Céline Gerny aime les chevaux. Pourtant, c’est à l’un d’eux qu’elle doit la chute qui l’a rendue paraplégique, alors qu’elle avait 19 ans. Mais elle n’a pas abandonné, remontant sur un poney aussi vite qu’elle le put. Née à Rethel il y a 28 ans, elle a débuté très tôt l’équitation : « Je l’ai découverte à l’âge de six ans, grâce aux tickets sport qui permettent d’essayer gratuitement une activité durant un trimestre ». Elle pratique le dressage, seule discipline reconnue en compétition internationale handisport, dans laquelle elle est classée meilleure française (depuis 2005), troisième européenne et quatrième mondiale. Avant son accident, elle pratiquait en concours complet : « J’ai un niveau supérieur d’avant mon accident. J’arrive à avoir plus de propulsion du cheval, de maîtrise de l’animal, de tenue, d’amplitude de pas ».

Ses objectifs sportifs, le championnat d’Europe en 2011 et les Jeux Paralympiques de Londres 2012, pour lesquels elle s’est estime bien partie. Actuellement, son cheval de compétition, Ilico du Clotobie, se remet d’une entorse, et elle espère qu’il sera à nouveau performant dans quelques semaines afin de pouvoir reprendre l’entraînement : elle ne dispose pas d’un cheval de remplacement. Parce que l’équitation en compétition représente un budget important, 35.000€ pour l’année qu’elle parvient à couvrir grâce au soutien du département des Ardennes, de la région Champagne-Ardenne et de la ville de Reims. Mais il lui manque des sponsors privés, ce qui lui permettrait d’acquérir un second cheval : « Si j’avais deux chevaux, j’obtiendrais mieux qu’une quatrième place. Pour le dernier mondial, j’ai été dépanné par mon entraîneur qui m’a prêté l’un de ses chevaux, Bo VB, j’ai fini quatrième. Avec davantage de moyens, j’aurais fait mieux ».

Active, Céline Gerny enseigne dans une école maternelle proche de son village : « Ça se passe bien avec les enfants et les parents. Au début, j’avais quelques craintes, mais les petits m’écoutent et il n’y a eu aucune appréhension de la part des parents. Parce que je suis connue, grâce à mon sport. Je passe toute la journée à l’école, j’y déjeune, et c’est en fin d’après-midi que je fais de l’équitation. ». Bien que bénéficiant d’un contrat de sportif de haut niveau, Céline Gerny a constaté que l’Education Nationale en avait une interprétation toute particulière : « Normalement, je suis libéré 10 jours dans l’année, mais en 2009, l’Education Nationale ne voulait pas payer ces journées d’absence sportive. C’est le Recteur d’Académie qui a finalement inversé la décision qui m’obligeait à prendre des congés sans solde. Travailler pour la France génère davantage de problèmes que dans le secteur privé », s’amuse-t-elle.

Elle habite à quelques kilomètres de Rethel, et aménage avec son compagnon la maison qu’ils ont acquis à une poignée de kilomètres du nouveau symbole du département des Ardennes, le plus gros sanglier du monde, Woinic : « Tout est de plain-pied dans mon village, il n’y a pas de trottoir, tout est facile. Alors que la ville est moins pratique, bien que j’y ai mes adresses. Mais trouver un logement accessible et adapté à Charleville-Mézières ne doit pas être facile ». D’autant qu’habiter à la campagne a permis à Céline Gerny d’aménager une écurie proche de sa maison pour y soigner son cheval, en s’endettant pour la construire. Servir la France est à ce prix.

Laurent Lejard, janvier 2011.

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