On se représente habituellement le surf comme un sport d’équilibre pratiqué par des beaux gosses blonds vaguement marginaux et plutôt machos : fin du cliché, aujourd’hui la plupart des personnes handicapées peuvent dompter la mer et chercher leur vague ! Pour développer cette pratique adaptée, la Fédération Française de Surf a créé une commission Surf et handicaps à laquelle participe la Fédération Française de Sport Adapté (F.F.S.A) et la Fédération Française Handisport (F.F.H). « On travaille beaucoup, et bien, avec les personnes handicapées mentales, explique Céline Lagarde, chargé du développement Surf et handicaps. Les personnes handicapées motrices ont encore un peu de mal à s’intéresser à notre sport ».

L’activité est adaptée aux aptitudes fonctionnelles du surfeur. Tout d’abord, l’encadrement par des animateurs sportifs varie en fonction du degré de déficience : pour un tétraplégique, deux voire trois personnes vont aider à la mise à l’eau, à l’installation sur la planche, à la mise en place pour prendre la vague, à la propulsion pour mieux en profiter, etc. « On travaille dans l’esprit de la compensation de la situation de handicap, précise Céline Lagarde. On accompagne chacun, avec un ou deux animateurs par handisurfeur. Les personnes handicapées peuvent surfer allongées, à genoux ou debout, selon leur capacité ».

La planche utilisée est un Benboard. Plus courte et plus large qu’un Longboard, elle a une excellente stabilité assurée par un carénage dérivé du catamaran et deux dérives; le surfeur s’y maintient au moyen d’une poignée souple, il n’est pas sanglé dessus, il conserve la possibilité de bouger pour manoeuvrer la planche.  » La plupart des personnes handicapées motrices peuvent pratiquer, estime Céline Lagarde, qu’elles soient tétraplégiques, paraplégiques, hémiplégiques, spastiques. Il faut simplement pouvoir se maintenir sur le Benboard, et on l’adapte aux capacités du surfeur : par exemple, on a placé un coussinet sous le menton d’un tétraplégique pour que son visage ne reste pas immergé, on était deux pour l’encadrer, pousser la planche, et il a pris et surfé une grande vague, le bonheur ! ».

Actuellement, une quinzaine de clubs accueillent des handisurfeurs, et la Fédération Française de Surf incite les autres à répondre à une demande qui prend de l’importance. Bien évidemment, l’accessibilité du spot de surf est essentielle, et sa sélection également : il est choisi en fonction des conditions météorologiques et des conditions de marée, pour ne pas envoyer un handisurfeur débutant sur des vagues trop fortes pour lui. Les fonds rocheux sont plutôt déconseillés, le port d’une combinaison thermique et de chaussons fortement recommandé pour éviter l’hypothermie. Comme toutes les activités sportives au contact de l’eau, les personnes sous assistance respiratoire ou intubées ne peuvent malheureusement pas faire du handisurf.

La pratique ne demande pas, pour le surfeur, d’investissement particulier, les clubs sont conseillés par leur Fédération pour qu’ils s’équipent et obtiennent le financement des matériels adaptés (Benboard, Tiralo) et de la mise en accessibilité des locaux. Il ne vous reste donc plus qu’à aller chercher votre vague sur les spots de Métropole et d’Outremer !

Jacques Vernes, mai 2008.

Renseignements : Fédération Française de Surf, Commission Surf et Handicaps, Impasse de la Digue Nord, BP 28, 40150 Hossegor. Tél. 05 58 43 55 88.

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