Partie de la région PACA, dont elle constitue la portion alpine avec le département voisin des Hautes-Alpes, la Haute-Provence offre tout autre chose, en hiver, que les champs de lavande et les villages pittoresques qui ont fait à juste titre sa réputation estivale. La montagne y est préservée (outre les parcs naturels régionaux du Verdon et du Luberon, une partie du massif appartient au parc national du Mercantour) et les stations de sports d’hiver à taille humaine. La démarche de labellisation Tourisme et Handicap, plutôt dynamique, a permis de sensibiliser de nombreux prestataires à la mise en accessibilité des établissements et activités grand-public. En conséquence de quoi l’offre est vaste et la palette tarifaire assez étendue pour satisfaire tout le monde. Cerise sur le gâteau, non seulement la neige est au rendez-vous chaque hiver mais également l’ensoleillement, qui avoisine les 300 jours par an ! Seule ombre au tableau : la desserte ferroviaire n’est pas des plus commodes, passant par Aix-en-Provence ou Valence, et il vaut mieux compter sur son propre véhicule pour sillonner les routes.

Au sud du lac de Serre-Ponçon (frontière avec les Hautes-Alpes) la station de Saint-Jean-Montclar est l’archétype de la destination familiale. Son histoire, tout juste quarantenaire, est celle d’un village qui a refusé que l’exode rural soit une fatalité : par décision collective, sous la houlette d’un maire visionnaire et obstiné, les habitants ont mis leurs moyens en commun pour créer ex nihilo pistes, remontées et hébergements. Un rêve fou, selon le préfet d’alors, mais qui s’avère aujourd’hui un succès exemplaire. Les touristes sont devenus des habitués, certains même ont pris racine, et l’atmosphère bon-enfant qui règne sur place surprend souvent les nouveaux visiteurs.

Côté handiski, un versant seulement est accessible par un long télésiège mais son orientation plein sud en fait un terrain de glisse très agréable malgré des remontées mécaniques anciennes et mal commodes : le confort d’utilisation sera amélioré la saison prochaine par un télésiège débrayable, ouvrant aux handiskieurs la pratique en autonomie. Le matériel, fourni par le Secours Catholique, est gracieusement mis à la disposition des handiskieurs via l’antenne locale de l’Ecole du Ski Français. Une pause déjeuner sur la terrasse de « la Table d’en haut » peut s’avérer très agréable par beau temps mais on regrette l’absence d’un fauteuil roulant de transfert et de toilettes accessibles.

En matière d’hébergements, la station compte actuellement une dizaine de chambres adaptées, tous types confondus. Signalons en particulier le Domaine de l’Adoux, ancienne colonie de vacances devenue hôtel de charme, dont les propriétaires, réellement attentifs au bien-être de leurs clients, oeuvrent actuellement à une meilleure accessibilité de la piscine chauffée, du sauna et du jacuzzi. Ces prestations « d’après-ski » sont malheureusement inaccessibles pour le moment à la Petite Bonnette, joli chalet d’hôtes situé à quelques encablures de là, sur la route de Digne, mais la qualité de l’accueil et, surtout, la vue sur la vallée et les montagnes, à couper le souffle, compensent d’autant mieux ce petit désagrément que le reste de l’accessibilité est sans faille et les tarifs très doux.

Plus à l’ouest, la célèbre vallée de l’Ubaye concentre le gros de l’activité touristique hivernale avec plusieurs stations de ski, dont Pra Loup, qui fête ses 50 ans. Celle-ci, reliée au domaine de la Foux d’Allos, dispose de deux télécabines accessibles (Clapiers et Molanes) ainsi que de télésièges débrayables. Le forfait couvre les deux stations, 1/2 tarif pour l’handi-skieur et un accompagnateur. Pra Loup est orientée au nord mais le panorama sur la vallée et les montagnes est particulièrement impressionnant. Côté toilettes adaptées, celles du restaurant d’altitude de Costebelle feront l’affaire, bien qu’il manque un fauteuil de transfert; celles du pied de piste, près de l’Office de Tourisme, gagneraient à un meilleur entretien… Comme à Montclar, c’est auprès de l’ESF que l’on peut se procurer le matériel ad hoc et trouver, le cas échéant, l’encadrement professionnel indispensable à une glisse sans accrocs. Par ailleurs, le personnel opérant aux remontées mécaniques reçoit chaque année une formation à la bonne prise en charge des handiskieurs. Enfin, la largeur des pistes permet de skier en toute sérénité, même aux périodes d’affluence. Pratiquer ces activités en dehors des vacances scolaires demeure évidemment l’idéal, que l’on soit valide ou handicapé.

