« Tu sais quoi ? La British Airways fait une promotion jusqu’à 50% sur certaines de ses destinations » m’apprend un copain commerçant. Il me propose d’en profiter et de l’accompagner faire ses achats en Indonésie et de prendre du temps pour visiter le pays. La promo dure 48 heures, le temps de prévenir autour de moi, quelques renseignements et le billet est pris. Toulouse / Jakarta : pas de visa nécessaire ni de vaccins particuliers et le séjour est de soixante jours (attention, ne pas dépasser sous peine d’amende à la sortie !) Nous voilà donc partis fin janvier pour Londres Gatwick, l’embarquement et les transferts ne posent pas de problème si vous avez pris la précaution de signaler que vous êtes en fauteuil et de vérifier que c’est bien compris par tous les opérateurs. Le transfert de Gatwick à Heathrow (42 km) ne pouvant s’effectuer en bus, faute d’accessibilité et d’assurance, la compagnie nous a fourni un véhicule avec chauffeur pour cette petite virée entre les deux terminaux londoniens. Merci !

De là nous décollons pour Jakarta avec une escale à Kuala Lumpur en Malaisie. L’avion est assez confortable et le personnel attentionné mais les longs voyages en avion sont toujours éprouvants et finissent par vous abrutir passablement si vous n’avez pas pris les devants à l’aide des boissons qui vous sont offertes tout au long du vol. Dix sept heures sans compter les escales, ça vous déstabilise même les plus vaillants des valides, surtout si vous y rajoutez le décalage horaire (7 heures). L’escale de Kuala Lumpur vous procure un avant goût du climat équatorial 35° et 85% d’humidité, ça vous suffoque un peu mais ce n’est pas désagréable du tout de quitter ses vêtements d’hiver. D’ailleurs, je vous conseille les wc aménagés pour faire un brin de toilette, parce que dans l’avion ce n’est pas du tout pratique malgré la présence d’un petit fauteuil de transfert qui, bien sûr, ne rentre pas dans le cabinet et dont, de toutes façons, l’usage reste extrêmement limité. Enfin, l’avion décolle pour Djakarta et dans le jour naissant, entre deux nuages, nous apercevons les nombreuses Îles de la Sonde, survolons l’est de Sumatra, les volcans, les plantations de cocotiers à perte de vue et les rizières marécageuses. Comme d’habitude, le fauteuil roulant servira de sésame pour les formalités douanières et nous réussirons à attraper un avion de ligne intérieure pour Denpasar (Bali) deux heures plus tard. Un dernier embarquement, décollage dans les nuages et un peu plus d’une heure après, enfin l’arrivée.

Une hôtesse nous accompagnera jusque dans le taxi qu’elle a réservé pour nous. Je regarde la foule hétéroclite de l’aéroport international et côté indonésien deux choses dominent : le sourire et la beauté. Tout de suite la moiteur vous transforme en éponge humide et vous quittez les derniers vêtements superflus pour les regretter cinq minutes plus tard à cause de la clim’ du taxi. C’est l’instant du premier bilan pendant le trajet qui nous mène à Kuta Legian où nous attend un copain qui a loué un cottage (Panorama cottage). Ma première impression, c’est que le site semble excessivement touristique et peuplé mais rien ne semble manquer, au contraire. C’est un foisonnement de boutiques, d’hôtels, de restaurants, de « warungs » (restaurants locaux) et de camelots en tous genres. On peut même voir des petites carrioles à cheval décorées un peu comme à Marrakech. De jour comme de nuit une foule de touristes et de businessmen sillonnent ce spot de surf et d’affaires. A première vue rien n’est accessible en fauteuil… à la seconde aussi ! Il faudra s’y faire : dans les pays de mousson tout est en hauteur et dès la première averse on comprend pourquoi ; 40 cm d’eau qui dévalent les rues, ça nécessite de solides trottoirs !

Nous restons quelques jours à Kuta, le temps pour mes compagnons de régler leurs affaires et de louer une voiture (moins de 8 Euros pour une « Kijan » 6 places, nous avons fait une affaire). Les Suzuki et autres 4×4 de frime sont à proscrire car ce sont des tape- culs étroits et tout juste bons à pavaner en front de mer ; il est impossible d’y rentrer un fauteuil en plus des bagages, et de toute façon si vous roulez un peu vous comprendrez vite qu’il vaut mieux avoir une voiture confortable vu l’état des routes. Si le coeur vous en dit, vous pourrez aller manger des sushis et des sashimis au « Goa », le lieu branché qui se transforme en boite sur le tard et où vous pourrez rencontrer, en plus des incontournables figures de la frime, tout un aréopage de belles de nuit… qui sont parfois des mecs. Vous n’aurez jamais assez d’yeux pour voir les trésors que recèlent les innombrables boutiques, tissus, batiks, bijoux, artisanat, mode, copies, etc. Rappelez-vous que le sésame pour ne pas se faire trop arnaquer reste, comme partout, le sourire et la politesse. Apprenez quelques mots d’Indonésien, c’est hyper facile, de plus presque tout le monde baragouine en anglais alors soyez aimables et naturels, c’est toujours payant. Ce sera d’autant plus facile que notre pouvoir d’achat est au moins vingt- cinq fois supérieur à celui de l’Indonésien moyen qui gagne environ 30 euros par mois. Alors cool, prenez votre temps, ne vous énervez pas, ça ne changera pas grand chose. Faites gaffe au change et préférez la carte bleue, c’est plus sûr que les prestidigitateurs aux taux mirobolants qui font disparaître vos billets au fur et à mesure qu’ils les recomptent sous vos yeux. Faut dire que pour 150 euros vous n’aurez pas loin d’un million cinq cent mille roupies indonésiennes, ça fait quelques billets !

Sachant cela, il devient plus aisé de se faire aider par ces personnes qui sont plutôt amènes par nature et pour qui seul le présent compte réellement. Les coups de main dans la rue ne posent que le problème de la compétence à expliquer son besoin et si vous avez de l’humour ça peut aller. On commence à voir des enfants mendiants mais c’est un phénomène nouveau lié à la crise monétaire qui frappe ce pays (+ 300% d’inflation en un an). Je vous conseille de leur acheter quelque chose à manger au lieu de leur donner de l’argent qui sera racketté par les parents.

Une dernière « Bintang » (bière locale) devant le coucher de soleil sur les vagues de l’océan Indien et les surfeurs d’opérette qui barbotent en attendant le spot d’enfer, une salade d’avocats et du poisson ou simplement un « nasi- goreng » (riz sauté aux légumes très bon et pas cher) et il sera temps de refaire les sacs…

Prenons à présent la voiture, direction Candi Dassa : suivez le guide !« …

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