qui projette d’aménager une promenade le long du Verdon, dont l’une des extrémités débouchera sur… un village préhistorique parfaitement reconstitué (déjà construit) présentant différents habitats de cette période, librement accessibles de plain-pied. Rien d’étonnant, dans une région où l’Homme s’est installé dès le Paléolithique. En entrée de bourg, le très minéral Musée de la préhistoire, dû au célèbre architecte Norman Foster, rend compte de cette période grâce à une muséographie didactique qui « parle » à tous les publics, grâce notamment à des dioramas criants de vérité. Stationnement réservé juste en face, sur la place de la Mairie (ne pas tenir compte des indications de parking public), toilettes adaptées.

En aval de Quinson (dont le lac ne jouxte pas le village), au débouché des basses gorges du Verdon, le lac d’Esparron est un magnifique plan d’eau couleur émeraude ouvert aux plaisanciers et aux baigneurs. Affluence garantie les week-ends et tout au long de l’été, mais l’ambiance reste familiale, d’autant que le Club nautique propose, outre la location à prix tout doux de voiliers, canoës et autres barques de pêche, des balades de découverte en « vieux gréement » particulièrement poétiques et photogéniques. Transfert nécessaire depuis un fauteuil roulant mais l’accès à la base ne pose aucune difficulté (parking réservé à proximité) et l’accueil est réellement attentionné. Repas possible sur place.

Encore plus en aval (mais en retrait de la rivière), l’élégante station thermale de Gréoux-les-Bains est prisée depuis l’Antiquité. Si la ville s’est largement développée depuis, son centre ancien a conservé tout le charme d’un bourg provençal, avec de nombreuses animations tout au long de l’année: renseignez-vous à l’office de tourisme (place de l’Hôtel de Ville), il est accessible de plain-pied et son personnel est de bon conseil… notamment en ce qui concerne l’inaccessibilité de la plupart des lieux touristiques de cette cité construite à flanc de colline! Côté thermal, si la partie « Sécurité Sociale » est située en sous-sol sans ascenseur du vaste bâtiment d’inspiration gallo-romaine implanté en bas de colline, la partie bien-être, ultramoderne, ne présente aucune difficulté en fauteuil roulant. Très vaste parking avec emplacements de stationnement réservé. Quant à l’incontournable casino, il est parfaitement accessible.

À une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Gréoux-les-bains, passée la Durance, Manosque est l’une des cités emblématiques de la Provence. À l’ombre de ses platanes et des rues tortueuses de son centre-ancien, l’atmosphère qui y règne est propice à toutes les rêveries, notamment littéraires puisque c’est ici que le grand écrivain Jean Giono (1895-1970) à « jeté son encre ». Un excellent prétexte pour (re)lire ses romans ! Installé dans un bel hôtel particulier du XVIIIe siècle, le Centre Jean Giono fait vibrer la mémoire de l’écrivain. Seul le rez-de-chaussée est accessible en fauteuil roulant mais les bénévoles qui animent l’endroit compensent amplement ce désagrément par le soin qu’ils mettent à accueillir au mieux tous les publics et maintenir vivante l’oeuvre de Giono : passionnantes conversations en perspective ! L’association Handi Cap Évasion 04, basée sur place, organise de magiques randonnées en joëlette sur les pas de l’écrivain, entre autres activités basées sur le partage handi-valide : une initiative qui gagnerait à être reproduite dans d’autres « terroirs littéraires ». Plus haut dans Manosque, la maison « Le Paraïs » où Giono a vécu et écrit, est ouverte à la visite sur demande mais son accès est des plus ardus pour les personnes handicapées motrices (nombreuses marches).

À la sortie de Manosque (par la D5), en pleine colline, l’ONF a aménagé les Chemins de Bellevue, labellisés Tourisme et handicap : deux « boucles » parfaitement accessibles en fauteuil roulant, où les déficients visuels disposent en outre de panneaux d’information tactiles. Une agréable promenade en sommet de crête, avec aires à pique-nique et stationnement réservé, à la découverte de la forêt méditerranéenne. Une installation de sculptures tactiles sur bois réalisées par l’ardéchois Xavier Ott est en cours d’expérimentation.

Autres découvertes possibles non loin de là, à la Maison de la biodiversité (chemin de la Thomassine), belle bastide ombragée, accessible de plain-pied, qui sert à la fois de centre de documentation et de conservatoire pour la préservation des variétés de fruits anciens. Lesquels sont mis en culture dans les vergers en contrebas, moins aisément accessibles en fauteuil roulant du fait de la déclivité du terrain, mais dont la visite (guidée et gourmande : on peut goûter !) est tout à fait passionnante. Pique-nique possible sur place.

À une dizaine de kilomètres de Manosque, en remontant la Durance, Volx est l’un de ces villages « à la Giono » que la pression touristique semble avoir épargné: on y vit toujours, au pied des collines, de l’agriculture et de l’élevage. Une « typicité » qui n’a pas échappé à la multinationale locale, L’Occitane, dont le fondateur a ouvert un Écomusée de l’Olivier particulièrement intéressant (et parfaitement accessible: il est labellisé Tourisme et handicap) qui retrace l’histoire de cette industrie de l’Antiquité à nos jours, que des éléments tactiles permettent aux déficients visuels de découvrir également. La boutique attenante assure la promotion de la marque Première Pression Provence, dont les luxueuses boutiques parsèment nos villes: les prix affichés permettent aux rêveurs de redescendre sur terre…

Jacques Vernes, avril 2013.


Sur le web, le site de l’Agence de développement touristique des Alpes de Haute-Provence permet de préparer un séjour en toute sérénité. Une page spéciale y est en outre consacrée aux sites labellisés Tourisme et handicap ainsi qu’aux activités accessibles.

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