Deuxième ou troisième ville de France, question de statistiques, Lyon se veut à la fois discrète et ouverte sur le Monde. Grand carrefour de communication, la cité est propice aux affaires, cernée d’industries dont la gigantesque raffinerie de pétrole de Feyzin. Fondée au 1er siècle avant notre ère et berceau de nombreuses grandes figures de l’histoire de France (à découvrir sur la Fresque des Lyonnais, à l’angle de la rue de la Martinière et du quai Saint Vincent), Lyon fut, en 1831, le théâtre de la première insurrection ouvrière, celles des Canuts qui travaillaient la soie dans le quartier de la Croix Rousse.

Il reste de cette époque de longs couloirs traversant les immeubles, les traboules, dans lesquelles les Canuts transportaient le tissu à l’abri des intempéries. Aujourd’hui, la production de soieries, devenue marginale, est réservée au grand luxe. Quelques traboules du quartier Saint- Jean sont accessibles: poussez la porte, parcourez le couloir et vous arriverez dans d’étroites et charmantes cours Renaissance. L’Office de Tourisme organise des visites guidées quotidiennes, et le guide pourra adapter son parcours pour vous montrer les plus accessibles et vous indiquer le point de sortie; en groupe vous pourrez plus facilement être aidé(e) dans le franchissement des seuils ou de quelques marches. Le quartier, bardé de pavés, est celui de la Cathédrale Saint- Jean (accessible avec aide), de style gothique sur une abside romane. Elle comporte une horloge astronomique en état de fonctionnement et dont les automates s’animent à midi, 14h, 15h et 16h, spectacle gratuit, et fascinant. Sur sa droite, la Manécanterie est l’un des rares édifices romans qui demeurent à Lyon. Le Musée de la Miniature est le dernier en date, installé dans un immeuble Renaissance (Maison des Avocats) bien restauré et accessible (appuyez sur le bouton de la porte vitrée pour entrer, un ascenseur dessert les étages).

Si la Basilique de Fourvière (accessible par ascenseur sur la gauche du bâtiment) retiendra surtout, avec ses mosaïques 19e siècle à fond d’or, l’attention des amateurs d’art Saint-Sulpicien, la vue sur la ville ravira tous les visiteurs : le panorama vers l’est et le sud est remarquable. Toute proche, une tour métallique rappelle la parisienne Tour Eiffel, en version réduite. Face à elle, le parc des hauteurs est traversé par une passerelle qui offre un panorama sur la Croix Rousse, Fourvière et la vallée de la Saône. En descendant, vous passerez devant deux amphithéâtres romains très reconstruits; l’été, on y donne des spectacles. Un très riche (et accessible) Musée de la Civilisation gallo- romaine les surplombe. Plus bas, rue de la Charité, les amateurs de soieries visiteront le Musée des tissus, dont l’accessibilité est correcte à l’intérieur une fois franchi… un perron de quelques marches.

La colline de Fourvière, une partie de la Presqu’île et la Croix Rousse ont été classées, en 1998, au Patrimoine mondial par l’Unesco. Il est préférable de visiter ces quartiers pittoresques en partant des sommets pour descendre par les rues et les « pentes » en choisissant celles qui ont (ou n’ont pas) d’escaliers, en fonction de votre mobilité (un plan précis des quartiers Saint Jean et Croix Rousse est disponible à l’Office du Tourisme). Prévoyez toutefois d’être aidé(e) par un(e) valide plutôt robuste… En descendant de la Croix Rousse, ne ratez pas la Cour des Voraces (accessible Place Colbert), envolée d’escaliers desservant les nombreux étages d’un immeuble qui forme un pâté de maisons. Ne manquez pas non plus les vestiges de l’amphithéâtre des Trois Gaules, dans lequel la chrétienne Blandine fut jetée aux lions à l’époque où Lyon s’appelait Lugdunum, du nom d’un dieu celtique…

Place des Terreaux (nom donné à d’anciens fossés médiévaux) on peut zigzaguer entre les 69 jets d’eaux qui surgissent du sol aux beaux jours. En hiver, l’endroit est l’un des hauts- lieux de la très populaire Fête des lumières. La fontaine, sculptée par Bartholdy, représente… la Dordogne se jetant dans la Garonne ! Les commanditaires n’ayant pu la payer, la sculpture fut vendue aux Lyonnais qui voulurent y voir le Rhône et la Saône… Le long de la place, le Palais Saint- Pierre abrite un intéressant Musée des Beaux- Arts (bonne accessibilité pour le musée, aide nécessaire pour la Chapelle) qui présente toutes les époques et styles, de l’Antiquité à l’ère moderne. Face à l’Hôtel de Ville, l’Opéra rénové au début des années 1990 par Jean Nouvel propose une programmation de grande qualité (qui en fait la seconde scène lyrique de France) dans un bâtiment de pierre noire et aux éclairages rouges. L’accessibilité est un peu bricolée : l’accès « fauteuils » se fait par l’entrée des artistes, des sièges sont démontés au parterre en cas de besoin, et vous devrez passer par l’extérieur pour vous rendre dans l’incongru foyer XIXe siècle qui a été conservé avec ses fresques, dorures et sculptures. Mais il y a une compensation intéressante : les personnes en fauteuil roulant paient demi- tarif, de même qu’un accompagnateur. Également renommé, le Théâtre des Célestins est en cours de rénovation; son accessibilité devrait être mise aux normes.

Lyon, la place des Terreaux de nuit. © Vincent Formica.

