Fondée à l’époque romaine, l’antique Divio (dont nous présentions en 2003 ce parcours toujours d’actualité) a lié sa fortune, au Moyen-Âge, à celle du duché de Bourgogne dont elle fut la capitale. Un âge aussi doré que l’ordre chevaleresque créé en 1430 par Philippe le Bon, et dont subsistent de nombreux témoignages qui font la fierté des habitants et le bonheur des touristes. Peu abîmée par les guerres, la ville a conservé intacte la majeure partie de son patrimoine, qu’une piétonisation longtemps espérée permet aujourd’hui de découvrir en toute quiétude et (presque) toute accessibilité. Tous les chantiers ne sont en effet pas terminés : si le tramway, renaissance ultramoderne d’un lointain ancêtre exploité des années 1890 aux années 1960, accueille sans distinctions usagers valides et handicapés, quelques rues du centre ancien attendent encore leur aménagement et l’emblématique musée des Beaux-Arts, l’un des plus importants de France après Paris, a entamé une réorganisation globale de ses bâtiments, par tranches, qui devrait durer encore plusieurs années.

Point positif, l’accessibilité à tous les publics (et donc tous les handicaps) sera optimale. En attendant, il faudra se contenter d’un accès cahoteux et aléatoire aux oeuvres, dont les principales sont néanmoins rassemblées dans les parties ouvertes à la visite, ce qui, eu égard à leur richesse, compense amplement le désagrément. Des découvertes « les yeux fermés » sont en outre régulièrement proposées aux déficients visuels (mais ouvertes à tous les publics), y compris pour les expositions temporaires. Renseignements et réservations au 03 80 74 52 09 ou par mél.

À quelques pas de là dans le vieux Dijon, le splendide musée Magnin, installé dans l’hôtel particulier des collectionneurs qui en sont à l’origine (et qui ont légué le bâtiment et son contenu, tableaux, sculptures et mobiiler, à l’État en 1938), présente hélas une accessibilité très limitée pour les visiteurs en fauteuil roulant, cantonnés à quelques pièces du rez-de-chaussée sans espoir d’amélioration avant plusieurs années. Mais les concerts donnés en saison dans la belle cour pavée du XVIIIe siècle sont accessibles de plain-pied. Les visiteurs déficients sensoriels peuvent en revanche s’estimer mieux servis puisqu’ils disposent d’audioguides descriptifs et de visioguides en Langue des Signes Française leur permettant de découvrir ces lieux assez uniques en leur genre sur lesquels plane encore l’ombre bienveillante et raffinée des anciens propriétaires… Renseignements au 03 80 67 11 10 ou par mél.

En bordure du centre ancien, le musée de la vie bourguignonne Perrin de Puycousin a trouvé asile dans l’ancien monastère des Bernardines. Constitué, à l’instar du musée Magnin, à partir d’une collection privée (ouverte au public, dans un autre bâtiment, durant les années 1930 et enrichie depuis), il correspond à ce que l’on appellerait aujourd’hui un musée ethnographique. En la matière, la Bourgogne est plutôt riche! Outre une émouvante partie dédiée aux costumes ainsi qu’aux us et coutumes régionaux, les espaces muséographiques, aisément accessibles et à bonne hauteur pour les utilisateurs de fauteuils roulants, présentent les métiers, outils et savoir-faire bourguignons.

Rarissime en France, un étage entier rassemble les devantures et intérieurs préservés et restaurés de plusieurs commerces dijonnais sauvés de la destruction: un véritable voyage dans le temps que complètent régulièrement des expositions temporaires. Des visites adaptées aux visiteurs déficients sensoriels sont organisées sur place et au musée d’Art Sacré attenant ainsi qu’au passionnant musée archéologique rue docteur Maret (les deux, hélas, toujours inaccessibles en fauteuil roulant). Renseignements au 03 80 48 80 90 et par mél.

Côté art contemporain, le Consortium est installé depuis quelques années en périphérie du centre ville dans une ancienne usine de liqueur de cassis conçue dans un style élégant et immaculé (post) Bauhaus par un architecte allemand prisonnier de guerre. Drôle de destin pour le bâtiment comme pour son créateur ! Les lieux, augmentés en 2011 de vastes espaces accessibles de plain-pied et d’une étonnante plate-forme élévatrice-librairie, hébergent désormais des expositions collectives ou monographiques avec des oeuvres provenant d’autres collections, de galeries ou produites pour l’occasion, ainsi que des spectacles (en sous-sol, accessible par ascenseur), entre autres activités promues par le Consortium. Rien, en revanche, n’est actuellement proposé au public déficient sensoriel mais les médiateurs ne refusent évidemment personne lors des visites guidées ! La relative difficulté d’appréhension de certaines oeuvres rend d’ailleurs bien utile, sinon indispensable, l’appui de ces médiateurs pour une meilleure approche d’un art résolument de son temps, le nôtre ! Renseignements complémentaires en suivant ce lien. Stationnement possible au plus près de l’entrée pour les véhicules arborant la carte européenne de stationnement.

