Juste après Padang Bay, au sud-est de Bali, nous louons deux petits bungalows à l’Hôtel Amarta pour moins de 6 euros par jour, petit déjeuner compris, vue sur l’océan, personnel sympa, masseuse pour moins de 3 euros de l’heure et restaurant tenu par une Française ! Le grand pied ! Notre premier vrai moment de tranquillité dans un cadre fantastique. Un « arak- madu » (alcool de riz servi avec du miel et des chips de crevettes) nous fera oublier la fatigue des quelques heures de route. A Bali, quelle que soit la distance, se déplacer prend du temps et nécessite un apprentissage particulier de la conduite. D’abord on roule à gauche, par politesse ; ensuite les règles de priorité sont relatives à la grosseur des véhicules et à leur nombre, et enfin l’état des routes reste le moyen de limitation le plus efficace pour la vitesse et le plus sûr pour vous ruiner le dos.

Ne vous offrez jamais le luxe d’un accident et si par malheur cela vous arrivait et qu’il y ait des blessés par votre faute, éclipsez- vous pour éviter un éventuel lynchage. En règle générale toute exaction style accident, vol, viol, meurtre est suivi d’une lapidation, d’un lynchage et il peut arriver que la police finisse le travail. Ne vous angoissez pas, c’est rare, mais il vaut mieux le savoir.

Revenons à la carte postale. Tout à l’entour est luxuriant, les maisons ressemblent à des petits temples, chaque village à ses spécificités d’artisanat, de pêche, de production et de culture. Partout, on peut voir des lieux de culte ; les Balinais sont principalement hindouistes mais l’Indonésie dans son ensemble et Java en particulier comptent une majorité de musulmans. Le rythme de la vie est ponctué par les cérémonies pour lesquelles chacun dépense d’importantes sommes d’argent en offrandes. Les processions que l’on peut croiser sont éblouissantes de beauté. Les femmes sont vêtues d’un sarong, d’une ceinture de tissus jaune et d’un chemisier à manches longues, très moulant, en dentelle. Elles sont maquillées, les visages sont fiers et souriants et elles portent sur la tête des pyramides de fruits, de riz, de fleurs, d’encens, de volailles et de toutes sortes de présents pour leurs dieux. Les hommes jouent de la musique et arborent des coiffes et des vestes blanches.

Chaque changement de lune est l’occasion d’une grande cérémonie pour attirer la bienveillance des dieux et il faut dire que vu le nombre de volcans et la fréquence des éruptions dans cette région du globe on comprend aisément la dévotion qui habite les gens. Les dieux ne sont pas représentés mais les temples abritent des trônes vides pour le cas où ils auraient l’idée de faire un petit tour sur terre, et dans ce cas ils auraient un toit, à manger et de quoi se divertir. Lorsque les rituels sont terminés, les participants reprennent ce qui est comestible et le distribuent ou le consomment chez eux, en famille. Cette omniprésence des cérémonies renforce l’idée de prendre son temps, car dans ces moments tout s’arrête.

Nous avons sillonné tout l’est, le centre et le nord de Bali avec toujours autant de plaisir et d’émerveillement. Les volcans majestueusement embrumés, les forets et les rizières, les villages de pêcheurs et ceux des montagnards qui cultivent les champs d’hortensias, les danses balinaises et la musique Gamelan. Nous avons goûté mille saveurs exotiques et usé nos yeux à la beauté des sites. Les touristes sont plus rares à l’intérieur mais on peut presque toujours trouver de quoi dormir et manger car la vie est présente partout sans être obsédante.

Certes nous n’avons pas eu de chance avec la mousson qui fut particulièrement longue et abondante cette année, mais connaît- on la Bretagne si l’on n’en découvre pas les tempêtes qui sculptent le littoral et forgent le caractère de ses habitants ?

De Bali, nous nous sommes envolés pour Lombok dans un coucou de la « Garuda ». Là, l’embarquement et les transferts furent plus que basiques. Pas de rampe pour accéder à l’avion, si ce n’est une petite échelle où je fus porté en vrac par des stewards chétifs. Bon, mais c’était ça ou le bateau dans des conditions pires, je pense. A peine moins de trois quarts d’heure plus tard, nous atterrissions à Mataram puis prenions un taxi jusqu’à l’embarcadère pour Gili Trawangan, une petite île déserte il y a encore quarante ans. Elle à ceci de particulier qu’il n’y a aucun véhicule à moteur et que les chiens y sont interdits.