Le Musée d’Art Contemporain est installé dans la cité internationale, vaste zone toujours en chantier en bord de Rhône, longeant le parc de la Tête d’Or et alliant palais des congrès, casino et bureaux d’Interpol. C’est l’un des espaces abritant la Biennale d’Art Contemporain. Le Musée, qui propose jusqu’au 8 mai 2005 une exceptionnelle exposition Andy Warhol, a conservé, sur le parc, la façade 1930 d’un bel immeuble. Bonne accessibilité en entrant par la travée intérieure qui dessert le cinéma U.G.C, le circuit aurait pu être plus simple. Le parc de la Tête d’Or, tout proche (du nom d’un trésor encore à découvrir) est un paradis pour les enfants et leurs parents : îles, petit train, manèges et attractions, jardins zoologique et botanique, grandes serres, roseraie, vélodrome… L’endroit est bordé de maisons cossues (certaines avec accès privatif au parc) qui en font l’un des quartiers les plus chics de Lyon.

Lyon a subi un début de « bruxellisation », notamment avec la construction durant les années 1970 du quartier d’affaires de la Part- Dieu : immeubles de bureaux, galerie commerciale, tour du Crédit Lyonnais (créé dans cette ville en 1863). L’agglomération, très étendue vers l’est, comprend des cités peu réputées pour leur attrait touristique : Villeurbanne, Vénissieux, Vaulx en Velin… Pourtant, à Villeurbanne, la restauration récente d’un ensemble d’habitations construit dans les années 1930 par l’architecte Maurice Leroux tente d’attirer l’intérêt de l’amateur d’art moderne : deux tours en béton construites dans l’esprit des buildings d’Amérique du Nord. La pointe sud de la presqu’île entre Saône et Rhône, le confluent, abritera dans quelques années un musée d’un nouveau genre, à la fois lieu d’exposition, de création et d’échanges entre artistes et scientifiques. Le bâtiment, imaginé par les deux architectes autrichiens qui avaient réalisé en 2002 l’Arteplage de Bienne (Suisse) lors d’Expo 02, apparaît d’une grande complexité et d’une lisibilité qui suscite déjà la polémique; actuellement, les images de synthèse annoncent un espace muséal dont ses initiateurs espèrent qu’il créera un événement au moins équivalent au Guggenheim de Bilbao…

Côté nourritures terrestres, on mange fort bien à Lyon, à tous les prix, du bouchon populaire à la haute gastronomie. Dans le quartier de la Part- Dieu, la découverte des meilleures spécialités régionales passe par les Halles (accessibles) dont les étals allient dégustation et vente; des artisans passionnés vous présentent les quenelles, charcuteries et fromages qui font les délices d’une cuisine locale renommée à juste titre. Figure emblématique de l’endroit, Colette Sibilia vous fera découvrir, entre autres bijoux gastronomiques, le fondant du Sabodet ou du cervelas truffé pistaché, et vous expliquera comment on fabrique l’authentique rosette de Lyon. Ce serait littéralement une vraie faute de goût que de visiter une cité qui compta François Rabelais (1494, 1553) parmi ses plus illustres citoyens, sans y partager la table de Pantagruel autour d’un gouleyant « pot’côtes »!

En ce qui concerne la circulation, la voirie est correcte, les trottoirs agréables dans les grandes rues; quelques-unes sont piétonnes et dégagées, elles offrent un vrai confort. Les quartiers à flanc de coteaux (Fourvière, Croix Rousse) sont accessibles par le métro. Côté transports, si le service spécialisé Optibus est réservé aux résidents, la plupart des stations de métro (36 sur 41, le programme d’accessibilité sera terminé dans deux ans, seule la station Croix Paquet dont les quais sont en pente restera inaccessible pour raisons de sécurité) et l’ensemble du tramway sont accessibles en fauteuil roulant; 40% des bus le sont également, mais en l’absence de plan- guide explicite, vous devrez consulter les points d’information des Transports en Commun Lyonnais ou appeler Allo T.C.L (08 20 42 70 00). D’autant que tous les arrêts n’ont pas forcément été rendus accessibles : la signalétique n’est précise que sur les plans de ligne situés sur les poteaux des arrêts de bus. Dans les véhicules, un écran diffuse une information sur le terminus et l’arrêt suivant du véhicule. Les aveugles et les malvoyants disposent d’annonces sonores; un plan- guide en braille ou grands caractères est disponible sur demande auprès des T.C.L. Deux accidents récents ont toutefois mis en évidence des lacunes en matière de sécurité des usagers aveugles : à deux reprises, en juillet et octobre 2004, des voyageurs ont chuté sur la voie du métro du fait, selon eux, d’un marquage au sol et d’une signalétique inadaptés.

Lyon, parking des Célestins.

Si vous préférez la voiture, sachez que les parkings souterrains sont nombreux, souvent accessibles, et que des places réservées sont parfois protégés par des arceaux (ce qui vous oblige à appeler préventivement le gardien par l’interphone de la borne d’entrée). Quelques parkings hébergent des oeuvres d’art, celui de la place des Célestins étant particulièrement attrayant : un miroir incliné placé au centre de la rampe circulaire empruntée par les voitures donne un effet visuel saisissant signé Buren, à apprécier à partir d’un périscope (un peu trop haut pour une personne en fauteuil roulant) situé au centre de la place ou d’un point de vue au niveau inférieur (accès par ascenseur). Les places réservées en surface semblent moyennement respectées, et le soir plus du tout. Les titulaires de macaron GIC, de plaque GIG ou de carte européenne de stationnement bénéficient de la gratuité quelle que soit la place utilisée.

Laurent Lejard, mars 2005.


Sur le web : Incontournable, le site de l’Office du Tourisme de Lyon. La ville présente d’autres informations en matière d’accessibilité sur le site Lyon accessible. Plus ludique, le site du Grand Lyon vous propose de piloter vous- même une webcam panoramique installée au sommet de l’emblématique tour du Crédit Lyonnais.

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