Jardin des Sciences de Dijon.

Plus consensuel, à l’autre bout de la ville près de la gare, le Jardin des Sciences rassemble en un même lieu un muséum d’histoire naturelle, un planétarium et un jardin botanique. Le premier raconte l’histoire de la région des (lointaines) origines à nos jours, grâce à une muséographie ludique et interactive qui sait parler aux petits comme aux grands… mais pas aux visiteurs déficients visuels. Si l’accueil du public handicapé moteur ne pose aucun problème (les lieux sont de facture récente) ce n’est hélas pas le cas pour les visiteurs sourds ou aveugles, auxquels il n’est guère offert qu’un accueil facilité par les médiateurs lors des visites de groupe. Idem au planétarium, où deux espaces sont néanmoins réservés aux fauteuils roulants.

Il en va heureusement tout autrement au poétique jardin botanique, agrémenté de sculptures, où un parcours audioguidé complété de panneaux braille a été récemment inauguré à destination des promeneurs déficients visuels, qui peuvent découvrir en toute autonomie quelques arbres remarquables de l’endroit. Renseignements complémentaires au 03 80 48 82 00 ou par mél.

Côté spectacle vivant, Dijon n’a rien à envier à d’autres capitales régionales, et l’accessibilité y est particulièrement remarquable pour le public déficient visuel (les Sourds signants ne sont en revanche guère à la fête). Ainsi en va-t-il de l’Auditorium de l’opéra de Dijon, salle futuriste inaugurée en 1998 dont les deux principaux spectacles annuels sont audiodécrits. Demi-tarif pour les spectateurs handicapés et un accompagnateur, renseignements au 03 80 48 82 69 ou 03 80 48 82 76. Les spectateurs en fauteuil roulant disposent quant à eux d’un emplacement « royal » sur les côtés du niveau médian de la salle. Cerise sur le gâteau, le tramway s’arrête juste devant l’entrée ! En revanche, rien à espérer pour l’instant au Grand Théâtre, autre scène dépendant de l’Opéra de Dijon, dont la volée de marches reste rédhibitoire.

Le même problème se pose au Parvis Saint-Jean, ancienne église gothique transformée en salle de spectacles atypique du Théâtre Dijon Bourgogne (TDB), où l’accès aux spectateurs handicapés moteurs se fait par… portage au sommet des escaliers ! L’attention (et les muscles) du personnel permettent, en attendant mieux, de jouir des spectacles d’excellente qualité qui sont donnés dans cette salle. Placement des fauteuils roulants au premier rang. Les spectateurs handicapés visuels sont, une fois encore, mieux servis côté accessibilité puisque le TDB leur propose l’audiodescription d’un ou deux spectacles dans l’année. Consultez cette page ou téléphonez au 06 29 66 51 11. Stationnements réservés à proximité, repas convivial possible sur place.

Achevons ce rapide tour d’horizon par le Zénith, immense salle de spectacles implantée à la périphérie nord de la ville, à proximité du centre commercial de la Toison d’Or, desservie par le tramway. Troisième en France par la capacité, il accueille les « grosses machines » et rameute du public parfois de très loin. Une fois n’est pas coutume, l’accessibilité aux spectateurs handicapés moteurs est ici bien meilleure que celle offerte aux déficients visuels, même si un accueil VIP avec entrée particulière est assuré pour tous les publics « à besoins spécifiques » : appréciable les soirs d’affluence ! Vaste aire de stationnement réservé, nombreux emplacements fauteuils roulants dans la salle, toilettes adaptées, petite restauration possible sur place, billetterie préférentielle au 03 80 72 21 21 ou en appelant le numéro spécial figurant sur chaque fiche spectacle de l’agenda en ligne.

On le constate : pour ce qui est de l’accessibilité culturelle comme du reste, les Dijonnais sont vraiment gâtés ! Des visites et activités adaptées ont même été organisées récemment pour la deuxième fois dans l’ensemble des musées municipaux dans le cadre d’une « opération culture accessible » chapeautée par le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS). Lequel, hélas, ne communique qu’en la seule direction d’un réseau d’associations locales et de personnes ciblées, sans diffusion des (trop ?) précieuses informations qu’il concentre au reste du public handicapé. Une « rétention » difficile à comprendre et dont on espère qu’elle ne durera pas : Dijon est en pointe au niveau culturel, il faut que chacun, Dijonnais ou non, le sache et puisse en profiter !

Laurent Lejard, décembre 2012.

Post-scriptum du 4 janvier 2013 : la ville de Dijon vient de placer sur son site Internet en rubrique Festivals le dépliant présentant l’Opération culture accessible de l’hiver 2013, document PDF téléchargeable dont les informations ne sont hélas pas dispatchées dans les rubriques d’informations pratiques des musées et salles de spectacle, qui n’exposent toujours pas ce qu’ils offrent aux visiteurs handicapés…

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