La petite ville de Barcelonnette, en fond de vallée, peut constituer un excellent « camp de base » duquel rayonner sur les domaines avoisinants. Une cité paisible que quelques-uns de ses habitants, ayant émigré au Mexique, ont enflammée fortune faite (des années 1850 au milieu du XXe siècle) et qui s’y sont fait construire de somptueuses demeures que l’on peut encore admirer… depuis la rue. Sur l’église, des plaques commémorent le souvenir d’émigrants revenus pour combattre lors de la Première Guerre mondiale et de Mexicains morts pour la France lors du même conflit. Ceux qui sont enterrés sur place ont fait construire des tombeaux à la mesure de leur richesse, comme on peut le constater en visitant le cimetière. Depuis lors, la ville vit à l’heure mexicaine, ce qui ne laisse pas d’étonner en semblable décor !

Plus bas dans la vallée, la Maison du bois de Méolans-Revel réserve également des surprises : architecturale, d’abord, avec un bâtiment hyper-contemporain et de plain-pied du meilleur aloi; muséographique, ensuite, par l’inventivité de sa présentation, qui permet de tout comprendre de la filière bois, de la graine d’arbre au meuble fini (et quelques jeux d’adresse pas si simples !); artisanale enfin, grâce à des démonstrations de virtuosité dans l’atelier contigu. L’activité est également tactile, le stationnement aisé, les toilettes adaptées.

Côté hébergements atypiques, signalons le Gîte Auberge de l’Eterlou, à côté de Barcelonnette, dont l’immense chambre adaptée (avec mezzanine) peut accueillir une famille. Convivialité et bonne humeur garanties à la table d’hôte ! Plus chic, du côté de Jausiers (plus haut dans la vallée) le Château des Magnans, hallucinante demeure néo-médiévale, dispose de chambres accessibles et adaptées dans ses parties neuves. Les tarifs, évidemment, ne sont pas les mêmes… Toujours à Jausiers, ne manquez pas de faire halte à la Maison des produits de pays : décoration, lainages, cosmétiques, charcuteries et fromages, plus d’une trentaine de confitures, etc., tant qu’à ramener des souvenirs, autant faire travailler les artisans locaux ! Accès de plain-pied, stationnement aisé, toilettes adaptées.

Encore plus haut dans la vallée, près de la frontière italienne et après avoir parcouru une route surplombée de spectaculaires forts militaires accrochés aux montagnes, les amateurs de luge nordique et de raquettes trouveront leur bonheur au départ de Larche, dans les splendides paysages du vallon du Lauzanier. La randonnée peut également se faire en pulka, tirée par des valides (en bonne condition physique) qui sont autorisés, pour cette activité, à utiliser des raquettes sur les pistes de ski de fond. Le matériel est disponible, sur demande préalable, à l’accueil caisse de la station. Quand le soleil est au rendez-vous (ce qui arrive fréquemment) la balade en bord de rivière est un enchantement : n’oubliez pas votre appareil photo !

Côté hébergement, vous pourrez difficilement manquer le gîte communal La Meyna, labellisé Tourisme et Handicap, dont les appartements tout-équipés sont parfaitement adaptés aux visiteurs handicapés. À 2.000m d’altitude, il y a largement de quoi changer d’air !

Jacques Vernes, février 2011.


Sur le web, le site de l’Agence de développement touristique des Alpes de Haute-Provence permet de préparer un séjour en toute sérénité. Une page spéciale y est en outre consacrée aux sites labellisés Tourisme et handicap ainsi qu’aux activités accessibles.

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