Là, je me suis régalé et j’ai pu nager avec masque et tuba et enfin découvrir l’aquarium, les coraux, les étoiles de mer bleues, les poissons multicolores, les tortues de mer et les bénitiers géants. Ce fut une grosse tranche de bonheur surmonté de soleil en guise de cerise ! Je n’ai jamais rencontré de difficultés pour me baigner et j’ai même loué des barques de pêcheurs pour des sorties de plongée. J’ai aussi pratiqué la pêche à la ligne pour le plus grand bonheur des enfants qui m’abreuvaient de conseils et s’amusaient de mes « prises miraculeuses ». Le meilleur moment, c’était le coucher du soleil, juste avant d’aller dîner au restaurant Borobudur « chez Pak Amed »…

Le soir la vie continue très tard ; vous pouvez flâner ou regarder un film en vidéo dans un bar. La nuit, c’est la musique techno qui prend le relais. Ce n’est pas toujours l’idéal pour dormir, je le concède, mais cela constitue l’éden de nombreux étudiants australiens. Gili Air et Gili Ménau sont les deux petites îles voisines et sont d’aussi beaux endroits, peut- être moins touristiques. La vie est un petit peu plus cher qu’a Bali, mais cela reste plus qu’abordable et si on accepte de s’éloigner un peu des plages, on peut trouver du vrai calme et des bungalows à 3 euros avec petit dèj’ et vue sur les volcans lointains.

De retour à Bali, nous avons encore sillonné l’île en visitant de nombreux ateliers d’artisans où l’on peut constater la virtuosité de leur travail. De l’art statuaire à la menuiserie en passant par la confection des cerf-volants, tout n’est que finesse et beauté de l’art. Même l’agriculture vous laisse muet d’admiration ; les rizières en terrasse en sont le plus bel exemple. Mais, avril arrivant, nous devions songer au retour. Une dernière semaine à Amarta, une dernière bouteille de rosé de Bali pour honorer le coucher de soleil flamboyant sur l’océan turquoise et nous voilà partis. Un retour fastidieux de trente- six heures à cause des correspondances et la tête noyée de souvenirs…

Vous avez pu le constater, il ne s’agit pas d’un voyage de tout repos mais avec les moyens financiers adéquats cela reste une très belle destination surtout si on a le choix des dates. En attendant l’hiver prochain je me suis lancé dans la confection d’un bassin de verticalisation en béton sur ma terrasse histoire d’être plus vaillant pour mon prochain voyage. De l’eau, toujours de l’eau ! »

Thierry Goix, août 2001.

Sur le Net, le Consulat Général d’Indonésie propose un vaste éventail de données sur le pays, des guides et brochures par régions ainsi que de nombreuses informations pratiques à destination des touristes. L’histoire, la culture, la population, la religion, et bien d’autres choses autour de l’île mythique de Java sont présentées sur ce site Canadien en peu d’images mais excellents textes. Un très beau récit de séjour à Bali est à découvrir en suivant ce lien. Les havrais Arnaud et Sylvie Lechevalier vous donnent à lire le carnet du voyage qu’ils ont effectué à Kuala Lumpur et Bali avec leur enfants en juillet 1999. Autre récit riche en rebondissements, celui du Suisse Sami Coll. Le Wayang Golek, théâtre de marionettes d’Indonésie, est fort bien présenté sur ce site exhaustif. Les amateurs du célèbre théâtre d’ombres (Wayang Kulit et Wayang Klitik) suivront ce lien : présentation un peu lourde mais très complète. Pour (re)découvrir le Gamelan et l’envoûtante musique de cette région du monde, rendez- vous sur ce site. Côté gastronomie, Cuisindo propose un vaste choix de recettes de cuisine indonésienne (parfois très épicée) à tester. Enfin, le photographe Daniel Chay nous propose rien moins que de sublimes images d’Indonésie, juste pour rêver… Comme toujours, la FNAC est riche d’ouvrages, disques et vidéos consacrés au sujet !

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